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18 juin 2023 7 18 /06 /juin /2023 08:28

     Le 28 juin 2020, lors du second tour des élections municipales, les électeurs de Sablé qui se sont exprimés ont donné la majorité relative à la liste dirigée par Nicolas Leudière. Cela va donc faire bientôt 3 ans que la nouvelle équipe municipale a été élue ce qui signifie la moitié du mandat de 6 ans. Il est donc utile de faire un bilan de l'action de la nouvelle majorité municipale. Il s'agira d'une synthèse des articles (environ 70) que j'ai consacré à la nouvelle municipalité depuis 3 ans que l'on peut trouver dans les rubriques "Vie Municipale à Sablé ( https://gerard-fretelliere.over-blog.com/tag/vie%20municipale%20a%20sable/) ou "Sablé sur Sarthe" (https://gerard-fretelliere.over-blog.com/tag/sable%20sur%20sarthe/). 

 

     Avant de rentrer dans le détail, il faut indiquer que deux "révolutions" ont eu lieu il y a 3 ans. 

 

      D'une part, la défaite de Marc Joulaud aux municipales. Elle mettait fin à plus de 60 ans de "règne" d'un groupe qui se renouvelait dans la continuité de Joël le Theule, élu maire en 1959. Certes, la rupture n'était pas totale car Nicolas Leudière se réclame, en permanence - implicitement le plus souvent - de Le Theule et Fillon (et même de Touchard) et il a été un élu discipliné de Marc Joulaud pendant 5 ans. Néanmoins, sa dissidence a été très mal digérée par ses anciens amis d'autant qu'il n'a eu de cesse, depuis son élection, de multiplier les vexations à leur égard. On se dira que les querelles de famille sont souvent les plus brutales mais il faut aller plus loin. En effet, pour se faire élire, Nicolas Leudière a prétendu que sa liste était "sans étiquette" alors qu'il a mené une campagne macronienne ; sa victoire m'est apparue tout de suite comme une resucée de celle de Macron 3 ans avant et la défaite de Joulaud comme un "remake" de celle de Fillon en 2017 (voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2020/06/macron-1-fillon-0.html). Nous en aurons la preuve formelle quelques mois plus tard quand Nicolas Leudière annoncera son ralliement à Édouard Philippe (voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2020/10/droite-macron-compatible.html). La "nouvelle droite" dirige donc Sablé (avec l'aide de quelques "socialistes").

 

     D'autre part, l'élection de Daniel Chevalier à la présidence de la Communauté de communes du Pays Sabolien. Elle s'est faite contre Nicolas Leudière qui a été sèchement battu. Alors que jusque là la CdC (et son ancêtre le District) avait été dirigée par un élu ou un ancien élu de Sablé en absence de véritable candidature concurrente, cette fois-ci, le maire de Juigné, soutenu par l'ensemble des maires en dehors de Sablé, s'impose contre le maire de la ville centre (voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2020/07/troisieme-tour.html). Il s'agit d'une rupture considérable accentuée par la place quasi dérisoire accordée à Sablé dans le nouvel exécutif. Qui plus est, le nouveau président a montré la ferme volonté de renforcer le poids de l'intercommunalité ne laissant que peu d'espaces au nouveau maire de Sablé ; ce qui a entraîné quelques crises entre les deux élus dont la plus brutale concernait le directeur de l'administration municipale (voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2021/04/crise-au-sommet-de-l-administration-communale.html). Finalement, il y a eu compromis mais l'impression générale est que les relations entre les deux hommes ne sont pas vraiment du type "entente cordiale" (voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2022/12/le-maire-invite-deux-fois.html). Le fait que Daniel Chevalier ait été réélu conseiller départemental contre un "ami" du maire de Sablé a encore renforcé la mise du premier (voir : https://gerard-fretelliere.over-)blog.com/2021/06/quatrieme-tour.html) mais la 5ème place du candidat LR aux législatives n'est pas encourageante pour la suite. 

 

     Il faudrait ajouter d'autres leçons de cette séquence électorale en regard des législatives de 2022.

 

          - D'une part, l'incapacité du rassemblement National à présenter une liste. Il semble, d'ailleurs, qu'à la différence de 2014, il n'a même pas fait d'effort en ce sens. Échec confirmé l'année suivante par la quatrième place obtenue par le candidat RN aux départementales de 2021 (https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2021/06/evolution-2015-2021-dans-le-canton-de-sable.html). Néanmoins, il a pris, dans une certaine mesure sa revanche 2 ans plus tard. En effet, alors que les frères ennemis macronien et LR étaient incapables d'atteindre le second tour, le candidat RN, parachuté d'une autre circonscription, a failli être élu député de la 4ème circonscription et, surtout, a obtenu la majorité des voix au second tour à Sablé. 

 

          - D'autre part, le sévère échec de la gauche. Certes, il y a eu la trahison du militant socialiste le plus connu mais cela n'explique pas que la liste dirigée par Rémi Mareau ait obtenu moins de 10% au second tour des municipales n'obtenant qu'un seul élu ; pire score à une municipale depuis des décennies. J'ai joué un rôle moteur dans la constitution de la liste et, en contactant des dizaines et des dizaines de personnes, je me suis rendu compte que cette fois-là "ça n'accrochait pas" : les électeurs voulaient "virer Joulaud" et ne pensaient pas que nous étions le meilleur moyen d'y parvenir. L'année suivante, il y eu un sursaut d'autant que l'enjeu n'était pas le même : le binôme de gauche a manqué de peu la seconde marche et la qualification pour le second tour. Et puis, surtout, en 2022, aux législatives, Élise Leboucher, candidate de l'alliance de gauche dénommée NUPÉS, a été élue députée en remplacement de la sortante socialiste qui n'était que 4ème à l'issue du second tour (voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2022/06/ouf.html). Qui plus est, bien que la quasi totalité des électeurs de droite ait voté RN au second tour (tournant là aussi historique), la future députée a réalisé un très bon score à Sablé (voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2022/06/legislatives-2022-a-sable-sur-sarthe.html).

 

     Et, surtout, la désaffection des électeurs. 

 

     L'élection de 2020 s'est déroulée sous la menace de la COVID 19. Ce qui peut expliquer la faible participation : 41,44% au premier tour ; 39,32% au second. Celle de 2022 cumulait 2 inconvénients : les 2 tours en juin après les 2 tours de la présidentielle. La participation n'a pas été meilleure qu'en 2020 bien que la menace de la pandémie se soit sérieusement réduite : 38,2% au premier tour et 39,9% au second. Je laisse de côté les blancs et nuls car ils sont une forme de choix électoral. On constate donc que la majorité des électeurs saboliens ne s'est pas déplacée aussi bien en 2020 qu'en 2022. Certes, il y a un certain pourcentage d'inscrits qui n'habitent plus à Sablé (mais il semble qu'il y ait eu un petit toilettage) ; il n'empêche que les citoyens boudent les urnes sans oublier ceux qui ont le droit de vote mais ne sont même pas inscrits et les adultes étrangers qui ne peuvent même pas s'inscrire. Le plus grave est que le taux d'abstention atteint des sommets dans un quartier populaire comme La Rocade (là où, aussi, il y a, sans doute le fort pourcentage de non inscrits et d'étrangers).

 

     La tentation des élus est double : soit considérer quand même qu'ils sont représentatifs ; soit ne pas trop s'intéresser aux habitants des quartiers populaires qui, en votant très peu, semblent se détourner de la vie locale. Le moins que l'on puisse dire est que le nouveau maire semble être tombé dans ces travers. 

 

     Il est donc important d'avoir ce contexte en tête pour comprendre ce bilan à mi-mandat et esquisser des pistes pour les 3 années à venir. 

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23 mai 2023 2 23 /05 /mai /2023 15:42

     Une élection municipale partielle intégrale a eu lieu dimanche 14 mai à Bonnétable. Elle a été rendue nécessaire par la démission, le 1er mars 2023, du maire, Frédéric Barré, suivi de la démission de 12 autres élus. Comme il n'y avait eu qu'une seule liste en 2020, il n'y avait pas un seul candidat non élu pouvant les remplacer et il était donc impossible d'élire un nouveau maire. Étant donné que la commune a plus de 1 000 habitants, c'est la totalité du conseil qui était soumise à renouvellement. 

 

     Pourquoi ces démissions ? A cause de l'ambiance exécrable régnant au sein du Conseil Municipal pourtant "unicolore". 

 

     Pour bien comprendre, il faut revenir quelques dizaines d'années en arrière.

 

     En juin 1995, Yvon Marzin, directeur d'école, divers gauche mais proche du PS, devient maire de la commune en succédant à un élu de droite. Au bout de 6 ans, il cède la place à Christian Fleury, postier, autre divers gauche, parfois étiqueté PCF, mais se fait élire conseiller général du canton où il siège de 2001 à 2008. A cette date, Fleury garde la place de maire et se présente aux cantonales où il est battu par Jean-Pierre Vogel, divers droite à l'époque. 

 

     Intéressons-nous à ce dernier. Expert-comptable de profession, il est devenu, en 1995, maire de Beaufay. Cette commune, voisine de Bonnétable, a la particularité de ne pas faire partie du canton mais d'appartenir, quand même à la communauté de communes, dite Maine 301, dont Vogel prendra la tête dès 2000 en remplacement de l'ancien maire de Beaufay. Fort de ce tremplin, le maire de Beaufay, président de la CdC, ayant adhéré à l'UMP, se fait élire conseiller général du canton de Bonnétable en 2008 en battant Christian Fleury qui, cependant, reste maire de Bonnétable. Vogel innove dans la propagande institutionnelle en insérant dans le journal de la communauté de communes un encart où il vante son action de conseiller général. Tout le monde comprend que la commune de Bonnétable est la prochaine cible. 

 

     En 2014, Fleury ne se représente pas à la mairie et la liste de gauche est dirigée par un jeune retraité peu connu sur place : Joseph Carreno. Il y a une liste de droite dirigée par Pascal Yvon, qui lui, est bien connu localement mais ne pourra pas non plus faire le poids face au 3ème concurrent. En effet, Jean-Pierre Vogel a imaginé un scénario original : son épouse se présente pour lui succéder à Beaufay et, lui, est candidat à Bonnétable où il s'est arrangé pour payer des impôts locaux. Il mène une puissante campagne et, à l'issue du premier tour, il lamine ses adversaires : avec 62,12 % il obtient 22 sièges sur 27 . La liste Carreno doit se contenter de 22,19% (3 sièges) et celle de Pascal Yvon de 15,69% (2 sièges). Mme Vogel gagne à Beaufay face à une liste divers gauche et, dans la foulée, remplace son époux à la tête de la CdC. Le couple contrôle donc 2 communes, le canton et la CdC (voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/article-chez-les-vogel-et-les-boulard-la-politique-est-une-affaire-de-famille-123471429.html) Mais ce n'est pas fini ! 

