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25 juin 2022 6 25 /06 /juin /2022 17:05

     A première vue, pas beaucoup de modification mais, à y regarder de plus près, il y a beaucoup de changements. 

 

     Les macroniens avaient 2 députés sortants qui ne se représentaient pas. Ils sont remplacés par 2 autres députés macroniens. La gauche avait 2 députées sortantes socialistes. Elle retrouve 2 députées mais la sortante de la 4ème est battue et est remplacée par une députée LFI tandis que si la sortante de la 2ème garde son siège c'est grâce au  soutien de LFI, du PCF, d'EE-LV et du PS national et malgré l'opposition de la fédération socialiste qui lui avait mis une candidate dans les pattes. Enfin, le sortant de la 5ème est réélu mais au prix de son changement d'étiquette : il n'est plus LR mais pas encore LREM bien que le parti de Macron l'ait investi et n'ait donc présenté aucun candidat contre lui alors qu'un jeune militant LR était présent au premier tour. 

 

     En 2017, le PS était présent au second tour dans 2 circonscriptions qu'il avait emportées ; LREM était présente partout - sauf dans la 4ème où elle n'avait pas de candidat afin ne pas gêner le sortant socialiste Stéphane Le Foll - et l'avait emporté 2 fois ; LR était présent dans 4 circonscriptions au second tour et avait obtenu un député seulement ; le RN n'était présent nulle part  au second tour de même que LFI. 

 

     En 2022, le PS était absent du second tour de même que LR. Inversement, le RN participait à 4 duels sans pouvoir en gagner un seul et l'alliance de gauche (NUPÉS) remportait 2 de ses 3 duels (une LFI et une ex-PS). Enfin, LREM et son allié gagnait les 3 duels où elle concourait. 

 

     Reprenons, circonscription par circonscription. Le cas de la 4ème est étudié dans 3 autres articles : 

https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2022/06/legislatives-2022-dans-la-4eme-circonscription.html 

https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2022/06/legislatives-2022-a-sable-sur-sarthe.html

https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2022/06/ouf.html

 

     Dans la 1ère, en 2012, une socialiste avait réussi à prendre le siège à la droite ; celle-ci espérait prendre sa revanche en 2017. Manque de chance, sa candidate trouvera sur sa route un jeune macronien qui raflera la mise d'extrême justesse face à LR. Il ne se représentait pas et les macroniens présentaient la fille d'un ancien cacique du PS local et de la député sortante de la 3ème de la Sarthe. Aux présidentielles, Macron était nettement devant Le Pen et Mélenchon mais Zemmour obtenait un résultat correct. La logique aurait voulu que l'on aboutisse à un duel de second tour entre LREM et le RN d'autant que le PS local présentait un dissident et que GRS faisait de même. Et bien, pas du tout. Julie Delpech, la macronienne virait en tête avec 24,75% devant la candidate NUPÉS Ghislaine Bonnet (22,97%). Celle-ci avait des réserves de voix puisque le total de gauche était de 33,95%. Elle a, néanmoins, été battue nettement (45,10% contre 54,90%) : elle a fait le plein à gauche et a grappillé une partie du vote RN mais la candidate macronienne a capté l'essentiel des voix de la droite LR et de l'extrême-droite (elle a multiplié par deux le nombre de voix du premier tour !). 

 

     Dans la 2ème, la socialiste, Marietta Karamanli avait conquis le siège en 2007, aux dépens de J.M. Geveaux. Ce député de droite a été élu de 1993 à 1997 et de 2002 à 2007 dans une circonscription très marquée à gauche depuis 1945 malgré ces deux intermèdes de droite. Depuis, elle l'a gardé contre vents et marées en faisant toujours plus au second tour que le total de la gauche au premier. En 2017, elle semblait menacée mais elle se hissait au second tour avec un léger retard sur le "marcheur" qu'elle battait nettement au sprint (elle gagnait environ 8 800 voix entre les deux tours alors que son adversaire en grapillait 1 200 faute de faire campagne). Cette année, elle aurait pu être éliminée car elle devait faire face à la violente hostilité de Stéphane Le Foll contre qui elle s'était présentée aux municipales du Mans, ce qui lui avait valu d'être exclue du PS mais pas du groupe parlementaire. Cette situation lui a valu d'être sacrée candidate NUPÉS lui épargnant une concurrence de LFI. Néanmoins, le PS local présentait une ancienne et éphémère sénatrice socialiste qui ne fera que 6,70%. Quant aux macroniens, ils ont eu l'idée saugrenue de présenter une parachutée de Loire-Atlantique espérant surfer sur les 27,4% de Macron aux présidentielles ; elle finira 3ème (18,79%) devancée par une candidate RN inconnue qui se qualifiera avec 20,94% des voix contre 36,53% à Karamanli. Le match était joué d'avance et la sortante le gagnera haut la main avec 63,06%. Elle réalise un exploit en étant en tête dans toutes les communes de la circonscription. 

