Il y a 2 ans Poutine envahissait l'Ukraine. (voir aussi : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2023/02/1-an-deja.html). Ce ne devait être qu'une promenade de santé : on occupe tout le littoral ; on achève la conquête de l'est du pays ; on s'empare de Kharkiv et de Kyiv, la capitale ; on capture le président Zelensky qui, peu après, meurt "accidentellement" ; on annexe les territoires occupés ; on installe un gouvernement fantôche dans le reste du pays. (voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2022/03/les-buts-de-guerre-de-poutine.html). Ce plan a échoué du fait de la résistance du peuple ukrainien face à l'agression mais au prix de dizaines de milliers de victimes militaires et civiles, de dizaines de milliers de blessés, de dizaines de milliers de disparus, de dizaines de milliers de déportés vers la Russie, de dizaines de milliers de patriotes torturés, massacrés, prisonniers. Plus que jamais, nous devons apporter notre soutien résolu à toutes les formes de résistances armées et non armées face à l'impérialisme russe.
J'ai écrit, dès le début que la seule différence entre Hitler et Poutine était que ce dernier ne portait pas de moustache (https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2022/10/8-mois-de-resistance.html ou https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2022/06/saint-adolphe.html) ; j'aurais pu nuancer : Hitler ne parlait pas le russe (mais Poutine parle allemand) ; Hitler vilipendait les démocraties et les communistes alors que le nouveau Tsar prétend dénazifier. Sinon, comment ne pas être troublé par la même volonté revancharde et expansionniste dans les deux cas.
Hitler a bâti tout son programme de politique internationale sur la remise en cause du Traité de Versailles (et des autres traités mettant fin à la première guerre mondiale). Ceux-ci se traduisaient par l'affaiblissement considérable de l'Allemagne : fin de l'Empire, pertes territoriales, interdiction de l'union avec l'Autriche (regroupant la plupart des populations de langue allemande de l'ancien Empire d'Autriche-Hongrie) , désarmement, paiement d'indemnités considérables, protectorat français sur la Sarre, occupation de la rive gauche du Rhin...). Dès son arrivée au pouvoir, il viole un à un tous les traités sans que la Société des nations ou les anciens adversaires de l'Allemagne ne réagissent à la hauteur du défi : réarmement, récupération de la Sarre après le succès d'un référendum gagné par la propagande et la terreur, remilitarisation de la rive gauche du Rhin, annexion de l'Autriche (ratifiée par un référendum), annexion des territoires frontaliers de la Tchécoslovaquie, démembrement de ce pays (après avoir kidnappé son président qui, le couteau sous la gorge, signe tout) avec une partie devenant protectorat, une autre à qui on accorde une indépendance sous tutelle et l'annexion de territoires par la Pologne et la Hongrie. Enfin, invasion de la Pologne qui sera obligée de cesser le combat quand l'URSS la poignardera dans le dos en l'envahissant à son tour.