 

     En effet, comme l'appétit vient en mangeant, Jean-Pierre Vogel annonce sa volonté d'être candidat aux sénatoriales ayant lieu en septembre de la même année. Problème : l'UMP intronise Louis-Jean de Nicolaÿ, grand notable, propriétaire du château du Lude et maire de cette commune. Or, il s'agit d'un scrutin de liste et le n°2 de la liste doit être de sexe opposé. Comme la droite ne peut espérer que 2 sièges, c'est rapé ! Mais non !

 

     Car Jean-Pierre Vogel décide de constituer une liste de droite dissidente dont il prend la tête. Bingo ! La liste socialiste vire en tête devançant la liste UMP officielle mais celle de Vogel n'a que 25 voix de retard et récupère le 3ème siège en ajoutant une cinquième corde à l'arc familial. Un exploit ! Pas pour longtemps car, dès 2014, Vogel doit  commencer par céder sa place de conseiller général à sa suppléante qui ne restera qu'un an.

 

     Le sénateur-maire embellit la ville mais ne lance pas de grands investissements d'autant qu'il souhaite réduire la dette. Tout va pour le mieux mais les multiples réformes concoctées sous le mandat de François Hollande vont compliquer la donne. 

 

     En effet, la carte des intercommunalités est considérablement modifiée, les cantons sont redécoupés et leurs élus sont élus sur la base d'un binôme paritaire femme - homme et enfin, les lois réduisant le cumul des mandats sont renforcées. 

 

      En 2015, c'est le binôme Véronique Cantin (maire de Neuville) - Thierry Lemonnier (adjoint à Bonnétable) qui se fait élire dans le nouveau canton. Ils seront réélus en 2021. En 2017, se met en place la nouvelle communauté de communes nommée Maine Saosnois (un monstre composé de 51 communes et de 75 conseillers) qui va de Bonnétable à Mamers. C'est le maire de cette commune, Frédéric Beauchef qui en prend la tête. Au total, le couple Vogel a perdu 2 mandats. 

 

     La même année 2017, une nouvelle loi anti cumul rentre en application interdisant à un député ou à un sénateur d'être, en même temps, à la tête d'un exécutif (par exemple, maire d'une commune). Vogel voit rouge car il va devoir choisir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2017/09/le-choix-des-cumulards.html

 

     Il décide d'abandonner le poste de maire tout en restant conseiller municipal. Qui va lui succéder ? Il y a 2 candidats déclarés : Patrick Corbin et Marie-Laure Pléver (dont on reparlera) mais le sénateur n'en veut pas. Il s'arrange donc, par une manoeuvre dont il a le secret, pour les écarter et propose un professeur enseignant au collège local : Frédéric Barré dont il devient le "conseiller personnel" (mais si !). Celui qui passe pour un "homme de paille" ne fait pas l'unanimité puisqu'il n'obtient que 18 voix sur 27 ; il y a donc 4 élus de la majorité qui n'ont pas suivi le choix de Vogel. Cependant, pour bien montrer qui est le "chef", le journal municipal s'enrichit d'une "page" du sénateur et, en plus, d'une "page" du conseiller départemental venant en sus de l'éditorial du maire. Comment est-ce possible ? Le Tribunal Administratif n'ayant apparemment pas été saisi on n'en saura pas plus sur la légalité de cette innovation politicienne. 

 

     En 2020, Patrick Corbin tente de former une liste : sans succès. Marie-Laure Pléver argue de sa charge de travail pour ne pas se représenter. La gauche est incapable de présenter une liste malgré un ballon d'essai en 2019. Yvon renonce. Il n'y a donc qu'une seule liste dirigée par le maire sortant et comprenant l'inévitable Vogel. Celui-ci va triompher aux sénatoriales de 2020 en humiliant de Nicolaÿ. Tout baigne ! 

 

     On ne sait pas précisément ce qui s'est passé entre les deux hommes mais, une fois la crise du COVID passée, il apparaît de plus en plus nettement que Vogel joue le rôle de premier opposant au maire qui semble ne plus avoir trop envie de l'aide de son "conseiller personnel". La lecture du compte-rendu des séances du Conseil Municipal est particulièrement éclairante sur ce point. La crise culmine lors d'un conseil municipal tenu en décembre 2022 : https://actu.fr/pays-de-la-loire/bonnetable_72039/a-bonnetable-le-torchon-brule-entre-le-maire-frederic-barre-et-le-senateur-vogel_56111463.html. Épuisé par le harcèlement de son mentor, le maire décide donc de démissionner entraînant près de la moitié du C.M. dans le départ (en particulier, une adjointe, mise en cause publiquement par l'inévitable Vogel lors d'une dernières séances du CM). Le premier adjoint, devenu maire par intérim tiendra, quand même, un dernier conseil pour faire voter le budget ; à cette occasion une élue s'en prendra violemment à Jean-Pierre Vogel sans toutefois le nommer. 

 

     Jean-Pierre Vogel se retrouve, à nouveau, maître du jeu. Peu de temps après le départ de Barré, il annonce que la future liste est prête. Il avait tout prévu mais trop c'est trop ! Des Bonnétabliens, principalement de sensibilité de gauche, décident de se mobiliser contre ces pratiques très bassement politiciennes. Dès la première réunion, la liste est quasiment complète mais il faut, en un très court laps de temps, remplir les formalités administratives, rédiger et imprimer profession de foi et bulletins de vote, distribuer un tract, préparer une réunion publique... Pari réussi par la liste dirigée par Thierry Bottras, professeur de lycée, tout juste retraité, qui se nomme "Bonnétable Autrement" (voir : https://www.facebook.com/bonnetable.autrement)

 

     Quant à la liste de droite, on a deux surprises : en effet, si beaucoup de candidats sont d'anciens élus de 2014 ou de 2020, il y a une revenante - Marie-Laure Pléver, évincée en 2017, qui prend la tête - et un absent : Jean-Pierre Vogel. 

 

     On se perd en conjectures au sujet de cette configuration. Est-ce Vogel qui a fumé le calumet de la paix avec celle qu'il avait écartée. Est-ce la tête de liste qui a exigé que le sénateur ne soit pas candidat. Est-ce celui-ci qui a eu peur d'un vote anti-Vogel dévastateur ? 

 

     Le 14 mai, la liste Pléver soutenue par toute la droite départementale, l'emporte nettement avec 875 voix (près de 64% et 22 élus) contre 499 (un peu plus de 36% et 5 élus). Le 22 mai, elle est élue maire de Bonnétable. Le jour du conseil, Jean-Pierre Vogel était assis au premier rang des spectateurs. 

 

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28 juin 2022 2 28 /06 /juin /2022 15:44

     Macron est dans le pétrin. Certes, il a été réélu Président - grâce aux voix de la gauche - mais il a subi un très grave échec aux législatives. Après les élections de 2017, il pouvait compter sur le soutien de plus de 360 députés et LREM à elle-seule, avait la majorité absolue. Certes, au cours du quinquennat, il y a eu pas mal de départs peu compensés par des ralliements mais la majorité absolue a toujours été assurée à l'alliance LREM + MODEM + divers droite pro-gouvernementaux. Cette fois-ci, leur alliance baptisée scandaleusement "Ensemble !" (qui usurpe le nom d'un parti politique de gauche dûment enregistré) compte plus d'une centaine de députés en moins et il lui manque plus de 30 députés pour avoir la majorité absolue. Ce n'est pas la droite "classique" (LR et UDI) qui en profite (elle perd la moitié de son contingent) mais le RN et, surtout, le bloc de gauche rassemblé dans la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale" (NUPÉS). "Jupiter" fait moins le malin et se rend compte que la France a encore un régime parlementaire et qu'il devra négocier en permanence s'il veut que son gouvernement tienne la route. 

     Les causes de l'échec sont connues : arrogance de Macron, choix désastreux d'une technocrate comme Première Ministre, absence de campagne... 

 

     Mélenchon n'a pas réussi son "pari" d'obtenir la majorité absolue pour lui et les autres partis de gauche, rassemblés dans la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale,  si tant est qu'il y ait cru. Néanmoins, le slogan "Mélenchon premier ministre" a été mobilisateur au premier tour. Par contre, il a été totalement contre-productif au second car la peur que l'Insoumis obtienne la majorité absolue avec ses alliés a amené nombre d'électeurs à faire barrage en votant pour les adversaires de la NUPÉS quels qu'ls soient. En fait, il a fait une campagne de second tour au premier tour en rassemblant la quasi totalité des forces de gauche mais il n'avait plus de cartouches au second. En mettant un signe égal de rejet entre l'extrême-droite et la soit disant extrême-gauche, les macroniens pensaient pouvoir en profiter pour apparaître comme le recours ; en fait, ils ont diabolisé la NUPÉS et, de fait, dédiabolisé le RN. 

 

     Le parti de Le Pen a obtenu un résultat totalement inattendu avec 89 députés élus un peu partout en France, y compris dans le Centre-Ouest. Le RN a fait moins peur aux électeurs de droite, voire de centre-gauche, que la coalition rassemblée autour de Mélenchon ; il est vrai que la formule "La police tue" n'a pas arrangé les choses en laissant entendre que l'Insoumis était du côté des délinquants (c'était faux mais c'est comme cela que ça a été compris). A contrario, Marine Le Pen a peu mené campagne se contentant de profiter des erreurs de ses adversaires. 

 

     Autre surprises : 

          - La droite "classique" (LR, UDI et divers droite) ne s'est pas effondrée et obtient presque autant de députés que LFI pur sucre. 

          - Succès spectaculaire des candidats de gauche, autonomistes et indépendantistes dans bon nombre de collectivités d'Outre-mer. Cela manifeste un rejet massif du macronisme qui s'était traduit pas les très gros scores de Mélenchon au premier tour des présidentielles et de Le Pen au second ("tout sauf Macron" !). 

 

     Dernière remarque. Dans mon analyse du scrutin en Sarthe (voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2022/06/legislatives-2022-en-sarthe.html,et les articles mis en lien) j'ai étudié les reports de voix.         

     Le sondeur interrogé par "Le Monde" (Jérôme Fourquet) arrive à des conclusions très différentes. 

          - Dans le cas d'un duel macroniens - RN au second tour,  seuls 1/3 des électeurs NUPÉS du premier tour ont voté pour le candidat macronien au second tour et 11% ont voté RN ; quant aux électeurs de droite, ils auraient voté à plus de 40% pour les candidats Macron et à 26% pour le RN.

