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4 novembre 2015 3 04 /11 /novembre /2015 16:36

     En 2010, à l'issue de difficiles négociations, un accord était intervenu pour constituer une liste commune aux partis de Front de Gauche d'alors (PCF, Parti de Gauche, Gauche Unitaire, FASE), au NPA et aux Alternatifs. Cette liste s'opposait clairement au projet de nouvel aéroport à Notre Dame des Landes et se prononçait pour une fusion technique avec la liste PS et la liste des Verts au second tour. 

 

     Ce n'était pas acquis d'avance car la direction régionale du PCF ainsi que les responsables des fédérations PCF de Loire-Atlantique, du Maine et Loire et de la Mayenne étaient favorables à la reconduction d'une alliance avec la PS dès le premier tour et pour l'aéroport de Notre Dame des Landes. Cependant les militants ne l'entendaient pas ainsi : le texte, favorable au Front de Gauche, présenté par les fédérations de la Sarthe et de la Vendée, recevait un bon écho de la part de militants des 3 autres fédérations ce qui fit que l'option Front de Gauche l'emporta. Mais, car il y a un mais, les responsables désavoués refusèrent le vote des adhérents et plusieurs d'entre eux figurèrent sur la liste PS (ils ont eu 5 élus) sous le nom de communistes, créant aisni la confusion auprès de l'électorat d'autant que la direction nationale ne fit pas les efforts nécessaires en faveur de la liste "légitime". De son côté, la fédération de Vendée du NPA refusa l'accord mais ne rallia pas une autre liste. 

 

     Le résultat fut décevant, en grande partie à cause de cette division du PCF. Il manqua une poignée de voix pour que la liste atteigne les 5%

 

     En 2015, la situation de départ était différente. En effet, le PCF a voté une résolution au plan national invitant les fédérations à constituer des listes autonomes vis à vis du PS au premier tour. Politique ratifiée largement par les communistes des Pays de la Loire. Par ailleurs, les partisans d'une alliance avec le PS au sein d'EE-LV ayant quitté le parti écologique, il devenait possible de constituer une liste large ouverte à des collectifs locaux et à des militants non encartés. 

 

     Malheureusement, cela n'a pas été possible. Les Verts font bande à part et le PCF anime une liste réduite quasiment à lui-même bien qu'elle utilise plutôt abusivement l'étiquette FdG. 

 

     Vous trouverez ci-dessous : 

 

          - Un article rédigé par Ensemble ! de Loire Atlantique à la fin octobre (1)

 

          - Le texte lu au nom d'Ensemble ! 72 lors d'une réunion du FdG Sarthe le 3 novembre (2)

 

  PREMIER TEXTE

 

 Faute d'un accord entre les partis du Front de Gauche, Ensemble ! ne sera pas représenté lors des élections régionales en Pays de la Loire. C'est un échec, qui n'avait pourtant rien d'inéluctable.

Pour Ensemble !, il est essentiel de construire l’unité de celles et ceux qui, à gauche, rejettent l’action gouvernementale et se prononcent pour une politique sociale et écologique au service des travailleuses et des travailleurs et de l’environnement. Cette orientation suppose une indépendance totale vis-à-vis du PS, dont la politique mise en oeuvre au gouvernement - et soutenue par ses élu-es et représentant-es locaux et régionaux - est largement responsable du désastre actuel, tant au 1er qu’au second tour.

C’est pourquoi, dès le mois de juin, nous avions proposé que les partis du Front de Gauche (PG, PCF et Ensemble!) et EELV se rencontrent pour envisager la présentation d'une liste commune à ces élections régionales. Tous l'ayant accepté, ces réunions ont permis que s'exprime une volonté unitaire réelle. Avec des avancées possibles sur les questions écologiques, sociales et démocratiques, y compris sur la question d'un nouvel aéroport à Notre Dame des Landes, où se singularisent toujours, par leur soutien au projet, les actuels élus régionaux du PCF avec leurs directions fédérales de Loire Atlantique et du Maine et Loire.

Dès le départ, nous avons également insisté pour que les collectifs citoyens (qui, notamment en Loire Atlantique, ont obtenu des scores significatifs aux élections départementales) soient parties prenantes du processus unitaire et participent aux réunions unitaires.

Malheureusement, cet espoir de construire une large liste unitaire à la gauche du PS s'est heurté au vote majoritaire de la direction régionale d'EELV, qui, par 64% contre 36%, a décidé de se présenter de façon autonome, considérant qu'une l’alliance avec le FDG (pour elle, essentiellement le PCF) lui ferait perdre des voix sur sa droite.

Pour Ensemble !, malgré leur échec, ces discussions n'ont pas été inutiles et devraient favoriser des convergences et rapprochements pour construire des mobilisations, comme c'est le cas pour la COP 21 en Sarthe et en Loire Atlantique.

EELV ayant choisi l'isolement, la nécessité d’une liste Front de Gauche, largement ouverte à toutes celles et ceux qui refusent l'austérité gouvernementale, s'imposait. Le vote massif des militantEs du PCF en faveur d’une telle liste anti-austérité, alternative à celle du PS, à plus de 80% des voix confirmait que c'était possible.

Et pourtant, l'accord souhaité s'est fracassé principalement sur la question de Notre Dame des Landes, après que le PCF soit revenu sur certaines avancées réalisées lors des discussions avec EELV.

Nous avions, dans un premier temps, indiqué deux conditions : l’exigence du maintien et de la modernisation de l’actuel site aéroportuaire de Nantes-Atlantique, avec les milliers d’emplois au sud-Loire qui y sont liés, et l’opposition à toute expulsion et intervention policière à Notre Dame des Landes.

Face au blocage, nous avons alors proposé que l’accord se fasse autour du refus de toute intervention policière et l'opposition à tout début des travaux tant que tous les recours ne sont pas épuisés et de l’exigence d’un moratoire permettant une complète remise à plat du dossier.

Une fois de plus, nous n’avons pas été entendus. Pire, la décision d’accorder la seconde place sur la liste départementale de Loire Atlantique au secrétaire fédéral du MRC, chantre s'il en est d'un passage en force pour imposer un nouvel aéroport, a été la goutte d'eau : ni le Parti de Gauche, ni Ensemble !, pleinement engagés dans la lutte contre ce grand projet inutile et nuisible, ne pouvaient accepter qu'une liste départementale en Loire Atlantique soit conduite par un binôme pro-aéroport. Le blocage était inévitable car, soulignons-le une nouvelle fois, pour nous Notre-Dame-des-Landes n'est pas une lutte "écolo" mais un véritable choix de société que nous rejetons tant sur le plan social qu'écologique.

A la dernière minute, le PCF est revenu sur le binôme PCF/MRC pour proposer la seconde et la cinquième place de la liste départementale 44 à Ensemble ! et au Parti de Gauche, le MRC occupant alors le 3ème et le PCF la 4ème, mais il a refusé de poursuivre les discussions sur Notre-Dame-des-Landes et sur la question du second tour.

Il n'y aura donc pas de liste du Front de Gauche en Pays de la Loire, celle, commune du PCF et du MRC, n'en étant pas même un ersatz. Cette absence rendra évidemment plus difficile l’expression dans les urnes du rejet de la politique de Hollande - Valls et Macron et de la nécessité d'une alternative de gauche et écologiste pour la Région.

Au delà donc des régionales et même si l'échec d'aujourd'hui rend la tâche encore plus difficile, c'est bien à rassembler que nous continuerons de travailler : rassembler partis, mouvements et collectifs citoyens, et toutes celles et tous ceux qui s'opposent à la politique sociale libérale du gouvernement et refusent le retour de la droite et de l'extrême-droite. Pour peser dans les luttes et dans les urnes et aussi pour construire une force nouvelle porteuse de rupture avec la logique infernale de réduction des dépenses publiques, de destruction des acquis sociaux, de soumission à la finance comme à la Troïka.

Comme l’a écrit Clémentine Autain, notre porte-parole : « Cette force ne peut se bâtir autour d’un parti mais doit être le fruit d’une mise en commun inédite associant les courants politiques du Front de gauche, d’EE-LV, de la gauche du PS, du NPA, mais aussi des mouvements sociaux, des personnalités intellectuelles et culturelles. Elle doit s’ouvrir franchement aux citoyennes et citoyens. Elle doit répondre au profond besoin de renouvellement des pratiques politiques comme des visages qui l’incarnent ».

Tout reste à faire pour y parvenir".

