Le 28 juin 2020, lors du second tour des élections municipales, les électeurs de Sablé qui se sont exprimés ont donné la majorité relative à la liste dirigée par Nicolas Leudière. Cela va donc faire bientôt 3 ans que la nouvelle équipe municipale a été élue ce qui signifie la moitié du mandat de 6 ans. Il est donc utile de faire un bilan de l'action de la nouvelle majorité municipale. Il s'agira d'une synthèse des articles (environ 70) que j'ai consacré à la nouvelle municipalité depuis 3 ans que l'on peut trouver dans les rubriques "Vie Municipale à Sablé ( https://gerard-fretelliere.over-blog.com/tag/vie%20municipale%20a%20sable/) ou "Sablé sur Sarthe" (https://gerard-fretelliere.over-blog.com/tag/sable%20sur%20sarthe/).
Avant de rentrer dans le détail, il faut indiquer que deux "révolutions" ont eu lieu il y a 3 ans.
D'une part, la défaite de Marc Joulaud aux municipales. Elle mettait fin à plus de 60 ans de "règne" d'un groupe qui se renouvelait dans la continuité de Joël le Theule, élu maire en 1959. Certes, la rupture n'était pas totale car Nicolas Leudière se réclame, en permanence - implicitement le plus souvent - de Le Theule et Fillon (et même de Touchard) et il a été un élu discipliné de Marc Joulaud pendant 5 ans. Néanmoins, sa dissidence a été très mal digérée par ses anciens amis d'autant qu'il n'a eu de cesse, depuis son élection, de multiplier les vexations à leur égard. On se dira que les querelles de famille sont souvent les plus brutales mais il faut aller plus loin. En effet, pour se faire élire, Nicolas Leudière a prétendu que sa liste était "sans étiquette" alors qu'il a mené une campagne macronienne ; sa victoire m'est apparue tout de suite comme une resucée de celle de Macron 3 ans avant et la défaite de Joulaud comme un "remake" de celle de Fillon en 2017 (voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2020/06/macron-1-fillon-0.html). Nous en aurons la preuve formelle quelques mois plus tard quand Nicolas Leudière annoncera son ralliement à Édouard Philippe (voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2020/10/droite-macron-compatible.html). La "nouvelle droite" dirige donc Sablé (avec l'aide de quelques "socialistes").
D'autre part, l'élection de Daniel Chevalier à la présidence de la Communauté de communes du Pays Sabolien. Elle s'est faite contre Nicolas Leudière qui a été sèchement battu. Alors que jusque là la CdC (et son ancêtre le District) avait été dirigée par un élu ou un ancien élu de Sablé en absence de véritable candidature concurrente, cette fois-ci, le maire de Juigné, soutenu par l'ensemble des maires en dehors de Sablé, s'impose contre le maire de la ville centre (voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2020/07/troisieme-tour.html). Il s'agit d'une rupture considérable accentuée par la place quasi dérisoire accordée à Sablé dans le nouvel exécutif. Qui plus est, le nouveau président a montré la ferme volonté de renforcer le poids de l'intercommunalité ne laissant que peu d'espaces au nouveau maire de Sablé ; ce qui a entraîné quelques crises entre les deux élus dont la plus brutale concernait le directeur de l'administration municipale (voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2021/04/crise-au-sommet-de-l-administration-communale.html). Finalement, il y a eu compromis mais l'impression générale est que les relations entre les deux hommes ne sont pas vraiment du type "entente cordiale" (voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2022/12/le-maire-invite-deux-fois.html). Le fait que Daniel Chevalier ait été réélu conseiller départemental contre un "ami" du maire de Sablé a encore renforcé la mise du premier (voir : https://gerard-fretelliere.over-)blog.com/2021/06/quatrieme-tour.html) mais la 5ème place du candidat LR aux législatives n'est pas encourageante pour la suite.
Il faudrait ajouter d'autres leçons de cette séquence électorale en regard des législatives de 2022.
- D'une part, l'incapacité du rassemblement National à présenter une liste. Il semble, d'ailleurs, qu'à la différence de 2014, il n'a même pas fait d'effort en ce sens. Échec confirmé l'année suivante par la quatrième place obtenue par le candidat RN aux départementales de 2021 (https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2021/06/evolution-2015-2021-dans-le-canton-de-sable.html). Néanmoins, il a pris, dans une certaine mesure sa revanche 2 ans plus tard. En effet, alors que les frères ennemis macronien et LR étaient incapables d'atteindre le second tour, le candidat RN, parachuté d'une autre circonscription, a failli être élu député de la 4ème circonscription et, surtout, a obtenu la majorité des voix au second tour à Sablé.
- D'autre part, le sévère échec de la gauche. Certes, il y a eu la trahison du militant socialiste le plus connu mais cela n'explique pas que la liste dirigée par Rémi Mareau ait obtenu moins de 10% au second tour des municipales n'obtenant qu'un seul élu ; pire score à une municipale depuis des décennies. J'ai joué un rôle moteur dans la constitution de la liste et, en contactant des dizaines et des dizaines de personnes, je me suis rendu compte que cette fois-là "ça n'accrochait pas" : les électeurs voulaient "virer Joulaud" et ne pensaient pas que nous étions le meilleur moyen d'y parvenir. L'année suivante, il y eu un sursaut d'autant que l'enjeu n'était pas le même : le binôme de gauche a manqué de peu la seconde marche et la qualification pour le second tour. Et puis, surtout, en 2022, aux législatives, Élise Leboucher, candidate de l'alliance de gauche dénommée NUPÉS, a été élue députée en remplacement de la sortante socialiste qui n'était que 4ème à l'issue du second tour (voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2022/06/ouf.html). Qui plus est, bien que la quasi totalité des électeurs de droite ait voté RN au second tour (tournant là aussi historique), la future députée a réalisé un très bon score à Sablé (voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2022/06/legislatives-2022-a-sable-sur-sarthe.html).
Et, surtout, la désaffection des électeurs.
L'élection de 2020 s'est déroulée sous la menace de la COVID 19. Ce qui peut expliquer la faible participation : 41,44% au premier tour ; 39,32% au second. Celle de 2022 cumulait 2 inconvénients : les 2 tours en juin après les 2 tours de la présidentielle. La participation n'a pas été meilleure qu'en 2020 bien que la menace de la pandémie se soit sérieusement réduite : 38,2% au premier tour et 39,9% au second. Je laisse de côté les blancs et nuls car ils sont une forme de choix électoral. On constate donc que la majorité des électeurs saboliens ne s'est pas déplacée aussi bien en 2020 qu'en 2022. Certes, il y a un certain pourcentage d'inscrits qui n'habitent plus à Sablé (mais il semble qu'il y ait eu un petit toilettage) ; il n'empêche que les citoyens boudent les urnes sans oublier ceux qui ont le droit de vote mais ne sont même pas inscrits et les adultes étrangers qui ne peuvent même pas s'inscrire. Le plus grave est que le taux d'abstention atteint des sommets dans un quartier populaire comme La Rocade (là où, aussi, il y a, sans doute le fort pourcentage de non inscrits et d'étrangers).
La tentation des élus est double : soit considérer quand même qu'ils sont représentatifs ; soit ne pas trop s'intéresser aux habitants des quartiers populaires qui, en votant très peu, semblent se détourner de la vie locale. Le moins que l'on puisse dire est que le nouveau maire semble être tombé dans ces travers.
Il est donc important d'avoir ce contexte en tête pour comprendre ce bilan à mi-mandat et esquisser des pistes pour les 3 années à venir.