          - Dans le cas d'un duel NUPÉS - RN, 40% seulement des électeurs macroniens auraient voté à gauche ; quant aux électeurs de droite, 47% seulement aurait voté RN et 18% auraient même voté à gauche. 

     IPSOS, évoqué par le même quotidien, va encore plus loin puisque, selon cet institut de sondage, le vote d'électeurs macroniens pour le RN ne serait pas si marginal qu'on l'imagine. 

     Je suis en total désaccord avec ces projections, du moins en ce qui concerne la Sarthe. Car, si on applique ces pronostics, Élise Leboucher aurait été élue haut la main dans la 4ème et Éric Martineau risquait fort d'être vaincu dans la 3ème. Il y a, cependant, une remarque qui me semble pertinente : l'électorat "modéré" est plus enclin à voter NUPÉS au second tour si le candidat n'est pas un LFI. 

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25 juin 2022 6 25 /06 /juin /2022 17:05

     A première vue, pas beaucoup de modification mais, à y regarder de plus près, il y a beaucoup de changements. 

 

     Les macroniens avaient 2 députés sortants qui ne se représentaient pas. Ils sont remplacés par 2 autres députés macroniens. La gauche avait 2 députées sortantes socialistes. Elle retrouve 2 députées mais la sortante de la 4ème est battue et est remplacée par une députée LFI tandis que si la sortante de la 2ème garde son siège c'est grâce au  soutien de LFI, du PCF, d'EE-LV et du PS national et malgré l'opposition de la fédération socialiste qui lui avait mis une candidate dans les pattes. Enfin, le sortant de la 5ème est réélu mais au prix de son changement d'étiquette : il n'est plus LR mais pas encore LREM bien que le parti de Macron l'ait investi et n'ait donc présenté aucun candidat contre lui alors qu'un jeune militant LR était présent au premier tour. 

 

     En 2017, le PS était présent au second tour dans 2 circonscriptions qu'il avait emportées ; LREM était présente partout - sauf dans la 4ème où elle n'avait pas de candidat afin ne pas gêner le sortant socialiste Stéphane Le Foll - et l'avait emporté 2 fois ; LR était présent dans 4 circonscriptions au second tour et avait obtenu un député seulement ; le RN n'était présent nulle part  au second tour de même que LFI. 

 

     En 2022, le PS était absent du second tour de même que LR. Inversement, le RN participait à 4 duels sans pouvoir en gagner un seul et l'alliance de gauche (NUPÉS) remportait 2 de ses 3 duels (une LFI et une ex-PS). Enfin, LREM et son allié gagnait les 3 duels où elle concourait. 

 

     Reprenons, circonscription par circonscription. Le cas de la 4ème est étudié dans 3 autres articles : 

https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2022/06/legislatives-2022-dans-la-4eme-circonscription.html 

https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2022/06/legislatives-2022-a-sable-sur-sarthe.html

https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2022/06/ouf.html

 

     Dans la 1ère, en 2012, une socialiste avait réussi à prendre le siège à la droite ; celle-ci espérait prendre sa revanche en 2017. Manque de chance, sa candidate trouvera sur sa route un jeune macronien qui raflera la mise d'extrême justesse face à LR. Il ne se représentait pas et les macroniens présentaient la fille d'un ancien cacique du PS local et de la député sortante de la 3ème de la Sarthe. Aux présidentielles, Macron était nettement devant Le Pen et Mélenchon mais Zemmour obtenait un résultat correct. La logique aurait voulu que l'on aboutisse à un duel de second tour entre LREM et le RN d'autant que le PS local présentait un dissident et que GRS faisait de même. Et bien, pas du tout. Julie Delpech, la macronienne virait en tête avec 24,75% devant la candidate NUPÉS Ghislaine Bonnet (22,97%). Celle-ci avait des réserves de voix puisque le total de gauche était de 33,95%. Elle a, néanmoins, été battue nettement (45,10% contre 54,90%) : elle a fait le plein à gauche et a grappillé une partie du vote RN mais la candidate macronienne a capté l'essentiel des voix de la droite LR et de l'extrême-droite (elle a multiplié par deux le nombre de voix du premier tour !). 

 

     Dans la 2ème, la socialiste, Marietta Karamanli avait conquis le siège en 2007, aux dépens de J.M. Geveaux. Ce député de droite a été élu de 1993 à 1997 et de 2002 à 2007 dans une circonscription très marquée à gauche depuis 1945 malgré ces deux intermèdes de droite. Depuis, elle l'a gardé contre vents et marées en faisant toujours plus au second tour que le total de la gauche au premier. En 2017, elle semblait menacée mais elle se hissait au second tour avec un léger retard sur le "marcheur" qu'elle battait nettement au sprint (elle gagnait environ 8 800 voix entre les deux tours alors que son adversaire en grapillait 1 200 faute de faire campagne). Cette année, elle aurait pu être éliminée car elle devait faire face à la violente hostilité de Stéphane Le Foll contre qui elle s'était présentée aux municipales du Mans, ce qui lui avait valu d'être exclue du PS mais pas du groupe parlementaire. Cette situation lui a valu d'être sacrée candidate NUPÉS lui épargnant une concurrence de LFI. Néanmoins, le PS local présentait une ancienne et éphémère sénatrice socialiste qui ne fera que 6,70%. Quant aux macroniens, ils ont eu l'idée saugrenue de présenter une parachutée de Loire-Atlantique espérant surfer sur les 27,4% de Macron aux présidentielles ; elle finira 3ème (18,79%) devancée par une candidate RN inconnue qui se qualifiera avec 20,94% des voix contre 36,53% à Karamanli. Le match était joué d'avance et la sortante le gagnera haut la main avec 63,06%. Elle réalise un exploit en étant en tête dans toutes les communes de la circonscription. 

 

     Dans la 3ème, l'élue LREM ne se représentait pas. Cette circonscription a connu des alternances de députés de droite et de gauche mais c'est terminé depuis 5 ans. Cette fois-ci, le RN pouvait espérer la victoire au vu du raz de marée d'extrême-droite aux présidentielles : au premier tour, Le Pen montait à 31,94% et le total d'extrême-droite frôlait les 42%. Au second tour des présidentielles, Le Pen était juste devant Macron. Sans surprise, on avait un duel LREM - RN au second tour des législatives avec un léger avantage à ce dernier qui menait avec 500 voix d'avance. Le candidat macronien redressait la situation en gagnant avec 700 voix d'avance. En effet, si le lepéniste a fait le plein des voix d'extrême-droite et de droite, les "marcheurs" ont pu compter sur près des 3/4 des voix de gauche du premier tour. Petite remarque : si les électeurs macroniens avaient fait de même dans l'autre sens (en faveur de la candidate NUPÉS) dans la 4ème, Élise Leboucher aurait été élue haut la main. Autre élément : le candidat LREM, Éric Martineau, est un élu local de même que son suppléant et ils sont de tendance centre-gauche (au sens propre).

 

     Dans la 5ème, le match a pu être serré dans le passé mais, en général, c'était le droite qui passait. En 2017, le candidat LR, Jean-Carles Grelier, alors maire de La Ferté Bernard, l'avait emporté face à un novice LREM qui le distançait à l'issue du premier tour. Il avait mis le turbo entre les deux tours alors que son adversaire croyait qu'il avait l'affaire en main. Pendant 5 ans, le député de la droite est allé au charbon mais il a dû penser qu'il serait plombé par le score calamiteux de Pécresse. Toujours est-il qu'il a adopté une stratégie subtile : être macronien sans le dire. Sur sa profession de foi, pas une seule fois le nom de Macron mais l'emploi du mot "Ensemble" au détour du titre et la couleur bleue de la droite. Il n'avait pas d'adversaire LREM et, en plus, il avait obtenu le soutien des ténors de la droite départementale et régionale ce qui n'a pas empêché la candidature d'un militant LR pour le principe. Il partait gagnant et la seule question était de savoir qui serait l'autre duelliste. La NUPÉS aurait dû en être mais le PS a présenté un candidat qui, en dépassant 9%, a empêché LFI d'être au second tour. Grelier a donc affronté une parachutée du RN qui a réalisé l'exploit de  dépasser de 3 000 voix le total de l'extrême-droite du premier tour. Le LR "orthodoxe" ayant obtenu 1619 voix, l'animaliste 488, le divers droite 263 et le divers gauche 292, on constate que même si tous ont voté RN (ce qui n'est absolument pas sûr), il faut encore expliquer plus de 300 voix. Surcroît de mobilisation ? Vote d'électeurs de gauche ? Quant à Grelier, c'est plus simple : il récupère près des 2/3 des voix de gauche du premier tour. 

 

     Conclusions rapides avant un dernier article : 

          - Le RN ne fait pas du tout peur aux électeurs de droite et du centre : il est complètement "dédiabolisé". Les électeurs LR votent pour lui dans leur immense majorité quand ils sont absents du second tour et, en plus, le RN obtient les suffrages des électeurs des candidats "divers" du premier tour voire une fraction minime (5%) d'électeurs de gauche si celle-ci est absente du second tour. 

          - L'alliance de gauche a permis la qualification de 3 candidates mais la présence de socialistes présentés par la fédération sarthoise a empêché le "grand chelem". Néanmoins, le report des voix a été correct (plus de 80% des électeurs des dissidents) mais moins qu'à l'extrême-droite où il a été quasiment parfait. Quant aux électeurs macroniens, ils ont été peu nombreux à faire jouer le "Front Républicain". 

          - L'alliance macronienne s'en sort bien car elle a été très fortement aidée par des adversaires éliminés. Dans la 1ère, la droite a voté massivement pour elle pour contrer la gauche ; dans la 3ème et la 5ème, la gauche s'est mobilisée fortement pour bloquer le RN. 

          - Quant aux "divers" (animalistes, divers droite, divers), ils penchent très nettement à droite au second tour. 

          - Enfin, le travail sérieux d'un élu sortant paie alors que les parachutages ont des résultats contrastés : négatifs pour LREM mais pas du tout pour le RN. 

 

     A suivre...

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23 juin 2022 4 23 /06 /juin /2022 09:40
Législatives 2022 dans la 4ème circonscription

     Du début à la fin de la campagne, ce fut un scénario totalement inédit avec un dénouement à la Hitchcock. Je dois avouer que je m'étais un peu trompé dans mes prévisions mais elles avaient été esquissées il y a 7 mois déjà quand je faisais l'historique de cette circonscription et que j'évaluais les forces en présence. Depuis, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts de la Sarthe et de la Seine (https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2021/11/la-quatrieme-circonscription-de-la-sarthe.html et https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2021/11/la-quatrieme-circonscription-de-la-sarthe-2.html). On regardera, avec intérêt, les résultats de 2012 (victoire de Hollande et de le Foll)  et la comparaison avec 2007 (victoire de Sarkozy et de Fillon) : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/article-quel-vainqueur-dans-la-4eme-circonscription-de-la-sarthe-2-106252413.html et https://gerard-fretelliere.over-blog.com/article-premier-tour-dans-la-4eme-de-la-sarthe-106905786.html. Par contre, je ne retrouve pas d'article écrit après les élections législatives de 2017 ce qui n'est pas gênant car j'ai les résultats par un autre biais. 