 

     Dans la 3ème, l'élue LREM ne se représentait pas. Cette circonscription a connu des alternances de députés de droite et de gauche mais c'est terminé depuis 5 ans. Cette fois-ci, le RN pouvait espérer la victoire au vu du raz de marée d'extrême-droite aux présidentielles : au premier tour, Le Pen montait à 31,94% et le total d'extrême-droite frôlait les 42%. Au second tour des présidentielles, Le Pen était juste devant Macron. Sans surprise, on avait un duel LREM - RN au second tour des législatives avec un léger avantage à ce dernier qui menait avec 500 voix d'avance. Le candidat macronien redressait la situation en gagnant avec 700 voix d'avance. En effet, si le lepéniste a fait le plein des voix d'extrême-droite et de droite, les "marcheurs" ont pu compter sur près des 3/4 des voix de gauche du premier tour. Petite remarque : si les électeurs macroniens avaient fait de même dans l'autre sens (en faveur de la candidate NUPÉS) dans la 4ème, Élise Leboucher aurait été élue haut la main. Autre élément : le candidat LREM, Éric Martineau, est un élu local de même que son suppléant et ils sont de tendance centre-gauche (au sens propre).

 

     Dans la 5ème, le match a pu être serré dans le passé mais, en général, c'était le droite qui passait. En 2017, le candidat LR, Jean-Carles Grelier, alors maire de La Ferté Bernard, l'avait emporté face à un novice LREM qui le distançait à l'issue du premier tour. Il avait mis le turbo entre les deux tours alors que son adversaire croyait qu'il avait l'affaire en main. Pendant 5 ans, le député de la droite est allé au charbon mais il a dû penser qu'il serait plombé par le score calamiteux de Pécresse. Toujours est-il qu'il a adopté une stratégie subtile : être macronien sans le dire. Sur sa profession de foi, pas une seule fois le nom de Macron mais l'emploi du mot "Ensemble" au détour du titre et la couleur bleue de la droite. Il n'avait pas d'adversaire LREM et, en plus, il avait obtenu le soutien des ténors de la droite départementale et régionale ce qui n'a pas empêché la candidature d'un militant LR pour le principe. Il partait gagnant et la seule question était de savoir qui serait l'autre duelliste. La NUPÉS aurait dû en être mais le PS a présenté un candidat qui, en dépassant 9%, a empêché LFI d'être au second tour. Grelier a donc affronté une parachutée du RN qui a réalisé l'exploit de  dépasser de 3 000 voix le total de l'extrême-droite du premier tour. Le LR "orthodoxe" ayant obtenu 1619 voix, l'animaliste 488, le divers droite 263 et le divers gauche 292, on constate que même si tous ont voté RN (ce qui n'est absolument pas sûr), il faut encore expliquer plus de 300 voix. Surcroît de mobilisation ? Vote d'électeurs de gauche ? Quant à Grelier, c'est plus simple : il récupère près des 2/3 des voix de gauche du premier tour. 

 

     Conclusions rapides avant un dernier article : 

          - Le RN ne fait pas du tout peur aux électeurs de droite et du centre : il est complètement "dédiabolisé". Les électeurs LR votent pour lui dans leur immense majorité quand ils sont absents du second tour et, en plus, le RN obtient les suffrages des électeurs des candidats "divers" du premier tour voire une fraction minime (5%) d'électeurs de gauche si celle-ci est absente du second tour. 

          - L'alliance de gauche a permis la qualification de 3 candidates mais la présence de socialistes présentés par la fédération sarthoise a empêché le "grand chelem". Néanmoins, le report des voix a été correct (plus de 80% des électeurs des dissidents) mais moins qu'à l'extrême-droite où il a été quasiment parfait. Quant aux électeurs macroniens, ils ont été peu nombreux à faire jouer le "Front Républicain". 

          - L'alliance macronienne s'en sort bien car elle a été très fortement aidée par des adversaires éliminés. Dans la 1ère, la droite a voté massivement pour elle pour contrer la gauche ; dans la 3ème et la 5ème, la gauche s'est mobilisée fortement pour bloquer le RN. 

          - Quant aux "divers" (animalistes, divers droite, divers), ils penchent très nettement à droite au second tour. 

          - Enfin, le travail sérieux d'un élu sortant paie alors que les parachutages ont des résultats contrastés : négatifs pour LREM mais pas du tout pour le RN. 

 

     A suivre...

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  • : Le blog de Gérard FRETELLIERE
  • : Sabolien depuis plus de 40 ans. Conseiller municipal d'opposition de 1989 à 2008 puis de nouveau de 2016 à 2020. Ancien responsable syndical. Militant associatif (écologie, défense des demandeurs d'emploi, aide à l'intégration des étrangers). Je circule en ville à vélo ou à pied. Géographe de profession, je suis passionné de voyages et de jardinage. J'ai créé ce blog en 2011.
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