 

SECOND TEXTE

 

 

 "Disons d’abord et avant tout que face à la crise économique, sociale et écologique à laquelle les Français sont confrontés, face à un PS qui est décidé à liquider la gauche - toute la gauche - face à une droite revancharde et surtout face à un FN qui menace sérieusement de gagner deux régions emblématiques, le Nord Pas de Calais- Picardie et PACA , notre absence du débat régional est un cadeau au PS, un cadeau au FN, et un nouveau coup porté au FDG après ceux des municipales, une contribution de plus à la désespérance du peuple de gauche.

Disons ensuite que sur la Sarthe, dans cette catastrophe, nous avons la possibilité et donc le devoir de sauvegarder et d’approfondir ce que nous faisons en tant que FDG depuis des années puisque les militant-e-s du PCF72 se sont battus pour une liste du FDG commune.

Rappelons enfin, pour démontrer l’inacceptable de la situation, que si EELV avait validé l’accord pour le rassemblement, que nous avions tous accepté, le 30 sept., nous serions aujourd’hui, tous ensemble sur une liste, avec une position acceptable par tous sur NDDL et ne tranchant rien à l’avance sur le second tour.

Si ce n’est pas le cas c’est bien sûr d’abord par le refus de EELV, non pas sur le programme mais sur un refus politique, pour ne pas aggraver la crise qui les déchire. Ne négligeons donc pas l’acquis de ces négociations qui nous ont permis de tisser des liens avec celles et ceux (35%) qui à EELV souhaitait cet accord (Elen, Alexis…). Nous les retrouverons très vite.

C’est ensuite parce que les directions du PCF de Loire Atlantique et du Maine et Loire ont alors reculé tant sur NDDL que sur le second tour. Et cela malgré les positions de la Vendée et de la Sarthe. Certes ne nous le cachons pas la responsabilité d’Ensemble ! régional et du PG sont aussi engagées. Parce que nous étions confrontés dans le 44 à des militant-e-s "vent debout" à priori contre un accord, nous avons tergiversé, brouillé les messages, ce qui a permis à ceux qui en réalité ne voulaient pas de cet accord, contre le vote de 90% de leurs adhérent-es, de multiplier les obstacles, de cultiver les défiances, de creuser les fossés.

Non seulement, ils ont reculé donc sur le programme mais encore ils ont accumulé les humiliations pour les autres composantes du FDG. 5 tête de liste PCF (au nom du rayonnement !!!), puis promotion du MRC dont chacun sait qu’il ne pèse rien, avec cerise sur le gâteau, dans le 44, là où nos militant-e-s étaient les plus réticent-e-s le camouflet d’un quatuor PCF, MRC, Ensemble ! PCF. Tout cela pour finir sur un refus méprisant de "grande puissance" de discuter "c’est à prendre ou à laisser". Le petit recul ultérieur ne pouvait plus convaincre.

Normal pour eux le FDG n’est qu’une "option". Ils ne pratiquent pas le FDG sur leur département. Les militant-e-s du FDG en 44 et 49 sont des adversaires depuis toutes ces années à chaque élection.

Alors disons le clairement, cette liste est une liste PCF/MRC pro NDDL, pro PS qui ne mérite pas que l’on s’y arrête.

Mais c’est le choix de l’appareil du 44 et du 49 pas celui du PCF72, ni du 85. Parce qu’ils font le pari que faute de mieux l’électorat suivra ! C’est pourquoi même si nous savons bien que cela va laisser des traces et affaiblir encore une fois le FDG dans l’électorat, nourrir un peu plus le "désenchantement" nous devons poursuivre au delà de ces élections notre combat commun..."


 

 

 

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4 juillet 2015 6 04 /07 /juillet /2015 21:19

    Un appel a été lancé dans les Pays de la Loire en vue de constituer une liste citoyenne pour les élections régionales de décembre. Je suis un des signataires (mais mon patronyme a été mal écrit). Je vous invite à lire ce texte, à le diffuser autour de vous, à le signer et à participer aux actions envisagées. 

 

 

Élections régionales :

Appel à s’unir sans attendre, pour redonner élan et espoir à toutes celles et ceux qui ne se résignent pas à la situation actuelle.

 

Pour une alternative de gauche et écologiste dans les Pays de Loire.

Reconstruire la politique : Urgent, désirable et possible.

En Pays de la Loire, nous y sommes prêts !

 

Nous y sommes prêts parce qu’il importe de créer une alternative aux politiques d’austérité favorables au grand patronat menées par le gouvernement PS. Ces politiques pèsent sur les citoyens et citoyennes. Elles développent le chômage et la précarité et étranglent les territoires dans lesquels nous vivons,

 

Nous y sommes prêts parce que nous en avons assez de voir la politique libérale actuelle nous priver petit à petit des services publics indispensables pour bien vivre et travailler au pays,

 

Nous y sommes prêts parce que l’eau, l’air, les sols, le climat, notre patrimoine commun, sont progressivement transformés en marchandises, confiés au privé et détruits avec la complicité active des “ grands dirigeants ” comme à Notre Dame des Landes.

 

Nous y sommes prêts parce que nous sommes inquiets de voir le repli sur soi et les racismes se développer sur le terreau de la misère sociale et du chômage ; nous sommes inquiets du boulevard qu’ouvrent ces politiques délétères à la droite et au FN, mais fermement convaincus que la réponse au “ tous pourris ”, c’est l’engagement citoyen.

 

Nous, signataires de cet appel, avons décidé de prendre l’initiative pour dire l’urgence et notre disponibilité à créer une dynamique de rassemblement à gauche, écologiste et citoyenne, à vocation majoritaire. 

 

Nous déclarons qu’il est urgent, désirable et possible de construire cette dynamique à l’échelle régionale en Pays de la Loire.

 

Ensemble, nous sommes prêt-e-s à construire un projet de transformation sociale et écologique ancré résolument à gauche pour « changer la vie » pour de bon, enfin !

 

Mobilisons les énergies et les ressources régionales pour créer des activités et des emplois utiles et relocalisés, partager les richesses et le temps autrement, développer la coopération plutôt que la concurrence et la prédation des ressources naturelles, avancer vers un projet de société différent.

 

Nous nous retrouvons déjà sur de nombreuses luttes communes, nous partageons le même désir de vie heureuse pour tous et toutes, les mêmes valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité, les mêmes objectifs de réappropriation citoyenne et de justice sociale, la même urgence à mener la transition écologique.

 

Nous appelons donc tous les citoyens et toutes les citoyennes, collectifs, réseaux, syndicalistes, quartiers, militants, associatifs et élu-e-s des différentes collectivités de la Région qui partagent ces objectifs, à s’unir sans attendre, pour redonner élan et espoir à toutes celles et ceux qui ne se résignent pas à la situation actuelle.

 

Nous sommes disponibles pour lancer et participer à cette dynamique de rassemblement, seule à même de bloquer le retour de la droite dans notre région, en proposant une alternative crédible à la politique libérale et d’austérité menée par le PS au gouvernement.

 

Les prochaines échéances régionales, fin 2015, doivent être l’occasion de regrouper les nombreux collectifs citoyens actifs sur le territoire, Europe Ecologie Les Verts, le Front de Gauche, Nouvelle Donne, NPA.

 

Enrichissons nous de nos différences, loin des jeux d’appareil et sans renier nos appartenances diverses. Rassemblons-nous ! 

 

http://alternativepaysdelaloire.fr/

 

Pour signer :

 

Nom :........................... Prénom.......................

Ville .......................................... Activité :...................................... Mèl................................................................

 
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3 avril 2015 5 03 /04 /avril /2015 14:55

Depuis dimanche soir, les commentaires n’ont pas manqué. La France vire à droite, la désunion a fait perdre la gauche… Regards sur l’évolution entre les deux tours, chiffres à l’appui.


1. La gauche était éliminée au premier tour dans près de 600 cantons métropolitains, souvent de justesse. Dans un tiers de ces cantons, le total des voix de gauche dépasse mathématiquement celui de la droite parlementaire ou du Front national au premier tour. Sur le papier, ces 200 cantons auraient pu avoir un duel gauche/ droite ou gauche / extrême droite. Mais rien ne dit que le regroupement sur un seul binôme aurait permis de mobiliser l’ensemble des électorats potentiels de chaque formation. En outre, dans près de 165 cas, le total des voix de droite dépasse les 60 % et dans près de 90 cas il est au-dessus de 65 %, ce qui rendait la victoire quasi impossible au second tour. Dans quelques cas (Forbach, Anzin, Calais 3), le FN est autour de 40 % au premier tour et la droite parlementaire l’emporte de justesse au second ; rien ne dit que le binôme socialiste aurait été en mesure de gagner les sièges dans ces conditions.


La référence à l’union et à la désunion comme explication de la défaite est bien formelle : le problème n’est pas que la gauche se trouve ou ne se trouve pas en rangs dispersés, il tient plutôt à ce que la gauche tout entière ne parvient à mobiliser qu’un modeste tiers des électeurs du canton.