 

     La première surprise, à l'issue du premier tour de 2022 fut la non qualification du candidat macronien (Joachim Le Floch-Imad). Il l'a avoué sans fard : il pensait tellement qu'il serait présent au second tour qu'il avait déjà imprimé les tracts pour le 19 juin (et il semble qu'il en a même fait distribuer quelques-uns). Effectivement, le score de Macron au premier tour de la Présidentielle était prometteur (16 341 voix et 27,80%). Comment expliquer cet échec ? Il y a, tout d'abord, eu une erreur dans le choix de parachuter un candidat : en période de "hautes eaux" électorales comme en 2017, cela n'aurait pas eu d'incidence négative mais le macronisme subissant un reflux, il aurait été plus judicieux de choisir des "notables" et il n'en manquait pas dans les partisans de Macron de la circonscription ; de préférence en choisissant un candidat "rural" et une suppléante du Mans. Par ailleurs, j'ai été surpris de ne pas recevoir de tract dans ma boîte à lettres et celui que j'ai récupéré au marché était distribué par des inconnus. Et, surtout, la candidature a été plombée par la stratégie d'évitement de Macron et le choix calamiteux d'une technocrate comme Première Ministre. Ceci dit, son résultat n'est pas déshonorant : 19,09% à moins de 800 voix de la qualification.

 

     La seconde fut la qualification de la candidate d'union de la gauche et la défaite de la sortante socialiste malgré une bonne campagne. Il y a 6 mois, je ne pariais pas un centime sur sa réélection mais l'accord national entre LFL, EELV, le PCF, Générations et le PS lui laissait le champ libre voire le soutien des militants des partis constitutifs de la NUPÉS. Le Foll a pesé pour que le PS local refuse cet accord et a entraîné Tolmont dans le choix de la dissidence ce qui a entraîné, en réaction, et à la dernière minute, la candidature d'une militante proche de LFI (suppléante d'une conseillère départementale EE-LV) et d'une écologiste : Élise Leboucher qui a finalement facilement gagné cette "primaire" à gauche (21,87% contre 15,47) grâce à l'effet d'entraînement de Mélenchon et, aussi (et surtout ?) à la volonté d'unité des sympathisants de gauche. 

     En 2017, LREM avait fait un cadeau à Le Foll, le candidat socialiste d'alors (devenu, ensuite, maire du Mans) en ne présentant pas de candidat contre lui. Ce n'était donc pas le cas cette année et, logiquement, on constate un  recul des voix de gauche. C'est très net en pourcentage : 38,58% contre 50,51% en 2017 et en ce qui concerne les voix : le total des candidats de gauche (NUPÉS + PS + LO) est de 13 864 voix en 2022 (respectivement : 7 878 ; 5 574 et 412) contre 18 254 avec 5 candidats en 2017 (dont 10 954 à Le Foll pour le PS et un total de 6960 pour les candidatures séparées LFI, EE-LV et PCF ; LO n'ayant que 340 voix). Bref : - 4 390 voix à gauche. Il est vrai que , le total des candidats de gauche à la présidentielle était très décevant : 28,97% et 17 028 voix. On a quand même une augmentation du pourcentage par rapport à la Présidentielle à l'inverse du candidat macronien et de celui du RN (et de l'extrême-droite). Ce qui montre que la gauche a su mobiliser des électeurs qui avaient déserté pour Macron aux présidentielles. 

 

     La troisième surprise fut la 5ème place d'un des deux finalistes de 2017, Emmanuel Franco de L.R. Cela montre le recul de l'influence de la droite "classique" coincée entre la nouvelle droite macronienne et l'extrême-droite. En 2017, il obtenait 10 005 voix (22,15%) malgré plusieurs candidatures de droite concurrentes dont celle du maire de La Suze (un peu plus de 5%) ; 5 ans après il n'en n'a plus que 4 261 (11,83%). Il est vrai qu'en 2017, malgré l'affaire Fillons-Joulaud, la droite avait encore de beaux restes et bénéficiait, à la fois de l'absence de candidat LREM et du recul du RN après les présidentielles. 

 

     Par contre, pas de surprise avec la qualification du candidat du R.N. Le Pen était en tête au premier tour de la Présidentielle de 2022 dans la circonscription avec 16 469 voix (28,02%). Le candidat de Malherbe ne retrouve que 7 672 voix (21,30%) ; il perd plus de la moitié de son électorat et baisse en points de pourcentage ; sans doute au profit de Franco. Les deux autres candidats d'extrême droite reculent dans les mêmes proportions ce qui fait que le total d'extrême-droite qui était très élevé aux présidentielles (35,34% avec plus de 20 000 voix) baisse très nettement : perte de plus de la moitié de l'électorat et baisse de près de 10 points en pourcentage avec 25,98% donc très nettement derrière le total de gauche. Néanmoins, la dégringolade est moindre qu'en 2017 quand la candidate aux législatives du R.N. n'avait obtenu que 12,96% et que le reste de l'extrême-droite était dans les choux. 

     Une remarque s'impose à ce stade : les électorats de droite et d'extrême-droite ne sont pas étanches. Aux présidentielles, un grand nombre d'électeurs L.R. a voté Le Pen ou Zemmour ; et, inversement (mais dans une moindre proportion) au premier tour des législatives puis ont effectué un voyage encore inverse, vers le candidat RN au second tour. La "digue" est totalement rompue. 

 

     Le second tour était donc totalement inédit.

 

      La candidate NUPÉS virait en tête avec une courte avance (206 voix). Ce qui était un exploit comme on l'a vu antérieurement. Elle devait pouvoir compter sur les réserves de la candidate PS alors que les réserves du candidat RN à l'extrême-droite étaient plus minces. Situation dangereuse dite "syndrome Luby" : il y a quelques décennies, ce maire communiste d'Allonnes virait en tête aux cantonales et pouvait escompter sur un potentiel de gauche de plus de 57% ; tout le monde étant convaincu que ce serait une partie de plaisir au second tour, l'électorat s'est démobilisé et Luby fut vaincu. Élise Leboucher obtient 14 891 voix le 19 juin soit quasiment 7 000 voix de plus qu'au premier tour mais à peine plus de 1 000 voix supplémentaires par rapport au total de la gauche : les électeurs macroniens n'ont pratiqué le "front républicain" que de façon minoritaire ; comme des électeurs de Tolmont ont refusé de choisir la gauche, on peut estimer que de 80 à 85% des électeurs de Le Floch-Imad ont voté blanc ou nul ou se sont abstenus. 

 

     Inversement, le candidat RN a connu un bond entre les deux tours. Il gagne plus de voix que sa concurrente car, non seulement, il fait quasiment le plein à l'extrême-droite (le cas de Chevillé dont l'ancien maire est passé chez Zemmour mais où la gauche est en tête le 19 juin, pose question) mais récupère bien au-delà. Le total des voix de l'extrême-droite était de 9 357 ; il passe à 14 803. Il gagne donc 5 446 voix par rapport à ce "matelas". Comme Franco avait 4 261 voix qui ne sont sans doute pas tous reportés sur de Malherbe, on peut penser qu'il a récupéré une part considérable du candidat divers, Barbet (1 232 voix) voire des voix obtenues par le candidat animaliste (430 voix) et de nouveaux électeurs et, sans doute (horresco referens) de macroniens. En tout cas, il a fait le plein de toutes les voix de droite sans exception. Cette "dédiabolisation" du lepénisme est totalement inédite. 

 

     La répartition géographique des suffrages est particulièrement éclairante (voir la carte). Le RN écrase la concurrence dans toute la partie ouest de la circonscription (anciens cantons de Sablé, Loué, Brûlon et Malicorne) qui ont une forte tradition de droite. Il existe très peu d'exceptions surtout situées dans le nord-ouest et à Asnières, commune résolument à gauche. Et ceci, même si, le ou la maire est de gauche et a fait campagne pour la gauche (je pense à Arthezé tout particulièrement). Inversement, les anciens cantons de La Suze, Allonnes et la partie mancelle de la circonscription ont voté à gauche (exception : Étival dont le maire est Franco). Ce qui a sauvé la gauche, c'est Le Mans avec plus de 68%. Le fait que la candidate y soit assez bien connue explique en partie ce succès mais il faut, également, prendre en compte le fait que la mobilisation y est plus facile. 

 

     A suivre...

 

 

 

 

     

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22 juin 2022 3 22 /06 /juin /2022 18:56
Carte des bureaux de vote. ATTENTION : depuis 2017, il y a eu des changements dans les noms (ex. Anjou devient Simone Veil ou La MAE est remplacée par Madeleine Marie ; quant à Gastines, c'est Bourgeteau)

Carte des bureaux de vote. ATTENTION : depuis 2017, il y a eu des changements dans les noms (ex. Anjou devient Simone Veil ou La MAE est remplacée par Madeleine Marie ; quant à Gastines, c'est Bourgeteau)

     Les commentateurs se sont attardés sur le cas de la 4ème circonscription du fait du très faible écart de voix au second tour (88) entre Élise Leboucher, qui a gagné, et Raymond de Malherbe (voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2022/06/ouf.html) mais, également, en raison du taux considérablement élevé de blancs et nuls au même tour (14,27%). J'y reviendrai mais je commence l'analyse par la comparaison entre le premier et le second tour dans la commune de Sablé qui a donné un résultat inverse avec une avance de 30 voix pour le R.N. (1,24 points de pourcentage) -  alors que les résultats du premier tour ne laissaient pas présager ce score - et un pourcentage exceptionnel de blancs et nuls en plus d'une forte abstention. 

 

     PREMIER TOUR.

 

     Le 12 juin, la participation était faible : sur 7771 électeurs inscrits (un nombre en baisse régulière), seuls 3220 se sont déplacés (41,44%). Le pourcentage était donc plus faible qu'au niveau national et est le plus faible taux de participation jamais enregistré pour ce type d'élection même en tenant compte du fait qu'il y a toujours un certain nombre de cartes électorales qui n'étaient pas parvenues à leurs destinataires (sans doute moins qu'en 2020 où elles se montaient au chiffre astronomique de plus de 1200 !). 