Poutine a vécu comme un traumatisme la fin du soviétisme : écroulement des États satellites d'Europe centrale dites "démocraties populaires" ; implosion de l'URSS en 15 États indépendants ; présence de minorités russophones dans nombre des nouveaux États hors de Russie ; pillage des ressources par une poignée "d'oligarques" devenus plus puissants que l'État. On peut comprendre sa volonté de réagir mais il l'a fait à la façon du "tchékiste" qu'il était : autoritarisme et interventionnisme dans les ex-Républiques Soviétiques. Sur ce point, il utilisé les mêmes leviers que Hitler en instrumentalisant les minorités au sein des nouveaux États et en violant sans vergogne les traités que la Russie avait signés. Cela n'a pas très bien marché en Estonie et Lettonie où la majorité des russophones (en grande partie des colons ou leurs descendants installés par les Tsars et, surtout, après 1945) n'a pas joué le rôle de cinquième colonne espéré. Par contre, les non roumanophones de la rive gauche du Dniepr ont créé un région dissidente de la Moldavie (la Transnistrie) qui peut compter sur la présence d'une armée russe sur place. En Géorgie, en 2008, il a utilisé le ressentiment des minorités Ossète et Abkhaze pour s'installer plus avant sur le littoral de la Mer Noire et pour contrôler la principale route à travers le Caucase. Concernant la Biélorussie, il a soutenu un nostalgique de l'URSS qui a pu se maintenir au pouvoir en acceptant que son pays devienne un protectorat russe. Voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2022/02/le-nouvel-imperialisme-russe.html
Vis à vis de l'Ukraine, à partir de 2014, les prétextes ont été les mêmes mais les méthodes un peu différentes. Les troupes spéciales ont occupé la Crimée qui a, ensuite, été annexée grâce à un référendum illégal (salué, en son temps par ses thuriféraires français Le Pen et Mélenchon) puis il a envahi l'est du pays sous couvert d'une pseudo révolte des russophones. Quant à l'agression du 24 février 2022, elle est quasiment la copie de l'invasion de la Pologne : comme Hitler, Poutine attaque de trois côtés (le nord depuis la Biélorussie et une partie de la Russie ; le sud depuis la Crimée occupée ; l'est en provenance d'autres territoires occupés). Seule différence mais elle est essentielle : l'Ukraine n'a pas été envahie d'un quatrième côté ou par un autre larron : l'armée russe de la Transnistrie moldave n'a pas bougé et, inversement, les Roumains et les Polonais soutiennent l'agressé ce qui permet de faire passer des armes à l'Ukraine même si c'est encore très insuffisant.
Le drame est que la réaction à ces violations des frontières n'ait pas été à la hauteur hormis dans les pays les plus proches. En France, malheureusement, les manifestations de soutien ont été bien maigres et se sont souvent limitées à afficher le drapeau ukrainien (https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2022/02/faux-amis-et-vrais-amis-de-l-ukraine.html ou https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2023/02/24-fevrier-suite.html). Macron a oscillé entre la volonté de ne pas provoquer Poutine (mais si !) et un soutien en parole (et très peu en actes). Quant à la gauche, elle a été très en deçà de ce que l'on aurait pu espérer. Les Verts et le PS en sont restés aux paroles. Le PCF a condamné l'agression mais appelé à "la paix" dès le premier jour ce qui voulait dire capituler. Nombre de ses adhérents vont plus loin en reprenant la propagande moscoutaire comme si l'URSS existait encore. Les trotskistes de Lutte Ouvrière comme les frères ennemis trotsko-lambertistes du POI et du POID (redevenu Parti des Travailleurs) mettent sur le même pied l'agresseur et l'agressé. La France Insoumise a été obligée de dénoncer l'invasion mais s'en tient là ; il est vrai que Mélenchon a, dans le passé, fait preuve d'une très grande complaisance vis à vis de Poutine (il a traité les dirigeants ukrainiens de "nazis", il n'a pas dénoncé l'invasion de l'est du pays, il a soutenu l'annexion de la Crimée). Je ne parle pas des staliniens du groupuscule nommé PRCF qui, eux, ont applaudi la guerre d'agression et se font des relais zélés de la propagande russe. Le "campisme" a de l'avenir (voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2022/03/campisme.html). Par contre, les syndicats français ont réussi à s'unir pour soutenir le peuple ukrainien ; de la part de Sud, ce n'est pas surprenant ; de la part de la CGT, c'est fort louable à cause du poids des staliniens, des lambertistes et des communistes nostalgiques au sein de la confédération.
De la même façon, on ne peut que saluer des formes de soutien aux Ukrainiens prises ici ou là par des élus de toutes tendances ; par exemple le président de la CdC du Pays Sabolien avec Drohobytch : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2023/10/drohobytch.html (le maire de Sablé étant bien plus réticent). Et, surtout, le soutien sans faille de la part d'une fraction de la gauche : le NPA et Ensemble, en particulier. Pour en savoir plus, voir ma page facebook : https://www.facebook.com/search/top?q=gerard%20fretelliere