2. Nicolas Sarkozy se réjouit bruyamment des résultats de la droite parlementaire. Il n’a pas tort. Pourtant, la réalité est un peu plus complexe qu’il ne l’affirme. Si l’on raisonne sur l’ensemble des cantons, la droite sarkoziste et ses alliés gagnent environ 1,4 millions de voix entre les deux tours (9,2 %). Les candidats UMP étaient aussi souvent opposés à des candidats de gauche qu’à des candidats du FN. Or ils gagnent davantage dans les cantons face au FN (+1,2 million) que face à la gauche (+750.000 voix). Un bon motif de satisfaction tout de même : la droite parlementaire récupère la plus grande part du vote frontiste au second tour. Dans les cantons où le FN était éliminé, il avait recueilli 1,1 million de voix au premier tour soit 17,8 % : or ce pourcentage se répartit au second tour entre l’abstention (+1,4 %), le vote à gauche (+3,8 %) et le vote à droite (+14,9 %). Plus des deux tiers des électeurs frontistes se seraient donc portés sur un candidat de la droite parlementaire.


L’inverse n’est pas vrai. Dans les duels entre la gauche et le FN, alors que l’abstention recule (-1,4 %), le gain de voix en faveur du Front national n’est que de 268 000. La gauche elle progresse de 360.000. Les préventions de la droite classique à voter en faveur du FN se réduisent, mais le transfert de voix reste minoritaire.


3. Quant à la gauche, elle a plutôt bien mobilisé entre les deux tours. Au total, là où elle est présente, elle gagne 470.000 voix (+5,4 %) alors que la droite parlementaire n’y progresse que de 180.000 voix (+2,5 %). Mais la plus grande part des gains à gauche s’obtient dans les 302 cas de duel avec le FN, où le total de droite et de l’extrême droite perd un quart de son capital de voix du premier tour. Face au FN, la gauche a bénéficié à la fois d’un bon report à gauche, d’un léger sursaut de participation électorale (+1,4 % de votants) et de l’apport de voix venant de la droite parlementaire.


Face à cette seule droite parlementaire, le résultat de la gauche est moins brillant. Tandis que la droite progresse de 750.000 voix (+14,9 %), la gauche n’en gagne que moins de 65 000 (+3,8 %) et l’abstention augmente. Il en est de même dans les 255 triangulaires, où seule la droite parlementaire tire les marrons du feu : alors que la participation augmente de plus de 100.000 voix, elle gagne 130.000 voix et 3,5 %, tandis que la gauche progresse faiblement en voix (18.000) et recule en pourcentage (-1,2 %) et que le Front national marque le pas, en voix comme en pourcentages.


4. Le Front de gauche a bien tiré son épingle du jeu. Sur les 113 cantons où il figurait au second tour, il a bénéficié d’un bon surcroît de mobilisation à gauche (+90.000 voix et +8,7 % des exprimés), tandis que la droite et le Front national reculent (c’est même le seul cas où la droite parlementaire recule entre les deux tours). Le bon résultat s’explique bien sûr en partie par le fait que le FdG était dans 47 cas en situation de duel avec le FN qui a stimulé, comme partout, une forte mobilisation face au FN.

Il n’en est pas de même face à la seule droite parlementaire. Comme dans l’ensemble des cantons qui ont connu un duel gauche/droite parlementaire, l’abstention augmente (celle d’électeurs frontistes) et la droite progresse (14,4 %) davantage que la gauche (4,5 %).


5. Le rassemblement à gauche a donc bien fonctionné au second tour. Mais il n’a pas produit un élan suffisant pour inverser le cours des choses. Cela signifie que la gauche entre les deux tours parvient à regrouper, dans leur diversité, les électeurs qu’elle mobilise, mais elle ne mobilise pas ceux qui restent en marge, suffisamment pour battre la droite.


Ce constat renvoie à deux réalités différentes. Tout d’abord, si la gauche mobilise peu, ce n’est pas d’abord à cause de ses divisions. Elle n’attire pas, avant tout, parce que le parti gouvernemental développe une politique qui ne peut pas activer un vote à gauche : la réduction de la dette, la compétitivité et la gestion de "l’état de guerre" ne saurait entrainer un électorat qui reste structuré par les valeurs d’égalité, de solidarité et de service public. Bien au contraire, cette politique accroît le mécontentement et stimule le ressentiment dont bénéficie le Front national.


Mais, en second lieu, le problème est que "l’autre gauche" ne parvient pas à transformer le mécontentement voire la colère en mobilisation bien à gauche. Sans doute, le Front de gauche se sort avec les honneurs de la dernière consultation électorale. Mais il reste dans les niveaux modestes des consultations antérieures de même type. Il résiste, mais il ne progresse pas. Pourquoi n’y parvient-il pas ? La réponse à cette question devra se formuler dans la période à venir. Manifestement, le FdG souffre aujourd’hui encore d’une visibilité insuffisante, d’une cohérence limitée (sa polyphonie s’entend plus que sa symphonie) et d’une capacité faible à incarner une alternative visible, audible et crédible à la politique socialiste. La clarté critique vis-à-vis du PS recentré est nécessaire ; elle n’est pas suffisante, loin de là.


Dans sa forme classique amorcée dans les années 1960, la vieille union de la gauche fonctionne en partie pour sauver les meubles ; elle n’a plus de force propulsive pour de nouvelles conquêtes. Rêver de futures majorités à gauche est une chose ; s’imaginer qu’elles pourront se réaliser et triompher autour du PS actuel est une totale impasse.


Face au pseudo-tripartisme, la seule solution est de réactiver, autour des valeurs de l’égalité, de la liberté et de la fraternité-solidarité, le clivage qui, historiquement, s’est imposé sous la forme du gauche-droite. Toute autre hypothèse ne peut conduire qu’à la défaite, si ce n’est au désastre démocratique.


Roger Martelli. Publié sur le site de Regards.

http://www.regards.fr/web/article/departementales-retour-sur-la

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1 avril 2015 3 01 /04 /avril /2015 09:53

Après une nouvelle défaite pour la politique gouvernementale, construire un nouveau rassemblement populaire, pour une alternative de gauche, sociale et écologique !


Les élections départementales marquent une troisième défaite, après les élections municipales et européennes, pour le Parti Socialiste et les orientations mises en œuvre par F. Hollande et M. Valls. Cette politique du gouvernement plonge le pays dans l’austérité et le chômage, sans rupture avec celle que la droite menait précédemment. En mettant en œuvre une politique ouvertement pro patronale et au service de la finance, le gouvernement porte l’entière responsabilité d’une démobilisation de l’électorat populaire de 2012. On aurait tort de voir dans le maintien de l’abstention à un haut niveau le reflet de l’indifférence ou de la passivité, mais plutôt une manifestation de colère devant un comportement qui utilise le suffrage universel pour bafouer ce qu’il revendique.

 

La droite profite de cette situation, et enregistre une nette victoire en regagnant la majorité des départements. Elle radicalise son discours et ses actes, elle cherchera à imposer demain encore plus d’austérité et de précarité. Il faudra résister à ces nouvelles régressions qu’elle engagera dans les départements.

 

Surtout, le Front National s’enracine sur tout le territoire et capte un quart de l’électorat, même s’il fait élire moins de candidat-e-s qu’il ne le prétendait et ne réussit pas  à gagner un seul département. Il constitue un danger mortel pour la société française. Son programme vise à détruire les conquêtes sociales et démocratiques réalisées par le peuple de ce pays. Il vise à diviser, à opposer les un-e-s aux autres, à jouer sur les peurs, le racisme, le sexisme et l’homophobie.  Son histoire, ses soutiens, et la politique qu’il mène là où il dirige des collectivités le montrent : ce n’est pas un parti démocratique et il pratique les mêmes politiques que la droite contre les solidarités et les protections sociales.

 

Une partie de l’électorat de gauche s’est mobilisé quand il fallait, au second tour, empêcher l’élection de candidats du Front National. Mais M. Valls aurait tort d’y voir un soutien à sa politique : cette mobilisation contient un niveau d’exigence qui pousse au contraire à une autre politique, à l'opposée de celle de Manuel Valls, qui affirme, droit dans ses bottes, qu’il ne changera rien. La poursuite de cette politique ne peut mener qu’à un désastre supplémentaire.