     Si on analyse par bureau de vote, la plus faible est, sans surprise, Saint Exupéry avec 26,18 % ; on a 2 autres bureaux en dessous de 40% ( Montreux et Le Pré) mais aucun bureau n'a dépassé 50% (les moins "mauvais" étant Théophile Plé, Gastines 1 et Simone Veil qui, seuls dépassaient les 45%). On constate, encore une fois, que les quartiers de HLM sont ceux où la participation est la plus faible : plus on est pauvre, moins on vote ! Ce n'est pas nouveau mais c'est une des grandes faiblesses de la gauche. 

     On comptabilisait 59 blancs et nuls soit 1,84% des exprimés - ce qui est faible - mais avec des différences notoires : de 3,69 au Pré (suivi de près par Saint Exupéry avec 3,60) à 1,11 à Madeleine Marie 2. 

 

     Toujours au premier tour, le candidat arrivé en tête à Sablé était le candidat macronien, Joachim Le Floch-Imad avec 704 voix (soit 22,27%) devant celui du R.N. de Malherbe (616 voix et 19,19%), la candidate d'union à gauche Leboucher (597 et 18,89%), la candidate socialiste Tolmont (480 et 15,19%) et celui de LR Franco (432 et 13,67%). Dans une commune où L.R. et les partis de la droite classique l'ayant précédé obtenaient des scores fleuves aux temps de Le Theule et Fillon, on se rend compte de l'humiliation que cela représente d'être relégué à la cinquième place dans ce fief (comme au niveau de la circonscription) du fait, principalement, de l'affaire Fillons - Joulaud. On constate également l'érosion de la gauche socialiste sarthoise qui est devancée par la candidate d'union de la gauche alors qu'elle est la sortante. Il faudrait que je recherche les résultats des élections de 2007 (victoire nationale de Sarkozy et locale de Fillon) et de 2012 (victoire de Hollande et de Le Foll). J'ai seulement une analyse au niveau de la circonscription qui donne déjà une idée de la perte de voix. Les "finalistes" de tous les scrutins précédents sont débordés au centre et sur leur droite ou sur leur gauche. On se dit, également, que la parachuté macronien pouvait espérer figurer au second tour au vu de ces résultats mais c'était sans compter sur la partie est de la circonscription acquise à la gauche. 

     En analysant par bureaux de vote, on remarque que le candidat de Macron fait ses meilleurs scores dans la partie centrale de la ville sauf exceptions alors qu'il est plombé dans les quartiers populaires. Le candidat du R.N. fait un tabac dans deux quartiers populaires où il dépasse les 30% : Le Pré (33,45% et Saint Exupéry (31,68) ; il est également en tête à Montreux avec plus de 24% et à la Maison des Associations avec un peu plus de 23%. il s'agit des 3 quartiers populaires. Inversement, il fait des scores décevants dans les quartiers plus centraux (moins de 10% à Madeleine Marie 1) ou "classes moyennes" (13,73% à Gastines 1). Élise Leboucher obtient son meilleur score dans le quartier le plus populaire : Saint Exupéry (plus de 26%) puis dans les quartiers intermédiaires comme Madeleine Marie 1, Gastines 1 et Maison des Associations où elle dépasse les 22% ; le plus mauvais étant Simone Veil avec un très décevant 13,42%. Sylvie Tolmont est généralement derrière elle hormis à Gastines 1 (23,92 contre 23,14) et n'atteint plus les 20% dans aucun autre bureau ; son plus mauvais score est, de loin, à Saint Exupéry avec 6,83%. C'est dans ce bureau, également, que Emmanuel Franco fait son plus mauvais score à égalité avec la socialiste. Partout ailleurs, il dépasse les 10% mais son sommet n'est que de 17,69% à Gastines 2 (bureau de sa colistière) ; il tutoie les 17% à Simone Veil. Ce bureau est, également le seul où le zemmourien dépasse les 5% alors qu'il fait un bide à Saint Exupéry et au Pré où le vote d'extrême-droite est happé par le R.N.

 

     Si on raisonne par grands blocs, le tableau est un peu différent. Les 3 candidats de gauche obtenaient 1094 voix et 34,73% devant le total des 3 candidats d'extrême-droite avec 770 voix (24,37%). Le ballotage paraissait donc favorable pour la candidate de gauche qualifiée. Si on ajoute les voix de Franco, le total extrême-droite + droite se montait à 1202 soit  108 voix de plus que la gauche et un peu plus de 38% mais on supposait qu'une proportion significative de la droite se disant "normale" ne voterait pas de Malherbe au second tour. L'affaire paraissait pliée d'autant que les "centristes" qui voteraient pour un candidat semblaient nettement plus enclins à voter à gauche. Le second tour va montrer qu'il n'en sera rien. 

 

     SECOND TOUR.

 

     Le 19 juin, il n'y avait que 2 finalistes du fait de la modification antérieure de la loi électorale fixant la participation au second tour à un seuil de 12,5% des inscrits ou, à défaut, aux 2 premiers. Sans cette loi, faite pour éviter les triangulaires, on aurait pu avoir 2 candidats supplémentaires : LREM et LR. et le résultat aurait été peut-être différent. 

 

     Ce qui frappe tout de suite, c'est le pourcentage considérable de "non expression" ; c'est à dire des électeurs qui n'ont choisi aucun des deux candidats. La participation est en baisse (3220 - 3056 = - 164) ; le nombre de blancs et nuls fait un bon gigantesque (634 - 59 = + 575) ; il atteint 20,75% ; 739 électeurs de plus que le 12 juin ne se sont pas "exprimés". Résultat : moins d'un électeur sur 5 (18,57%) a porté son choix sur un des deux finalistes. De toute évidence, une très large majorité des électeurs macroniens est restée chez elle au lieu de faire jouer le "front républicain" ; elle y était incitée par Macron et compagnie et ça a marché. Mais, il y a plus comme on va le voir. 

     En attendant, examinons les différences d'un scrutin à l'autre selon les bureaux.         

     Curieusement, l'abstention n'a pas bougé d'un iota au Pré et elle a très peu augmenté à Simone Veil, Madeleine Marie 1 et 2, Gastines 2 et Saint Ex. Les plus fortes poussée (en pourcentage) sont au centre-ville et à Gastines 1.

     Quant aux blancs et nuls, l'ampleur est spectaculaire dans 6 bureaux : Mairie (25,7% contre 2,05% au premier tour), Madeleine Marie 1 (25,94% contre 2,07 au premier tour), Simone Veil (23,88 contre 1,57 au premier tour), Madeleine Marie 2 (23,19 contre 1,11% au premier tour), Théophile Plé (22,54% contre 1,19% au premier tour), Gastines 1 (21,61 contre 1,54% au premier tour). Les pourcentages relativement les plus faibles se situent dans les quartiers où l'abstention est souvent plus forte. 

     La baisse des suffrages exprimés est, donc, souvent très élevée (je n'ai pas calculé en pourcentage mais en valeur absolue) : elle va de - 117 à Théophile Plé à - 23 à Saint Exupéry. 

 

     Les évolutions par candidats. 

     La candidate de gauche, Élise Leboucher passe de 597 voix à 1196 soit + 599 voix. Le candidat d'extrême-droite, Raymond de Malherbe passe de 616 voix à 1226 soit + 610 voix. Il était devant ; il reste devant mais gagne un peu plus. C'est ce qui surprend car il avait moins de "réserves" en théorie. En effet, si Élise Leboucher gagne 32 voix par rapport au total des voix de gauche au premier tour, son adversaire fait 436 voix de plus que le total d'extrême-droite du premier tour et même 24 voix de plus que le total extrême-droite + droite au premier tour. On peut imaginer que la majorité des 95 voix grappillées par Didier Barbet au premier tour sont allés au R.N. et que les voix "animalistes" se sont dispersés de façon à peu près égale. Il n'en reste pas moins que les électeurs de Franco ont, dans leur immense majorité (les 5/6 sans doute) considéré qu'entre la droite "classique" et l'extrême-droite, le fossé était quasiment aplani. Quant à la candidate de gauche, ses quelques voix supplémentaires par rapport au total de la gauche viennent sans doute, en partie des électeurs macroniens (environ 15 à 20% des électeurs de Le Floch-Imad ont choisi Leboucher et les meilleurs scores de la gauche se situent là où le macronien avait dépassé les 25%) plus quelques amis de David Dalibert (candidat sur une liste d'union avec la gauche en 2020) voire de Barbet et de Franco. Inversement, il y a un phénomène troublant : alors que la candidate NUPÈS gagne des voix partout ou presque par rapport au total de gauche, elle perd 28 voix par rapport à ce total à Gastines 1. Or, c'est le seul bureau où Tolmont était en tête avec 61 voix. Comme c'et le bureau où les amis de David Dalibert ont fait leur meilleur score et qu'il y a eu des reports venant du candidat macronien, on peut penser que, dans ce bureau, plus de la moitié des électeurs socialistes n'ont pas voté Leboucher. Cherchez des noms !!! Le phénomène ayant sans doute eu lieu ailleurs, on peut raisonnablement penser que 15 à 20% des électeurs de Tolmont sont allés à la pèche ou ont voté blanc ou nul. 

     Curieusement, Élise Leboucher est en tête dans 6 bureaux sur 11 (maximum 63,84 à Madeleine Marie 1 pas loin de chez moi ; mon bureau ne faisant que 50,1%) et de Malherbe dans 4 bureaux seulement avec un fief dans le quartier du Pré (une moyenne de 63% pour les 2 bureaux du quartier ; pourquoi ???). Il y a égalité à Saint-Ex. 

 

     Cette évolution n'est pas propre à Sablé. On la retrouve sans doute dans l'ensemble de la circonscription et elle est flagrante au niveau national (la NUPÈS a perdu 55% de ses duels avec le R.N.). Pour un électeur de droite classique, les amis de Le Pen ne font pas peur et on peut voter pour eux sans complexe au second tour ; ce n'est plus le "ni extrême-droite ni gauche" mais soutien massif à l'extrême-droite. Quant aux électeurs macroniens, ils mettent un signe quasi égal entre extrême-droite et gauche unie alors qu'antérieurement, ils soutenaient majoritairement un candidat de gauche au second tour en cas de duel avec un lepéniste. Quant aux socialistes dissidents, leurs électeurs ont tendance à voir dans la NUPÉS un épouvantail mais, au dernier moment, la grande majorité se décide à voter quand même pour le candidat de gauche en lice. Bref, si vous êtes soutenu par Mélenchon, vous faites plus peur que si vous êtes lepéniste. Il y a matière à réflexion. 

 

 

     

 

 

 

     

 

 

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20 juin 2022 1 20 /06 /juin /2022 08:42
Ouf !

     88 voix seulement séparent la candidate de gauche, Élise Leboucher, du candidat de l'extrême-droite, parachuté depuis son château de la vallée du Loir. Je n'aurais jamais imaginé un score aussi serré. Et, encore moins, que le R.N. obtienne, d'une courte tête, la majorité des suffrages à Sablé même. Pour preuve, ce pronostic erroné : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2021/11/la-quatrieme-circonscription-de-la-sarthe.html et https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2021/11/la-quatrieme-circonscription-de-la-sarthe-2.html

 

     Je vais étudier les résultats dans le détail et je livrerai une analyse plus approfondie dans un ou plusieurs autres articles. Que mes fidèles lecteurs soient patients ! Quelques remarques à chaud. 

 

     Primo : la poussée du R.N. au second tour n'avait été imaginée par personne et, pourtant, elle est bien réelle. Pour ma part, j'ai analysé les ressorts du vote pour les lepénistes qui monte inexorablement dans notre canton et les cantons voisins (voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/article-tentative-d-analyse-du-vote-front-national-124092935.html et https://gerard-fretelliere.over-blog.com/article-resultat-des-departementales-dans-le-canton-de-sable-1-125641196.html  plus celui-ci : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/article-desintegration-123783997.html

 

     Secundo : de Malherbe a fait le plein des électeurs d'extrême-droite du premier tour (ceux qui avaient voté pour les candidats de Zemmour et Dupont-Aignan) mais, en plus, il a obtenu un certain nombre de suffrages qui s'étaient portés sur le candidat LR au premier tour. Le R.N. étant "dédiabolisé", il est apparu comme un parti de droite comme un autre.

 

     Tertio : le "front républicain" a fonctionné très  imparfaitement. En toute logique, face au danger R.N. la candidate du P.S. départemental (Sylvie Tolmont), le parachuté macronien voire le candidat L.R. auraient dû appeler à faire barrage au candidat lepéniste. Il n'en a rien été : Emmanuel Franco, suivi par le macronien ont considéré qu'il y avait un signe d'égalité absolu entre la gauche et l'extrême-droite. On ne leur demandait pas d'appeler à voter pour Élise Leboucher mais, au moins, de demander de ne pas voter R.N. Quant au P.S. départemental, il s'est contenté d'appeler à voter pour les candidats de gauche et progressistes au second tour sans citer de noms. Pire : sur la page facebook d'un militant socialiste sabolien, qui fut un pilier de la campagne des municipales de 2014, on lisait, à longueur de journée, des attaques, souvent diffamatoires, contre la N.U.P.E.S. et le dit militant mettait dans le même sac la candidate de gauche et le candidat lepéniste. Lamentable ! Moi qui ait toujours voté pour le candidat opposé au R.N. au second tour, y compris en faveur d'un candidat de droite, moi qui ait toujours voté, au second tour, pour le candidat de gauche arrivé en tête à l'issue du premier tour, je suis un peu écoeuré. Heureusement, il y a eu, sans doute, de nombreux électeurs de Tolmont ou de Le Floch-Imad à réagir plus sainement en pensant : "Élise Leboucher est soutenue par Mélenchon que j'exècre mais je suis de gauche et pour faire barrage au R.N. il n'y a pas à tergiverser". 

 

     Quand j'aurais étudié les résultats en détail, je pourrai livrer une analyse plus approfondie des reports de voix mais je ne pense pas me tromper en ce qui concerne les grandes tendances. 

 

     Une conclusion inquiétante s'impose : si les militants de gauche dans leur ensemble ne réagissent pas rapidement et fortement, le canton de Sablé, la mairie de Sablé et la circonscription passeront à l'extrême-droite aux prochaines élections. On s'unit ou on meurt ! Au travail ! 

 

     

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17 février 2022 4 17 /02 /février /2022 18:24

     Quelques citations : "On n'est jamais trahi que par les siens". "Ce n'est pas la girouette qui tourne, c'est le vent". "Père gardez-vous de vos amis, vos ennemis, je m'en charge". "Tu quoque mi fili". Et on pourrait, sans doute en trouver d'autres pour définir l'ambiance de cette présidentielle qui bat des records de trahisons et de débauchages. 

 

     Dernier exemple en date : Ségolène Royal qui déclare que Mélenchon est le mieux placé à gauche ce qui signifie qu'il ne faut pas voter pour Anne Hidalgo. L'ex-compagne de François Hollande règle les comptes non soldés de la campagne de 2007 pendant laquelle les caciques du P.S. lui avaient tiré dans les pattes. Il faut, cependant, rappeler que Ségolène Royal avait appelé à voter pour la candidate de droite aux dernières régionales en Ile de France. En 2017, c'étaient d'autres socialistes qui lâchaient le candidat officiel, Benoît Hamon, non pas pour soutenir leur ex-camarade Mélenchon mais pour rallier Macron qui avait pourtant trahi Hollande. Ils ont été bien récompensés : beaux maroquins et présidence de l'Assemblée Nationale. "La vengeance est un plat qui se mange froid".

 

     En 2009, le PCF avait déroulé le tapis rouge à Mélenchon qui venait de quitter le P.S. Le parti de la Place du Colonel Fabien avait constitué le Front de gauche avec le petit parti créé par Mélenchon et un groupe dissident du N.P.A. Pour que l'alliance se concrétise, le P.C.F. avait fait un beau cadeau aux ex-socialistes pour les Européennes et le résultat avait été fort correct. En 2012, Mélenchon s'impose au forceps comme candidat du Front de Gauche aux Présidentielles ; les communistes suivent ainsi que d'autres mais toujours dans le cadre d'une alliance. Le résultat est là : plus de 11% malgré la concurrence d'une candidate écologiste et, surtout, les plus de 28% de Hollande. Ensuite, l'alliance se délite (voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2022/02/la-gauche-la-plus-bete-du-monde-3.html). Mélenchon aurait pu accéder au second tour en 2017 s'il n'avait commis de graves erreurs : il a traité le P.C.F. en porteur d'eau puis l'a sèchement éconduit pour les législatives ; il n'a pas su séduire l'électorat P.S. ; il s'est plus adressé aux classes moyennes qu'aux classes populaires. Plus tard, il a fini de se fâcher avec les communistes et a viré sans ménagement tous ceux qui exprimaient le moindre désaccord. Tous ceux-là lui en veulent à mort sans parler de ceux qui ont été scandalisés par son arrogance, ses volte-face, son mépris vis à vis de la démocratie, des journalistes, des juges... ses colères. 

 

     Il était inéluctable que les communistes en aient assez de jouer les carpettes sur lequel le chef s'essuie les pieds. Le "coup d'État" qui a porté Roussel au pouvoir en est la conséquence. La rupture était évitable mais Mélenchon en a été tout heureux en pensant que le P.C. allait se suicider et faire place nette. Ce qui n'a pas été tout à fait vrai car "la bête" vivait encore aux Européennes, aux Municipales, aux Départementales et aux Régionales alors que les résultats des mélenchonistes s'effondraient. 

 

     Puisqu'il y a un candidat communiste, la réponse mélenchoniste se décline en plusieurs temps : 1° Débaucher les élus : le résultat est assez intéressant jusqu'à maintenant (mais Roussel a récupéré des déçus de Mélenchon). 2° Essayer d'empêcher Roussel d'être candidat en pleurant auprès de ses élus qu'il n'a pas assez de parrainages : "caramba, encore raté !". 3° Appeler au vote utile en expliquant urbi et orbi que le petit rien que Roussel obtiendra c'est ce qui manque à Mélenchon (curieusement, il n'y a jamais d'appel du pied envers les autres candidats de gauche même s'il a débauché quelques intellectuels de salon proche des écologistes). 4° Accessoirement, accepter l'aide de tendances trotskistes diverses comme le P.O.I. (qui a l'avantage de contrôler la Libre Pensée et des pans de F.O. voire de la C.G.T.) et une fraction du N.P.A. de Poutou (Voir :https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2022/02/la-gauche-la-plus-bete-du-monde-4.html)

 

     A droite, et à l'extrême-droite, c'est encore pire. Z......, (voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2021/12/z.html) candidat de Bolloré et de tous les réactionnaires, débauche tous azimuts ; aussi bien à L.R. qu'au F.N. Et les prises sont conséquentes, y compris au coeur de l'appareil lepéniste où Z...... avait une "taupe". Les pires antisémites rallient un Juif qui a l'énorme avantage d'être un anti-musulman obsessionnel ; mystère de la politique ! Les "père la vertu" soutiennent un falsificateur de l'histoire, un condamné à plusieurs reprises et un individu dont le comportement est à l'opposé de leurs convictions ; et ils voudraient qu'on leur donne le bon Dieu sans confession ! 

 

     Quant à Macron, s'il n'a plus d'écologiste ou de socialiste à débaucher, il lui reste des possibilités à droite et il ne chôme pas non plus. Les macroniens ont récupéré un bon nombre de maires de grandes villes et, localement, un "sans étiquette" (ne riez pas), un ex-responsable C.G.T. (qui a viré sa cuti en devenant maire), et une flopée d'élus de droite ou centristes. "L'herbe est toujours plus verte là où il pleut"

 

     Ce cynisme, cette absence de respect de ses engagements sont révoltants. On peut être en désaccord sur des choix de l'organisation à laquelle on appartient mais on ne passe pas à la concurrence comme ça. 

 

     Il me semble que si nous vivons une époque où les traîtres sont rois, c'est parce que nous avons affaire à l'offensive de 3 candidats "anti-partis"  : un à l'extrême-droite, un au centre, un à gauche. Ils flattent le goût des Français pour l'homme providentiel mais, dépourvus de la base que constitue un parti, ils ne peuvent prospérer qu'en se transformant en vampires ou en sangsues. Il y a de quoi se faire du mauvais sang. 

 

     

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7 février 2022 1 07 /02 /février /2022 07:54

     Suite d'une série d'articles. Voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2022/02/la-gauche-la-plus-bete-du-monde-3.html

 

     Jean - Luc Mélenchon est, donc, candidat pour la troisième fois. Est-ce qu'il a une chance de rééditer l'exploit de Mitterrand et de Chirac qui l'emportèrent à leur troisième essai ? Encore faudrait-il qu'il soit qualifié pour le second tour ce qui ne semble pas acquis. Ses partisans nous bombardent de sondages qui laissent entendre qu'il a des chances de l'être s'il obtient 2% supplémentaires. Il suffirait donc que le candidat communiste, Fabien Roussel, retire sa candidature créditée, selon eux, de 2%, pour que l'ancien socialiste affronte Macron au tour final. On joue sur deux tableaux : la pression envers le "vote utile" et la stigmatisation des "traîtres" communistes qui ne se présentent que pour bloquer Mélenchon. Cependant, d'autres sondages, évoqués par des concurrents ou par des journalistes qui semblent bien informés, le situent autour de 10% donc loin de la qualification. De toute façon, même si Mélenchon sautait le premier obstacle, on voit mal avec quelles alliances il pourrait multiplier son score par 3 ou 4 pour espérer l'emporter. 