 

Les résultats du Front de gauche et de la gauche alternative se sont sensiblement améliorés, au premier comme au second tour : 9,3 % pour les candidat-e-s Front de Gauche et 13,8 % pour les candidat-e-s commun-e-s Front de Gauche/EELV dans 448 cantons, ainsi qu’une résistance face à la droite et au FN des candidat-e-s du Front de gauche plus solide que celle des candidat-e-s socialistes qui défendaient la politique gouvernementale. Ces résultats sont un point de départ à consolider ; iIs montrent que des forces sont disponibles quand le Front de gauche s’engage vers un rassemblement plus large pour proposer une alternative à cette politique de renoncement.

 

A l’issue de ces élections, des voix se sont exprimées, au sein même du Parti Socialiste, pour contester la politique du gouvernement. Les différent-e-s représentant-e-s du Front de gauche se sont exprimé-e-s pour appeler à une nouvelle alliance, une nouvelle coalition, un nouveau rassemblement, de toutes les forces qui, à gauche, proposent une alternative à la politique de ce gouvernement. Il s’agit désormais de travailler aux contenus d’un rassemblement entre Front de Gauche, EELV, Nouvelle Donne et socialistes refusant l’actuelle impasse de la politique gouvernementale…

 

C’est l’objectif des Chantiers d’Espoir, qui, dès le 11 avril, se mettent en place pour construire la nouvelle dynamique populaire dont nous avons besoin. Allant plus loin que le nécessaire accord entre les forces politiques concernées, ces Chantiers doivent prendre la forme d’une démarche citoyenne et militante, rassemblant des personnalités, des citoyen-ne-s engagé-e-s dans les associations et les syndicats, dans les collectifs de lutte et de résistance. Dans toutes les localités, les forces disponibles peuvent converger et impulser des assemblées citoyennes.

 

Pour barrer la route au retour d’une droite radicalisée et en alliance avec  l’extrême droite, il faut offrir un projet alternatif, une volonté d’innovation, un espoir de changement. Et ce projet doit être en rupture avec la politique antisociale et les reculs écologiques et démocratiques du Président de la République et du Premier ministre. Cette alternative devra dégager des pistes cohérentes articulant des mesures concrètes avec un nouvel horizon, qui leur donne tout leur sens. Elle devra se nourrir des exigences issues du mouvement social, autour de grands axes répondant à l’urgence sociale et démocratique : faire sauter les verrous européens qui enferment dans l’austérité perpétuelle, augmenter les revenus et créer les emplois utiles sur le plan social et environnemental, instaurer un contrôle public sur la finance et ne pas laisser les actionnaires faire la loi, entreprendre enfin la transition écologique, engager la société vers une nouvelle étape d’égalité des droits et des solidarités, vers une profonde transformation des institutions pour plus de démocratie…

 

Il est possible et nécessaire de concrétiser ce nouveau rassemblement des forces de gauche et écologiste opposées à la politique de Valls, lors des prochaines élections régionales de la fin de l’année.


Dans l’immédiat, le rassemblement doit se faire entendre avec force en soutien aux actions engagées par les collectifs anti-austérité et les syndicats, notamment la journée de grève interprofessionnelle du 9 avril, contre la loi Macron. Cette loi est le meilleur exemple d’une politique qui préfère répondre aux attentes du Medef qu’aux exigences sociales de la population et en particulier des électeurs et des électrices de gauche, et qui provoque la catastrophe sociale et politique en cours. Il faut la mettre en échec, empêcher son adoption par la mobilisation sociale comme dans les votes aux assemblées. D’autant que quelques heures après la défaite de son parti, Manuel Valls a annoncé une aggravation supplémentaire des mesures qu’elle contient, en « déverrouillant les CDI » dans les PME et en assouplissant les règles qui autorisent la baisse des salaires ou l’augmentation des horaires de travail en échange d’un « non-licenciement » quand la situation de l’entreprise est « difficile »… Ce que la droite n’avait jamais osé, Macron et Valls le font.

 

C’est bien la nécessité et l’urgence d’une alternative de gauche que révèlent ces élections départementales, et c’est bien à la construction d’un nouveau rassemblement populaire qu’il faut s’atteler.

«  Ensemble ! », le mardi 31 mars 2015.

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26 mars 2015 4 26 /03 /mars /2015 17:58

     Il y avait 3 changements par rapport aux élections précédentes + 1 autre qui était passé inaperçu en 2011

 

     1° Les binômes

 

     Décidés dans le but avoué de réaliser la parité. But secondaire des socialistes : inciter les autres partis de gauche à s'unir avec eux dans la mesure où il y avait 4 places à pourvoir par canton au lieu de 2. D'ailleurs, la presse a repris le terme de "liste" qui laisse entendre une possibilité d'union plutôt que de binôme ou candidature.

 

     Résultats :

 

          * Beaucoup de sortants ne se représentent pas

          * Forte féminisation des conseils départementaux

          * Pression du PS auprès de ses concurrents de gauche pour qu'ils s'allient avec eux. D'ailleurs, leurs candidatures s'intitulaient peu ou prou "union de la gauche"

 

     2° Le redécoupage des cantons

 

     Mesure de justice pour rééquilibrer les sièges en faveur des zones urbaines. Mais on aurait pu prévoir la proportionnelle.

 

     Résultats :

 

          * Beaucoup de ruraux se sont sentis éloignés des décisions

           * Le poids des notables s'est trouvé dilué donc diminué. Impossible pour un "sans étiquette" d'être connu dans tout le territoire d'un nouveau canton

          * Par conséquent, les effets de niche en faveur d'un courant moins puissant s'entrouvent réduits. Admettons que le PCF ait un conseiller général mais que son canton soit inclus dans un nouveau qui comporte 4 anciens cantons dont 1 de droite et 2 PS. Le CG communiste a toute les chances de perdre son canton. Un "bon" découpage peut être ravageur. On peut aussi regrouper plusieurs cantons PCF ce qui entraîne des pertes également. Comme le PCF avait surtout des CG ruraux, il en a perdu mécaniquement un bon nombre.

          * Inversement, ces fusions de cantons favorisent les grands partis (d'ailleurs la presse ne parle que du PS, de l'UMP et du FN) qui bénéficient des courants d'opinion.

 

     3° Le renouvellement en une seule fois

 

     Autrefois, les CG étaient renouvelés par moitié tous les 3 ans (derniers exemples : 2008 et 2011). Comme les membres du CA d'une association sont souvent renouvelés par tiers tous les ans...Cela permettait de lisser les résultats et de compenser une bonne année (quand on est dans l'opposition) par une mauvaise. Désormais, c'est un scrutin "brut" comme tous les autres

 

     Résultat : la "nationalisation" du scrutin qui devient un référendum pour ou contre le gouvernement. Ce qui a profité à la droite et au FN.

 

     4° La règle des 12,5% des inscrits

 

     Pour les Municipales et les régionales, la règle est simple. Peuvent se maintenir au second tour ceux qui ont fait plus de 10% des voix exprimées et toute liste ayant fait plus de 5% peut fusionner avec une autre liste dépassant les 10%. Au premier tour on choisit !

     La règle des 12,5% des inscrits a été décidée en 2010 par Sarkozy. Elle change tout car avec un taux d'abstention + votes blancs et nuls égal ou supérieur à 50%, il faut réaliser plus de 25% des voix pour être au second tour. Sauf si on est à la seconde place. Cette modalité a été utilisée en 2011 ce qui a réduit le nombre de triangulaires et de quadrangulaires. Le but était d'empêcher le FN censé avoir du mal à faire plus de 25% d'être au second tour ce qui gêne la droite.

     Curieusement, le gouvernement socialiste a décidé, en 2013, de garder cette règle alors que le maintien du FN au second tour l'avantageait. Le but inavoué étant d'éviter la concurrence des autres forces de gauche qui auraient pu être tentées de se maintenir au second tour contre le PS bien qu'arrivées 3ème.

     Tout change quand le FN fait 25% aux Européennes. Le PS et les médias ont peur que la règle se retourne contre le PS. D'où la supercherie qui consiste à faire croire que l'on a voulu l'union. D'où l'usage immodéré de l'épouvantail FN1. D'où la propagande éhontée contre les "diviseurs" qui pourraient empêcher la "gauche" (traduire : le PS) d'être au second tour (les autres, on s'en fout)

     Mais ça n'a pas marché car les autres forces de gauche ne se sont pas dégonflées et que le FN s'est encore renforcé du fait des régles 2° et 3°. Cependant, le PS a sauvé les meubles dans de nombreux cas et a souvent réduit l'impact potentiel de candidatures plus à gauche (je l'ai constaté à Sablé). A contrario, là où l'épouvantail FN était faible, le FdG ou les Verts ou leur alliance ont  fait fort : on ne peut pas toujours masquer le désaveu de sa politique !