 

     Reconnaissons à Mélenchon que lui et ses partisans mènent campagne. Pas encore de réunion publique à Sablé mais une à La Flèche, d'autres à Angers et au Mans, un meeting à Nantes puis un autre à Tours. On a trouvé un tract (pour les jeunes ! ) sur le pare brise de notre voiture, à l'hôpital du Bailleul et on a vu des affiches sur les murs.  Alors que les autres candidats de gauche sont aux abonnés absents. Autres atouts : il demeure un bon orateur (sans doute le meilleur actuellement) et un bon débatteur ; il possède un programme solide à défaut d'être enthousiasmant ; il attire de nouveaux soutiens. 

 

     Pour 2022, on ne dit plus  "La France Insoumise" (quelle formule horrible) mais "L'Union Populaire" (parfois transformée en "Action Populaire") que ses partisans définissent comme l'union du peuple autour du programme "L'Avenir en Commun" (et de la personne de Mélenchon). Ce changement de nom se veut un élargissement, par rapport à la campagne de 2017, dans deux directions : un programme qui s'adresse nettement plus aux classes populaires qu'en 2017 (il y a, également, besoin de couper l'herbe sous le pied de Fabien Roussel) et une chasse (assez efficace pour le moment) à des soutiens extérieurs. Lors du premier meeting, à Paris, fin 2021, le candidat a dévoilé le "Parlement de l'Union Populaire". Contrairement à ce que l'on pourrait imaginer, il n'est pas composé de membres élus par la base mais d'un groupe coopté composé pour moitié de membres de la L.F.I. et pour moitié de personnalités non issues de la France Insoumise. On laissera de côté les acteurs, écrivains, artistes, responsables d'O.N.G. - fort respectables mais sans beaucoup de troupes - pour s'intéresser aux résultats les plus intéressants de la pèche : des militants de partis écologistes et du parti Communiste. Sur ce dernier point, il a fait fort : un député communiste, une députée apparentée, deux présidents de Conseil Régional, anciens députés apparentés au PCF et quelques maires communistes. Le but est de "plumer la volaille" communiste et de jeter le trouble dans les rangs de son ancien allié. Ceci dit, on ne sait pas trop à quoi servira le dit "Parlement".

 

     Ce que cherche à démontrer Mélenchon est que la gauche c'est lui et lui seul. Point à la ligne. Tous les autres partis et candidats de gauche sont de droite (ex Taubira ou Jadot) ou des "social -traîtres" (formule prisée par ses "fans" et qui fleure bon des restes staliniens) ou bien ils sont à mettre dans les poubelles de l'Histoire (le P.C.F. , Poutou et Arthaud). Bref, l'Union Populaire, encore plus que L.F.I. est le creuset unique de toutes les traditions de la gauche : les sociaux-démocrates de gauche avec le Parti de Gauche, les écologistes, les autogestionnaires et alternatifs, les communistes, les trotskistes. Sur ce dernier point, on constatera que les "lambertistes" historiques du P.O.I. soutiennent Mélenchon ainsi qu'une tendance du N.P.A. et qu'il y a plus qu'une similitude entre le projet lambertiste d'un parti ouvrier unique regroupant plusieurs courants du monde ouvrier (incarné par le P.O.I.) et le projet mélenchoniste (retour aux sources ?) : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2016/11/les-modeles-de-jean-luc-melenchon.html. Et, par conséquent on voit ressurgir la tactique "classe contre classe" en vigueur dans le IIIème Internationale stalinienne de la fin des années 1920 jusqu'à ce que la prise de pouvoir par Hitler entraîne un virage à 180°.

 

     On a quand même l'impression que la troisième campagne Mélenchon a du mal à "accrocher". Il y a moins de monde pour les réunions et les meetings et même si les militants se donnent à fond, on se rend bien compte qu'ils sont assez peu nombreux. Quant aux responsables associatifs et syndicaux, ils ne s'engagent pas plus pour Mélenchon que, d'ailleurs, pour d'autres candidats. 

 

     Mélenchon est aidé dans cette tentative hégémonique par l'incapacité de ses concurrents de gauche à faire émerger une candidature concurrente crédible. Une candidature proposant une autre voie mais laissant la porte ouverte à l'alliance de toute la gauche au second tour. 

 

     Le Parti Socialiste triomphant en 2012 a totalement éclaté depuis. Beaucoup de cadres ont rejoint Macron ; Hamon a créé son propre mouvement qui, finalement, s'est allié avec les Verts de même qu'une députée ex-P.S. ; Montebourg a quitté la politique pour y revenir en tant que candidat puis renoncer ;  d'autres fractions sont partis sur la gauche en constituant de petits partis : GDS très réservée vis à vis de Mélenchon et GRS qui s'est alliée avec Mélenchon pour les Européennes avant de rallier Montebourg et ??? La ligne officielle du parti en la personne d'Olivier Faure est contestée par Le Foll, bras droit de Hollande, qui est en quasi dissidence, et par certains de ses anciens partisans. La candidate, Anne Hidalgo, a de mauvaises relations avec tout le monde ou presque et sa campagne est totalement ratée.

 

     Les écologistes n'avaient pas de candidat en 2017, Jadot s'étant retiré au profit de Hamon. Ils n'ont pu faire élire aucun député. Néanmoins, ils ont, encore une fois, profité des Européennes pour rebondir spectaculairement (le double de la liste mélenchoniste). Puis ils ont su manoeuvrer pour prendre la tête de listes d'union plus ou moins large qui leur ont permis de s'emparer de plusieurs grandes villes. Spectaculaire résurrection ! Ils semblaient promis à un avenir rayonnant d'autant qu'ils ont pu mobiliser 120 000 participants à leur "primaire". Cependant, leur candidat, Jadot, ne semble pas décoller. Ses amis ne font pas campagne et, de plus, il est plombé par le score spectaculaire obtenu au second tour, par Sandrine Rousseau, caricature de l'intellectuelle coupée des réalités.

 

     Le Parti Communiste se lance dans un quitte ou double périlleux. Soit Fabien Roussel fait un bide et, de plus, il empêche Mélenchon d'accéder au second tour. Soit il fait mieux que Marie-George Buffet voire mieux que Hidalgo et redonne des couleurs au P.C.F. surtout si Mélenchon ne dépasse pas les 10%. Ils font un triple pari. Primo : que les électeurs veulent de nouvelles têtes (avec un candidat plus chaleureux, moins vindicatif, plus près du peuple). Secundo :  que l'électorat populaire peut se mobiliser si on s'adresse à lui par des propositions liées à ses difficultés quotidiennes. Tertio :  de toute façon, la gauche n'a strictement aucune chance aux Présidentielles. Tout ceci n'est pas faux. Pour la suite, ils proposent un pacte d'unité pour les Législatives afin d'éviter que la gauche ne soit purement et simplement rayée de la carte. Là aussi, ça semble être de bon sens. Par contre, les communistes sont encore bien peu présents sur le terrain. Roussel a trouvé son "couloir" : il se démarque de Mélenchon par un style plus souriant et il joue à fond la carte de l'élu de province en phase avec les préoccupations de l'électorat populaire et il met l'écologie au second plan et va même jusqu'à défendre le nucléaire.

 

     La majorité des électeurs de gauche se désespère de cette division alors même que ses analyses rencontrent un large écho dans la population. Cruelle conséquence du régime de la Vème République qui oblige à trouver l'homme providentiel (qui peut, également être une femme). Diverses initiatives ont fleuri dont la plus aboutie fut "La Primaire Populaire". Il y aurait beaucoup à dire sur les ambiguïtés de l'initiative (candidats inscrits contre leur gré ou bien écartés, comme Roussel ; déclarations inquiétantes, entrisme des amis de Taubira..) mais le nombre très élevé de participants en dit long sur la volonté de dépasser les clivages qui apparaissent à beaucoup comme des querelles d'égo ou des replis partidaires. Il y a là des bases pour construire une gauche nouvelle mais, dans l'immédiat, cela a servi de rampe de lancement à Christiane Taubira qui semble servir de roue de secours aux socialistes en perdition ou défendre des intérêts personnels. Encore faudrait-il qu'elle ait un programme et qu'elle fasse campagne autrement qu'avec des poèmes. 

 

     Comme on ne tire pas sur une ambulance, je ne parlerai pas des deux candidatures trotskistes dont l'intérêt politique est nul. Eux pourraient utilement s'engager aux côtés de Mélenchon ; si celui-ci en veut ce qui est loin d'être assuré. 

 

     A suivre. peut-être !!!

 

     

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4 février 2022 5 04 /02 /février /2022 11:44

    Suite des deux articles précédents :  https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2022/02/la-gauche-la-plus-bete-du-monde-2.html

 

     Pour les élections d'avril 2022, il y a, actuellement, au moins, 7 candidats déclarés à gauche : Christiane Taubira (ancienne Garde des Sceaux de Hollande qui fut, également, candidate en 2002) ; Anne Hidalgo (maire de Paris, candidate du PS) ; Yannick Jadot (député européen, candidat du Pôle Écologiste, éphémère candidat en 2017 avant de se retirer au profit de Benoît Hamon dont les amis le soutiennent actuellement) ; Fabien Roussel (député du Nord, candidat du P.C.F.) ; Jean-Luc Mélenchon (député des Bouches du Rhône, candidat en 2012 et 2017, candidat de l'Union Populaire) ; Nathalie Arthaud (candidate de Lutte Ouvrière déjà présente en 2012 et 2017) ; Philippe Poutou (conseiller d'opposition à Bordeaux, candidat du N.P.A. déjà présent en 2017). Cela fait beaucoup d'autant que les sondages ne laissent pas présager un résultat total supérieur à 28 ou 30%. Cependant, la situation n'est pas totalement figée car un candidat surprise peut surgir incitant des candidats déclarés à s'effacer et, aussi, parce qu'il est possible que certains ne récoltent pas leurs 500 parrainages. 

 

     Commençons par celui qui semble le moins mal placé : Jean-Luc Mélenchon. 