 

1 Je m'expliquerai bientôt sur le terme.

 

 

 

 

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23 mars 2015 1 23 /03 /mars /2015 12:18

 

La soirée électorale a vu culminer les approximations des commentateurs comme des sondeurs. Jamais fourchette d’estimations "sortie des urnes" n’a été aussi grande. Et le premier ministre en a rajouté une louche avec ses mirifiques 26% de suffrages socialistes.


Il faut dire qu’Emmanuel Valls avait cette fois un prétexte commode : l’institution de binômes complexifie à l’extrême les modes de calcul. Il suffisait ainsi au chef du gouvernement – qui connaît bien l’Intérieur et ses méthodes… – d’ajouter aux scores du PS, non seulement ceux de ses alliés du moment, mais aussi ceux des "divers gauche", quand bien même ils se présentaient sans l’onction du Parti socialiste.

Pour tenter d’y voir plus clair, j’ai utilisé le fichier détaillé des résultats par binômes établi par le PCF [1]. J’ai par ailleurs constitué un fichier compilant les données de 2008 et de 2011 dans environ 1.400 cantons, pour l’essentiel hors agglomération urbaine dont le découpage autorise le regroupement simple des communes. Pour les zones urbaines profondément restructurées, il faudra donc attendre des analyses plus fines.

 

1. Les grandes lignes sont à peu près établies.


En 2015, ce qui est à peu près assuré est le total par grandes familles politiques : la gauche engrange 36,7% des suffrages, la droite "classique" obtient 37,5% et le Front National passe de 4,8% en 2008 et 15.1% en 2011 à 26% en 2015. En tête dans plus de 300 cantons, il consolide son implantation nationale, ce que risque de confirmer le second tour de dimanche prochain. Quant à la gauche, son recul est sévère par rapport à 2008 (48,2%) et 2011 (49,5%).

 

Le Parti socialiste est loin de ses résultats antérieurs (26,7 et 24,9%). Les binômes où l’on retrouve ses candidats recueillent 21,1% des suffrages exprimés. Là-dessus, 0,6% sont obtenus en couple avec le PCF et 1,2 % en couple avec les Verts. Pour ces derniers, les estimations sont souvent fantaisistes. Des listes vertes autonomes ne recueillent certes que 2% du total national. Mais ce chiffre doit être doublement relativisé : par le fait que les Verts n’étaient présents que dans un quart des cantons ; par le fait qu’ils se trouvent plus dans des binômes avec le Front de gauche (1,6%) et avec le PS (1,2%) qu’en autonomie.

 

2. Les résultats du Front de gauche témoignent d’une plutôt bonne résistance dans un scrutin calamiteux pour la gauche.


Les binômes du Front de gauche :

PCF 640 3,4 %

PCF-FDG 165 0,9 %

PCF-PG 101 0,6 %

PCF-citoyen 109 0,7 %

PCF-DVG 60 0,4 %

PCF-Ensemble 43 0,3 %

PCF-EELV 121 0,9 %

PCF-PS 35 0,6 %

PG 49 0,3 %

PG-Ensemble 9 0,03 %

PG-FDG 4 0,02 %

PG-EELV 48 0,3 %

Ensemble 11 0,04 %

Ensemble-FDG 1 0,0 %

Ensemble-EELV 13 0,1 %

FDG 110 0,6 %

FDG-EELV 59 0,4 %

Total 1578 11,9 %

France métropolitaine 1996 9,4 %

 

Le PCF en 2008 et le Front de gauche en 2011 recueillent entre 8,8 et 8,9% des suffrages exprimés sur la France métropolitaine et 9,4% sur les cantons où ils sont présents (environ 3.600 au total pour 2008 et 2011). En 2015, les binômes où figure au moins une composante du Front de gauche recueillent 9,4% des suffrages exprimés sur le total des cantons métropolitains et 11,9 % sur les seuls cantons où il présentait des candidats (1.540 cantons). Si on laisse de côté les 0,6% obtenus par une alliance PC-PS, le FDG retrouve son niveau global des scrutins précédents, alors que la gauche s’effondre. Le phénomène est encore accentué si l’on se fixe sur les seuls cantons où il était présent d’une manière ou d’une autre : on se rapproche alors du résultat de la présidentielle de 2012.

 

L’ouverture des alliances vers d’autres composantes de la gauche dite "radicale" et surtout l’esquisse d’un rapprochement local avec Europe-Écologie-Les Verts ont montré leur utilité dans un contexte périlleux. Mais le résultat confirme aussi que le Front de gauche n’a pas su apparaitre comme une alternative attractive au socialisme recentré. La fonction de "coup de pied dans la fourmilière" a été assurée par le FN. Et les composantes du FDG n’ont pas su imposer une image suffisamment claire, dynamique et crédible pour rompre la morosité qui accompagne depuis longtemps le recul du mouvement ouvrier et le démantèlement de "l’État-providence".

 

3. Le résultat global du FDG ne doit pas cacher d’importantes disparités dans l’évolution de quelques années. 


Si l’on prend en compte les 1.400 cantons où la comparaison est possible avec 2008 et 2011, on constante des progrès dans 900 cantons environ (dont 400 sont en hausse de plus de 5%) et des reculs dans 500 autres (dont 80 connaissent des reculs de 5 à 10%).

 

Or le phénomène se rapproche de celui que l’on avait observé dans des élections antérieures, et notamment les législatives de 2012 et les municipales de 2014. Dans des élections où la représentation communiste est forte (les deux tiers des candidatures en 2015 et une présence dans plus de 80% des binômes), les zones de densité ancienne forte continuent de s’effriter alors que des zones de faible implantation initiale enregistrent des poussées souvent sensibles.

 

Sur 180 cantons où le Front de gauche dépassait les 20% en 2008 et 2011, 135 sont en recul, dont 40 perdent la moitié du pourcentage antérieur. Les vieux "bastions" reculent encore, tandis que les territoires où le communisme s’était plus ou moins marginalisé connaissent un phénomène de renationalisation du vote. À sa manière, le vote FDG se "moyennise"…

 

4. Bien sûr, ce constat permet de comprendre l’extrême incertitude qui entoure le nombre de conseillers départementaux. 


D’ores et déjà, une quarantaine de cantons ont été perdus dès le premier tour et beaucoup de ceux qui restent en lice sont dans une situation défavorable. En fait, dimanche prochain tout dépendra de trois facteurs entremêlés : la qualité des reports à gauche ; la capacité à remobiliser l’électorat récent (celui de 2012) dans une élection peu stimulante ; l’ampleur enfin des transferts de voix entre l’électorat de la droite "parlementaire" et celui du Front national.

 

Roger Martelli. Publié sur le site de Regards.

http://www.regards.fr/web/article/departementales-front-de-gauche-la

Notes

[1] La recension des résultats a été coordonnée par Yann Le Pollotec, que nous remercions pour nous avoir permis d’accéder à ces données.

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1 juillet 2014 2 01 /07 /juillet /2014 15:56

          Certains journaux comme "Le Monde" prétendaient nous fournir la composition des groupes politiques dès la lendemain de l'élection sur la base de résultats incomplets et de regroupements aléatoires. Avec un peu de patience, on trouve la réponse exacte sur le site du dit Parlement dans la mesure où les élus avaient un délai de plusieurs semaines pour se décider à rejoindre tel ou tel groupe : http://www.europarl.europa.eu/portal/fr



     Le classement est le suivant : 



 EPP logo 

PPE : Parti Populaire Européen   (Démocrates-Chrétiens) 221

S&D logo

S&D : Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrates... 191

 

ECR logo

ECR : Conservateurs et Réformistes Européens 70

ALDE logo

ADLE : Alliance des Démocrates et des Libéraux pour l'Europe 67

GUE/NGL logo

GUE/NGL : Gauche Unitaire Européenne/Gauche verte Nordique 52  

 

    GREENS/EFA logo 

Verts/ALE : les Verts/Alliance Libre Européenne 50

EFDD logo

EFDD : Europe de la Liberté et de la Démocratie Directe 48



Il faut y ajouter les 52 non inscrits.

 

     Commentaire acide :

     Il devient évident, quand on parcourt les site, que la "langue officielle" du Parlement Européen est l'anglais. Outre le fait que des textes en anglais parsèment la version française, on constate que certains sigles de groupes sont - en totalité ou en partie - en anglais. En toute logique, ECR devrait être CRE mais il est vrai que ce groupe est dominé par les conservateurs anglais et que leur site n'a même pas de version française. De même, EFDD est ELDD en français mais le parti le plus important est l'UKIP anglais (on y trouve une traduction française délirante qui - par exemple - traduit le prénom Bill par "projet de loi"). Plus troublant, Gauche Verte Nordique fait GVT et non NGL d'autant qu'aucun pays anglophone n'a de député dans ce sous-groupe scandinavo-finlandais. Il y a pire encore : alors que le nom des divers partis ayant fait élire des députés est généralement retranscrit dans la langue d'origine, ce n'est pas le cas pour les trois pays qui n'utilisent pas l'alphabet latin ; dans ce cas, le site traduit le nom officiel en anglais, de façon approximative d'ailleurs. Cette domination de l'anglais est scandaleuse dans la mesure où cet idiome est parlé dans moins de pays et par moins de locuteurs que le français et, surtout, l'allemand.


     Qui compose les divers groupes ?


     - Première remarque : la droite et l'extrême droite sont majoritaires mais éclatés en 3 groupe + la majorité des non inscrits. Par ailleurs, dans aucun pays exceptés Malte et la Suède, la gauche n'est majoritaire.

     - Le principal groupe de droite est donc le PPE dont font partie l'UMP mais, surtout, les Chrétiens Démocrates allemands. Ainsi que les anciens de Berlusconi, le Parti Populaire espagnol...

     - L'autre groupe de droite est constitué autour du Parti Consevateur du Royaume Uni. Il est nettement plus "conservateur" et intègre des partis de la droite extrême.

     - Le dernier groupe de droite est un hybride né de l'alliance entre l'UKIP anglais de Nigel Farage et du M5S de Grillo en Italie. Ce dernier a donc tombé le masque en s'alliant avec un parti de droite alors que son électorat est plutôt à gauche : fortes tensions internes en perspective. Le groupe EFDD intègre également une transfuge du Front National alors que ce parti n'a pu former un groupe.

     - Le premier groupe de gauche se définit lui-même comme de "centre gauche". Il intègre les partis socialistes, démocrates, travaillistes... et a des élus dans les 28 pays. A noter la présence de Feministisk Initiativ, parti suédois que l'on s'étonne de trouver là

    - Le second groupe de gauche est GUE/GVN (en français) qui regroupe des partis communistes orthodoxes (Chypre, Portugal, Tchéquie), des partis communistes "rénovés" (Suède, Finlande, Espagne) des fronts larges incluant diverses tendances (Allemagne, France, Grèce, Italie, Danemark), un parti de filiation maoïste (Pays-Bas), un parti créé par "les indignés" (Espagne), un parti regroupant diverses tendances de la gauche non-communiste (Portugal), des nationalistes de gauche (Irlande, Espagne) et même deux partis de ... défense des animaux (Allemagne et Pays-Bas), etc....

     - Le dernier groupe de gauche, désormais distancé par GUE/GVN est celui des Verts alliés à l'ALE qui regroupe les nationalistes modérés. La NVA, parti dominant en Flandre l'a quitté pour intégrer un groupe de droite.

    - Quant aux non-inscrits, ils regroupent essentiellement des partis d'extrême-droite (dont le F.N.) ou fascistes (Jobbik en Hongrie et Aube Dorée en Grèce par exemple) qui n'ont pas réussi à se mettre d'accord. On y trouve également le PC grec, exclu du groupe GUE/GVN pour cause de franche hostilité à SYRIZA.

 

 

 

 

 

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20 juin 2014 5 20 /06 /juin /2014 10:41

     J'ai rédigé un article sur le sujet pour "Rouge et Vert", le journal des Alternatifs. La "commande" était la suivante : "pas plus de 5 000 signes". Cette contrainte a eu comme conséquence que certains passages sont peu développés. J'ai donc décidé de publier le texte pour les lecteurs de mon blog mais en y ajoutant les compléments nécessaires. En particulier dans la conclusion.

 

     25%. Le résultat du Front National aux élections européennes 2014 est impressionnant. Plus de 4,7 millions de citoyens ont voté pour ses listes, pulvérisant le score (très mauvais cependant) de 2009. Certes, les listes "Bleu Marine" obtiennent moins de voix que Marine Le Pen à la présidentielle mais le pourcentage déjà exceptionnel de 2012 est nettement dépassé.

     En tout état de cause, le F.N. dépasse largement ses précédents records : 2,21M. et 10,95% en 1984 ou 11,75% mais 2,13 M. en 1989. On peut toujours croire qu'il y aura un reflux (le F.N. ne faisait que 9,81% en 2004 alors que J. M. Le Pen était qualifié pour le deuxième tour de la présidentielle deux ans auparavant) mais c'est peu probable dans l'immédiat car le F.N. enfile les succès électoraux depuis les cantonales d'il y a 3 ans.

 

     La carte du vote F.N.

 

     Si on reprend les 7 circonscriptions des européennes, on remarque que c'est dans le Nord-Ouest (là où Marine Le Pen était tête de liste) que le F.N. est le plus puissant avec 1/3 des voix et une pointe à près de 40% dans l'Aisne. Puis vient l'Est avec une pointe de plus de 31% en Champagne-Ardennes. Enfin le S.E. (celle du père) : ce n'est plus le seul bastion du F.N. comme auparavant mais le F.N. obtient encore 33% en PACA.

     Première constatation : cette carte recoupe largement celle de la France industrielle (à l'est d'une ligne Le Havre - Marseille) jusqu'à la fin des années 1960. Désormais, c'est la France de la désindustrialisation, du chômage le plus élevé et du plus fort pourcentage d'allocataires du RSA. On remarquera une exception spectaculaire : l'Ile de France où le F.N. "ne" fait que 17% et des zones moins "contaminées" : Rhône-Alpes et Alsace. Zones qui - pour des raisons diverses - ont mieux tenu le choc ou bien qui marquent un reflux relatif du vote FN.

     Le site de Laurent de Boissieu (http://www.france-politique.fr) fournit les cartes montrant les zones de forces et de faiblesses des divers candidats ou listes aux principales élections. On est frappé par la progression spectaculaire du F.N. dans le 1/4 N - N. E. du pays depuis 20 ans alors qu'à la fin des années 80, le FN était surtout implanté en "Alsace-Moselle".  Pendant longtemps, l'Ouest et le Centre- Sud du pays étaient largement épargnés. Ce n'est plus le cas : il y a une "nationalisation " du score F.N. Dans les Pays de le Loire, la liste F.N. progresse de 778% en 5 ans.

     À l'échelle locale, on est frappé par un autre phénomène : le score F.N. augmente au fur et à mesure que l'on s'éloigne des centres vers les périphéries. Le premier exemple est donné en Ile de France : 9% à Paris mais 20% en Seine Saint Denis et 27,88% en Seine et Marne. L'autre est celui de la Sarthe : 16,25 % au Mans (mais nettement plus dans les quartiers populaires) et plus de 40% dans des communes rurales éloignées de tout ; y compris des axes de circulation importants. Second constat : le vote F.N. est un vote de ceux qui subissent la "relégation" géographique.

 

     Qui sont les électeurs du F.N. ?

 

     À qui a-t-il pris des voix ? Un élément de réponse est donné par le fait que c'est la troisième fois que les "nationalistes" ou "eurosceptiques" de droite dépassent les 25% aux européennes, après 1994 et 1999. La nouveauté, c'est que le F.N. empoche seul la mise en ne laissant que peu de place à DLR qui double cependant son score. Cette captation du vote de Villiers est spectaculaire en Pays de Loire.

     Si on compare avec 2009, trois partis ont subi de lourdes pertes : l'UMP, EE-LV et le NPA. Comme les autres ont moins perdu ou un peu progressé, la tentation est grande d'imaginer que leurs électeurs déçus sont allés voir au F.N. Ce n'est, évidemment, pas si simple car il y a eu sans doute de nombreux glissements. Par ailleurs, on peut supposer que l'électorat F.N. s'est plus mobilisé que les autres. Néanmoins, on aurait tort de se rassurer à bon compte : le F.N. séduit de plus en plus d'électeurs qui votaient antérieurement à gauche.

     Quant à la sociologie des électeurs F.N. les réponses sont cruelles : il s'agit d'un électorat populaire (ouvriers et employés), jeune et souvent précaire. Ils habitent parfois en HLM mais, le plus souvent, ils ont fait construire, soit dans les quartiers populaires soit dans des lotissements situés à 10 km d'une petite ville où ils travaillent. Ils ne sont pas misérables mais ont du mal à finir le mois avec le poids des emprunts et l'augmentation du prix de l'essence. Ils sont éloignés des services publics qui, de toute façon, se dégradent... Une analyse plus poussée se trouve dans un article remarquable publié par un membre d'EE-LV sur son blog : http://oursvert.com/2014/05/30/desintegration.

     Conclusion : le vote F.N. est un vote de rancoeur (ceux qui sont découragés s'abstiennent).

 

     Face au F.N.