 

     Ses partisans se lamentent  sur les "réseaux sociaux" : "notre candidat n'est pas certain d'obtenir les 500 signatures". Je l'ai écrit sur ma page facebook et je récidive : ceci n'est pas crédible et si par hasard c'était vrai, cela démontrerait une inquiétante absence de professionnalisme. Si les 250 000 sympathisants revendiqués ne sont pas capables de ratisser le pays pour convaincre 500 personnes, c'est à désespérer. Il est vrai que Mélenchon a habitué ses troupes à ce que les parrainages arrivent tout seuls dans l'escarcelle grâce au soutien du P.C.F. Cette fois-ci ce parti a décidé de faire cavalier seul et garde précieusement ses signataires (il en a environ 800) : il ne va pas déshabiller Fabien pour habiller Jean-Luc et on le comprend. D'ailleurs, aller quémander des paraphes aux élus communistes c'est faire aveu de faiblesse. Ou alors, c'est du cynisme pur et simple : plumer la volaille communiste jusqu'à l'os comme il a commencé à le faire en débauchant plusieurs députés communistes ou apparentés ainsi que plusieurs maires. 

 

     Mélenchon a un long passé de militant politique ; c'est son seul métier depuis plus de 45 ans. Il est devenu un très bon professionnel d'autant qu'il a été à bonne école : le lambertisme (voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2017/11/lambertistes.html). De ce point de vue, il domine les autres candidats de gauche par ses qualités oratoires. Comme il est candidat pour la troisième fois, il sait mener les campagnes et éviter la plupart des embûches.  Après avoir milité à l'O.C.I. lambertiste pendant plusieurs années, il adhère au P.S. dont il devient rapidement permanent ; il y apprend toutes les ficelles du "métier". Grâce à la proportionnelle, il devient sénateur en 1986. Il sera ministre en 2002. Puis, après 32 ans passés chez les socialistes, il le quitte non sans avoir construit un mini-appareil : P.R.S. Il va s'appuyer sur ce noyau de militants aguerris et sur le soutien d'un autre courant du P.S., vite marginalisé (Forces Militantes), pour lancer un nouveau parti : le Parti de Gauche. Celui-ci attire rapidement des milliers d'adhérents venus d'horizons divers (dont une députée écologiste dont on n'entend plus parler). Ensuite, il constitue, avec le P.C.F. et une scission du N.P.A. de Besancenot, le "Front de Gauche" qui sera bientôt rejoint par plusieurs organisations (certaines partiront ensuite). Le FdG obtient un score honnête aux Européennes de 2009 ce qui permet l'élection de Mélenchon et lui fournit un base de lancement pour la présidentielle de 2012. 

 

     La campagne de 2012 était une campagne réellement unitaire qui a attiré nombre de militants "non encartés", qui a permis beaucoup de débats et qui drainait les foules (au total, plus que la campagne Hollande). Le score final (11,10%) a pu paraître décevant mais je ne suis pas du tout de cet avis. En effet, le vote utile pour Hollande, afin de se débarrasser de Sarkozy, a joué à plein et obtenir un tel résultat quand on rame à contre-courant est plus que méritoire surtout si on compare avec le pourcentage obtenu par Marie-George Buffet, la candidate du P.C.F. en 2007 (1,93%). Une des raisons de cette percée réside dans le laminage des candidats trotskistes et Verts mais cela n'explique pas tout ; il s'est surtout agi du réveil du vote communiste très net si on examine la carte électorale. 

 

      Dans la période qui a suivi, beaucoup de chances ont été gâchées. Mélenchon a eu une fâcheuse tendance à faire cavalier seul et le P.C.F., en réaction, s'est crispé sur son appareil alors qu'il y avait un boulevard qui s'ouvrait au fur et à mesure que Hollande dérivait vers la droite. On avait un curieux attelage entre un parti ayant encore un socle d'élus et de militants associatifs et syndicaux mais peu audible au niveau national et un tribun dont la base était plus que légère ; les autres partis ne pouvant que faire de la figuration ou encourager à l'union. 

 

     Dès 2016, Mélenchon annonce la couleur : il sera candidat que ça plaise ou non au P.C.F. qui, pourtant, l'avait hissé sur le pavois. Voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2016/02/on-n-est-pas-couche.html et  https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2016/09/au-sujet-de-la-candidature-melenchon.html. Pour se faire, il effectue un large virage : d'une part, il donne un tournant nationaliste et populiste à sa campagne mais, également, une forte tonalité écologiste (ce qui est un peu contradictoire) ; d'autre part, il constitue un mouvement uniquement tourné vers la campagne électorale de son chef, La France Insoumise, qui se révèlera une "machine électorale" efficace totalement dévouée au chef. Le P.C.F. mis devant le fait accompli vote, pour la seconde fois, la soutien à Mélenchon, non sans réticence car il apparaît de plus en plus évident que J.-L. M. veut la mort de son allié qui lui permet quand même d'obtenir ses 500 parrainages. Le résultat final sera spectaculaire : avec 19,58% il vire, très nettement, en tête de la gauche et approche du meilleur score communiste (Duclos en 1969 avec 21,27%) mais cela ne suffit pas pour qu'il se qualifie pour le second tour. Cette progression s'explique, à la fois par le maintien d'une bonne partie des électeurs (surtout d'origine communiste) de 2012 et l'apport d'électeurs socialistes et écologistes (ces derniers étant privés de candidats). Mais cela n'a pas suffi car si le candidat de la F.I. a connu une progression spectaculaire des intentions de vote en février - mars, aux dépens du candidat P.S. on a noté un plafonnement à la toute fin de la campagne lié, soit à l'inquiétude de voir Fillon affronter Le Pen au second tour (d'où le vote utile pour Macron), soit à la faiblesse des signaux unitaires envoyés en direction des socialistes, des écologistes et, surtout, de ses alliés communistes. Sans oublier que sa campagne s'adressait plus aux classes moyennes qu'aux classes populaires. Voir la soixantaine d'articles sur le sujet : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/tag/presidentielles%202017/. On y parle beaucoup de Fillon mais je vous signale quand même, en particulier, cet article : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2016/11/les-modeles-de-jean-luc-melenchon.html

 

     Pour les législatives qui ont suivi, la logique politique aurait été d'élargir la base électorale par exemple en soutenant des militants écologistes ou socialistes critiques de Hollande et, en plus, bien évidemment, s'assurer les bonnes grâces de ses alliés. C'est ce qu'a fait Macron en attirant des élus de droite (juppéistes et sarkozystes) et en réservant des circonscriptions au MODEM de Bayrou. Mélenchon a fait tout le contraire en posant des conditions inacceptables à ses alliés communistes et en refusant toute ouverture. Face à cet ultimatum, le P.C.F. n'a pas cédé même s'il a fait quelques concessions qui se sont révélées encore insuffisantes pour le chef qui voulait que tout le monde s'incline devant lui.  Ce dernier a présenté des candidats contre plusieurs sortants communistes et - à quelques exceptions près - il a croisé le fer avec le P.C.F. dans des circonscriptions que celui-ci espérait récupérer du fait de l'effondrement socialiste. L.F.I. a connu quelques échecs (soit le P.C.F. l'a emporté comme André  Chassaigne ; soit le P.C.F. et L.F.I. se sont neutralisés mutuellement ; soit, dans quelques rares cas, les militants ont imposé l'union) mais le mouvement mélenchoniste a réussi quand même à faire élire des membres de la garde rapprochée de JLM parachutés dans la "banlieue rouge". En définitive, le groupe LFI n'a eu que 17 élus répartis en 3 groupes : les fidèles de la première heure, les novices élus par la vague mélenchoniste et 3 électrons libres dont 2 étaient soutenus par le P.C.F. et un autre vient de La Réunion. Bien loin de la centaine de députés annoncés ! Encore bravo ! D'autant que le P.C.F. a pu sauver son groupe. Comment qualifier cet épisode ? Orgueil, mépris, arrogance, cynisme ? En tout cas : impardonnable et, surtout, stupide car on n'humilie pas ses alliés impunément. 

 

     A la différence du Parti de Gauche, Mélenchon n'a pas voulu, cette fois-ci, organiser ses centaines de milliers de partisans en un parti mais en une structure pyramidale très particulière, "gazeuse" comme le dit le chef qui est l'alpha et l'oméga à la fois du groupe parlementaire et de L.F.I. (voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2017/11/n-est-pas-un-congres.html). Qui déplaît au dirigeant suprême est viré immédiatement ; pour les autres, pas de discussion possible : on se soumet ou on se démet. Fidèle au vieux principe léniniste "le parti se renforce en s'épurant", Mélenchon et ses amis pensent qu'il y aura toujours du sang neuf pour remplacer les départs. Ce qui n'est pas faux mais jusqu'à un certain point : si les "fans" se comptent en centaines de milliers (il suffit de cliquer), les militants ne sont que quelques dizaines de milliers. Et, surtout, quand Mélenchon n'est pas candidat, les résultats sont calamiteux : 6,31% aux Européennes quand les écologistes dépassent les 13% et que le PS fait quasiment jeu égal ; un nombre ridicule de maires L.F.I élus en 2020 alors que le PS se maintient assez bien et que les écologistes cartonnent ; scores très décevants aux départementales et aux régionales... 

 

     Pendant ce temps, une révolution a eu lieu au P.C.F. : la direction sortante dirigée par Pierre Laurent, un apparatchik couleur de muraille, est battue au Congrès au profit d'une ligne d'indépendance qui amène Fabien Roussel, député du Nord, au pouvoir. Les ponts sont rompus avec Mélenchon. Le premier acte n'est pas brillant : malgré une bonne campagne, la liste communiste qui n'obtient que 2,49% aux Européennes. D'un autre côté, c'est toujours ça après un pilonnage mélenchoniste en faveur du "vote utile". Pour les Municipales de 2020, le P.C.F. prône l'union à gauche tandis que les mélenchonistes promeuvent des "listes citoyennes" ; si les premiers sauvent les meubles (avec, quand même, des pertes significatives au profit de la droite ou du P.S.), les autres font chou blanc démontrant leur très mauvaise implantation locale. Puis le P.C.F. lance le débat interne au sujet de la Présidentielle et, en mai 2021, Fabien Roussel est choisi comme candidat par plus de 80% des adhérents ayant voté.

 

     Quant à Mélenchon, il utilise un processus référendaire. Dès la fin de l'année 2020, il annonce sa candidature ; celle-ci est ratifiée par une "Assemblée Représentative" de la France Insoumise puis soumise à ratification sur une plate-forme spécifique où il suffit de cliquer "Nous Sommes Pour".  Ce qui permet d'atteindre 185 000 voix en quelques jours. 

 

     A suivre...

 

 

 

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Présentation

  • : Le blog de Gérard FRETELLIERE
  • : Sabolien depuis plus de 40 ans. Conseiller municipal d'opposition de 1989 à 2008 puis de nouveau de 2016 à 2020. Ancien responsable syndical. Militant associatif (écologie, défense des demandeurs d'emploi, aide à l'intégration des étrangers). Je circule en ville à vélo ou à pied. Géographe de profession, je suis passionné de voyages et de jardinage. J'ai créé ce blog en 2011.
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