 

     "Victoire du fascisme" selon Michaël Löwy, intellectuel franco-brésilien, proche du NPA (et qui a commis, avec Besancenot, un livre sur Guevara que l'on peut oublier), ou "vote de classe dévoyé", selon Denis Sieffert, directeur de Politis ? Ni l'un ni l'autre !

     Certes, le FN est un parti d'extrême-droite comportant des éléments fascisants mais il ne "tient" pas la rue (heureusement !). Certes, par ailleurs, le vote FN attire de plus en plus les couches populaires et de moins en moins les bourgeois réactionnaires mais pour qu'il y ait vote de classe, il faudrait qu'il y ait conscience de classe parmi ceux qui votent F.N. ; or, c'est tout le contraire (et le problème).

     Il est frappant de constater que le F.N. obtient des résultats spectaculaires alors qu'il a un réseau militant souvent fort lacunaire. Ce qui montre que ce sont les médias qui "font" le vote F.N. Volontairement ou pas. 

     Rejet de la classe politique, hostilité" à l'Union Européenne à coup sûr. Et un succès personnel pour celle que l'on n'appelle plus que "Marine" (comme on disait autrefois "Arlette") qui apparaît de plus en plus comme "la petite mère du peuple" ou " le sauveur suprême ".

 

 Post scriptum : une analyse fort intéresante bien que sur un site de droite http://www.atlantico.fr/decryptage/9-erreurs-analyse-plus-courantes-fn-christophe-bouillaud-1021253.html/page/0/2.

ET je rappelle l'article publié en 2011 :  Après les cantonales de 2011)

 

 

 

 

 

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28 mai 2014 3 28 /05 /mai /2014 08:39

1° Les élections européennes n'ont jamais beaucoup intéressé les électeurs. il n'est donc pas étonnant que l'abstention soit élevée même si elle a régressé un peu par rapport à 2009 en France. Le phénomène est identique quasiment partout en Europe (et je ne parle pas de l'Outre-Mer !).

 

2° Les Européennes ont lieu, dans tous les pays, à la proportionnelle. Il y a certes des nuances (proportionnelle intégrale sur l'ensemble du territoire en Allemagne ; proportionnelle avec seuil et dans le cadre de grandes circonscriptions en France ou en Italie ; vote préférentiel en Irlande...). Dans les pays de scrutin majoritaire (Royaume Uni, France) ce type de scrutin proportionnel réduit le vote utile et favorise les partis opposés aux partis de l'alternance (Conservateurs et travaillistes au R.U. ; PS et UMP en France).

 

3° Il faut comparer avec les mêmes types d'élections. Donc comparer avec les élections de 2009 et pas avec des législatives ou la présidentielle française. Il ne faut, non plus, comparer avec les scores espérés !

 

4° Si on prend la cas de la France, il est évident que le grand perdant est l'UMP et le grand vainqueur le FN. Il y a donc eu des transferts de l'UMP vers le FN, DLR et très accessoirement vers les centristes.

 

5° Il y a d'autres perdants. Dans l'ordre : EE-LV dont la baisse est brutale ; le NPA qui disparaît ; le PS qui était déjà faible par rapport à son potentiel en 2009. Cette autre série de perdants est située "à gauche" ce qui fait que "la gauche" se situe à un niveau très faible. Il est donc évident qu'une partie significative des voix de gauche est passée au FN ou à l'abstention ce qui mécaniquement renforce le FN.

 

6° Il y a d'autres listes qui progressent - même modestement - ou se font une place : d'abord "Nouvelle Donne", puis DLR et, enfin, les centristes et le FdG. Et une kyrielle d'autres listes surtout de droite. Titrer comme le fait "Le Monde" sur l'échec du FdG et ne pas évoquer celui d'EE-LV est se moquer du monde. Le seul candidat FdG qui perde des voix est Younous Omarjee mais il est réélu.

 

7° Une élection ne fait pas le printemps. Combien de listes qui ont dépassé les 5 ou 10% un jour et qui sont plus ou moins aux oubliettes (Pasqua - de Villiers ; Tapie) ou affaiblies (le PCF, les Verts, LO+LCR...) Par contre, un bon résultat aux Européennes peut crédibiliser une tendance : ce fut le cas pour le FN et les Verts (d'ailleurs en même temps !).

 

8° Le mode de scrutin régionalisé et le non cumul des mandats sont deux des raisons pour lesquelles les têtes de liste sont souvent des inconnus. Malgré quelques exceptions venant surtout des partis pas ou peu représentés au Parlement : Mélenchon, Bové, la famille Le Pen ont une influence nationale ; quelques autres sont connus dans tout ou partie de leur circonscription (Arthuis, Alfonsi, Troadec). C'est le scrutin où on vote le moins pour le nom et davantage pour l'étiquette. et on en revient au FN ainsi qu'à EE-LV qui, chacun à leur manière, incarnent la nouveauté. Avec un électorat diamétralement opposé. J'ai déjà étudié le phénomène lors des cantonales de 2011.

 

9° On ne dira jamais assez que l'électeur lambda veut du nouveau. Tout lasse, y compris les incartades de Mélenchon ou le discours sans surprise des Verts ou de LO. La plupart des électeurs ne savent pas pour qui voter la veille du scrutin mais savent pour qui ne pas voter. Que va faire l'électeur délivré du vote utile : il essaie le nouveau produit. C'est, sans être méchant, le seul ressort, à gauche, du vote "Nouvelle Donne".

 

10° Mais pourquoi le FN a-t-il obtenu alors un tel score bien qu'étant un "vieux parti" ? Nouvelle tête ? Lepénisation des esprits ? Discours anti-système ? Couverture médiatique éhontée (exemple caricatural avec "Le Monde"). J'y reviendrai. On peut quand même souligner un point : il n'y a pas eu de campagne électorale : combien de meetings départementaux ? combien de tracts ? Le PS et l'UMP ainsi que EE-LV ont été plus que discrets. Le FN aussi mais il n'avait pas besoin de se fatiguer car les autres faisaient indirectement campagne pour lui.

 

11° Si on examine les autres pays, on fait une première constatation : il y a des partis au pouvoir qui font un "tabac" (Valls devrait se payer des stages à l'étranger). Orban en Hongrie, Renzi en Italie et, même, Merkel en Allemagne, les ex-PC en Roumanie et la droite à Chypre. Tous dépassent les 30%.

 

12° En ce qui concerne l'extrême droite et la droite extrême, les résultats sont globalement bons mais il n'y pas de lien mécanique entre la crise sociale et leurs résultats. N'empêche que certains bonds en avant et certains scores sont impressionnants.

 

13° Les scores des écologistes ont été peu analysés alors que l'on constate qu'ils percent dans des pays où ils étaient absents. Inversement, ils reculent nettement en France, en Allemagne et en Belgique. Ils ont désormais des élus dans plus de la moitié des pays.

 

14° La "gauche radicale" n'a pas obtenu le bond en avant annoncé mais s'en tire mieux que ce que dit la presse. Il y a moins de pays où elle est absente (en réalité, elle est présente partout ou presque dans les pays de l'Europe des 15 mais généralement absente ailleurs) ce qui contrebalance le mouvement de baisse des décennies précédentes. Néanmoins, il faut distinguer.

     Ainsi, le cas de Syriza est exceptionnel à tous les sens du mot. D'autant que le PC local n'a pas disparu. On assiste au phagocytage d'un parti de gauche puissant et clientéliste (le PASOK, parti socialiste longtemps au pouvoir) par un parti aux bases beaucoup plus fragiles mais au discours séduisant.

     Partout ailleurs, les scores évoluent peu (en + ou -) à quelques exceptions près : fort recul du PC chypriote (après avoir perdu la présidentielle) mais il reste le PC le plus puissant d'Europe et de loin ; fort recul du Bloc de Gauche portugais contrebalancé par les progrès de l'alliance PC + Verts (!!), confirmant les résultats des municipales ; forte progression du Sinn Féin irlandais qui s'est recentré sur les questions sociales ; surgissement de "Podemos" ("Nous pouvons") alors même que le bloc autour du PC progresse.

     Enfin, il faudrait analyser les scores dans 4 pays :

     *Les Pays Bas où le Parti Socialiste (ex maoïste) dépasse le Parti du Travail social démocrate,

     *L'Italie où "l'Autre Liste" dépasse de très peu le seuil des 4% malgré Grillo et, surtout, le score fleuve de Renzi,

     *La Belgique où le Parti du Travail (ex maoïste devenu commuiniste orthodoxe comme le PC do B brésilien) allié au PC et à la LCR, dépasse les 5% dans le collège francophone (mais progresse peu en Flandres où il était le mieux implanté) ; son bond en avant se fait aux dépens du PS et des Verts.

     *La Slovénie, enfin, où une alliance de gauche née il y a quelques mois dépasse les 5% et échoue de peu pour avoir un siège. 

     Le groupe GUE/GVN devrait tourner autour de 50 députés voire dépasser ce nombre; juste derrière le groupe Verts/ALE si celui-ci garde les partis "nationalitaires" qui composaient un groupe allié dit A.L.E. (mais la N.V.A. flamande va-t-elle encore cohabiter avec les écologistes belges ?) 

 

15 Au niveau européen, les socialistes, socio démocrates et démocrates sont en très net recul sauf exeptions (Italie surtout) mais la droite classique est à peine mieux lotie. Ce qui démontre encore une fois la spécificité du scrutin européen.

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27 mai 2014 2 27 /05 /mai /2014 18:02
      Cet article lance le débat. Je ne partage pas toutes les analyses mais la conclusion me semble esentielle. A vos claviers !

 


Le résultat des élections européennes s’annonçait désastreux en France, ce fut bien pire. Triomphe du FN et effondrement de la gauche gouvernementale sont les deux enseignements majeurs de ce scrutin. Dont il ne faut pas s’étonner tant ces résultats sont inscrits dans les coordonnées de la situation française depuis 2002. 

Les élections européennes de 2014 ont été marquées par une forte abstention, estimée à 57,5 %. Ce désenchantement vis à vis de l’Europe n’a rien de nouveau : 57,2% en 2004 et même 59,5% en 2009, il s’agit désormais d’une donnée structurelle de presque tous les scrutins. Selon un sondage Ipsos, l’abstention apparaît très différenciée en fonction des revenus et des classes d’âge. Ainsi 70% des personnes vivant dans un foyer dont les revenus sont inférieurs à 20 000 euros ne se sont pas rendus aux urnes alors qu’ils sont « seulement » 50% dans les foyers de plus de 50 000 euros. De même, « la participation au scrutin n’a concerné qu’un quart des moins de 35 ans (27%) alors qu’elle a réuni 60% des personnes âgées de 60 ans et plus ». La suite de cette analyse porte sur les résultats en France métropolitaine (hors Dom-Tom et Français de l’étranger). 


Triomphe du FN 

Avec 25,18%, le Front national de Marine Le Pen enregistre un succès historique. C’est quatre fois plus qu’en 2009, quand l’extrême droite, pour partie essorée par Nicolas Sarkozy, n’avait obtenu que 6,47%. Jamais le FN n’avait dépassé les 12% dans un scrutin européen. Avec 24 députés (+21), ce parti représente désormais un tiers de la représentation française au parlement européen. Ce score est certes dans la fourchette haute des différentes estimations mais ne saurait en aucun cas représenter une surprise. Le résultat de Marine Le Pen, lors de la présidentielle de 2012 (17,9%), et la poussée de son parti lors des récentes municipales traduisent un enracinement profond du FN dans la société française. 

Les savantes analyses, notamment au sein de la gauche radicale, qui depuis des années ont tenté de minorer cette progression font fausse route. Il est de même absurde de nier l’évolution du discours du Front national. Marine Le Pen n’incarne pas tout à fait la même chose que son père et affronter Florian Philippot suppose une autre argumentation que celle utilisée contre Bruno Gollnisch. 

Signe du problème auquel la gauche est confrontée, le FN obtient ses meilleurs scores parmi les jeunes et au sein des couches populaires, selon le sondage Ipsos. Ainsi, 30% des 18/35 ans et 27% des 35/59 ans ayant participé aux élections ont voté FN. De même, le parti de Marine Le Pen obtient les suffrages de 43% des ouvriers, 38% des employés et 37% des chômeurs s’étant rendus aux urnes. Certes ces catégories sont surtout marquées par une très forte abstention (69% parmi les chômeurs) mais le problème reste entier. Le FN réussi à mobiliser son électorat quand l’électorat de gauche reste à la maison. 

Une droite parlementaire en difficulté 

Dans l’opposition depuis le 6 Mai 2012, la droite parlementaire devrait bénéficier des difficultés sociales et économiques du gouvernement. Il n’en est rien. En 2009, deux ans après l’élection de Nicolas Sarkozy, l’UMP alors unifiée avait obtenu 27,84% des suffrages et le Modem 8,44% – soit un total de 36,28%. Cinq ans plus tard, l’UMP obtient 20,7% et l’alliance UDI-Modem 9,92% – soit un résultat global de 30,62% en recul de 5,66% par rapport à 2009. 

Les déclarations, dimanche soir, de François Fillon, ne sont pas seulement le fruit d’une compétition acharnée à droite dans l’optique de 2017, elles traduisent aussi une profonde inquiétude : « L’UMP (...) est atteinte dans sa crédibilité et doit s’interroger sur les raisons de son échec. Elle n’a pas été en mesure de rassembler et son honneur est mis en cause ». Et l’ancien premier ministre d’ajouter : « À l’avenir, l’opposition devra y regarder à deux fois avant d’aller aux élections en ordre dispersé ». 

Face à la montée du FN, le spectre d’un 21 avril 2002 (l’absence au second tour de la présidentielle) hante la droite comme la gauche. 

Un parti socialiste laminé, des Verts affaiblis 

Auteur d’un déjà peu glorieux 16,40% en 2009, le Parti socialiste n’obtient que 13,90% et perd deux élus. Après la débâcle des élections municipales, c’est à nouveau un rude revers pour le parti du président de la République. 58% des électeurs de François Hollande en 2012, contre 48% pour ceux de Nicolas Sarkozy, ne se sont pas rendus aux urnes. Certes, il ne s’agit que d’élections européennes, mais la légitimité du PS, qui gouverne désormais seul depuis le départ des ministres écologistes, apparaît bien faible. Peut-on conduire la politique d’un pays avec moins de 14% ? La question mérite d’être posée. 

Le gouvernement n’a pas ces interrogations et entend bien poursuivre sa politique suicidaire. Si Manuel Valls concède que« le moment que nous vivons est un moment très grave », c’est pour mieux appliquer son pacte d’irresponsabilité. Dimanche, le téléspectateur un peu médusé a pu entendre Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture et porte-parole du gouvernement, dire qu’il est au travail et que des défaites électorales, il en a connu d’autres. On ne peut mieux résumer l’incapacité à comprendre les enjeux politiques et la gravité de la situation française. 

En 2009, une partie significative de l’électorat socialiste s’était reporté sur les listes EELV emmenée par Daniel Cohn-Bendit qui avaient réalisé 16,28%. Avec 8,95%, les écologistes perdent 8 de leurs 14 députés. La chute est sévère. D’une élection à l’autre, la totalisation du PS et de EELV passe de 32,69% à 22,84%. 

Front de gauche à la peine, extrême gauche disparue.

Avec 6,44%, le Front de gauche stagne (6,18% en 2009) et perd même un élu, quand à l’extrême gauche, elle s’est volatilisée électoralement. Il y a cinq ans, le NPA avait obtenu 4,98% des suffrages, il n’atteint pas les 0,5% à cette élection. 

La situation est donc difficile pour le Front de gauche. Il n’a su capter ni l’électorat de gauche déçu par la politique gouvernementale, ni celui plus radical de l’extrême gauche. C’est un sévère coup de semonce qui appelle un bilan sans concessions sur l’orientation et les pratiques de cette organisation si elle veut retrouver un second souffle. Seules des élites vivant en vase clos peuvent être surpris par le scrutin des européennes. Tout simplement, les Français n’en peuvent plus. Ils l’expriment d’abord en refusant d’aller voter, convaincus que leur vote ne changera rien. Qui leur en fera grief ? 

Ce quinquennat Hollande est l’alternance-qui-ne-change-rien de trop. À mener les mêmes politiques que la droite, le PS insulte sa propre base sociale qui, massivement, se détourne de lui. Pire, face à l’austérité à perpétuité qui nous promet de mourir guéris, menée tant par les socialistes que l’UMP, une fraction croissante de l’électorat se tourne vers l’extrême droite. Faire vivre et grandir un projet alternatif est plus que jamais décisif pour ouvrir une voie vers un nouveau projet d’émancipation. Les organisations à la gauche du PS seront-elles à la hauteur ? Il faut le souhaiter. 

Guillaume Liégard (site de Regards)
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  • : Le blog de Gérard FRETELLIERE
  • : Sabolien depuis plus de 40 ans. Conseiller municipal d'opposition de 1989 à 2008 puis de nouveau de 2016 à 2020. Ancien responsable syndical. Militant associatif (écologie, défense des demandeurs d'emploi, aide à l'intégration des étrangers). Je circule en ville à vélo ou à pied. Géographe de profession, je suis passionné de voyages et de jardinage. J'ai créé ce blog en 2011.
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