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23 juin 2022 4 23 /06 /juin /2022 09:40
Législatives 2022 dans la 4ème circonscription

     Du début à la fin de la campagne, ce fut un scénario totalement inédit avec un dénouement à la Hitchcock. Je dois avouer que je m'étais un peu trompé dans mes prévisions mais elles avaient été esquissées il y a 7 mois déjà quand je faisais l'historique de cette circonscription et que j'évaluais les forces en présence. Depuis, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts de la Sarthe et de la Seine (https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2021/11/la-quatrieme-circonscription-de-la-sarthe.html et https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2021/11/la-quatrieme-circonscription-de-la-sarthe-2.html). On regardera, avec intérêt, les résultats de 2012 (victoire de Hollande et de le Foll)  et la comparaison avec 2007 (victoire de Sarkozy et de Fillon) : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/article-quel-vainqueur-dans-la-4eme-circonscription-de-la-sarthe-2-106252413.html et https://gerard-fretelliere.over-blog.com/article-premier-tour-dans-la-4eme-de-la-sarthe-106905786.html. Par contre, je ne retrouve pas d'article écrit après les élections législatives de 2017 ce qui n'est pas gênant car j'ai les résultats par un autre biais. 

 

     La première surprise, à l'issue du premier tour de 2022 fut la non qualification du candidat macronien (Joachim Le Floch-Imad). Il l'a avoué sans fard : il pensait tellement qu'il serait présent au second tour qu'il avait déjà imprimé les tracts pour le 19 juin (et il semble qu'il en a même fait distribuer quelques-uns). Effectivement, le score de Macron au premier tour de la Présidentielle était prometteur (16 341 voix et 27,80%). Comment expliquer cet échec ? Il y a, tout d'abord, eu une erreur dans le choix de parachuter un candidat : en période de "hautes eaux" électorales comme en 2017, cela n'aurait pas eu d'incidence négative mais le macronisme subissant un reflux, il aurait été plus judicieux de choisir des "notables" et il n'en manquait pas dans les partisans de Macron de la circonscription ; de préférence en choisissant un candidat "rural" et une suppléante du Mans. Par ailleurs, j'ai été surpris de ne pas recevoir de tract dans ma boîte à lettres et celui que j'ai récupéré au marché était distribué par des inconnus. Et, surtout, la candidature a été plombée par la stratégie d'évitement de Macron et le choix calamiteux d'une technocrate comme Première Ministre. Ceci dit, son résultat n'est pas déshonorant : 19,09% à moins de 800 voix de la qualification.

 

     La seconde fut la qualification de la candidate d'union de la gauche et la défaite de la sortante socialiste malgré une bonne campagne. Il y a 6 mois, je ne pariais pas un centime sur sa réélection mais l'accord national entre LFL, EELV, le PCF, Générations et le PS lui laissait le champ libre voire le soutien des militants des partis constitutifs de la NUPÉS. Le Foll a pesé pour que le PS local refuse cet accord et a entraîné Tolmont dans le choix de la dissidence ce qui a entraîné, en réaction, et à la dernière minute, la candidature d'une militante proche de LFI (suppléante d'une conseillère départementale EE-LV) et d'une écologiste : Élise Leboucher qui a finalement facilement gagné cette "primaire" à gauche (21,87% contre 15,47) grâce à l'effet d'entraînement de Mélenchon et, aussi (et surtout ?) à la volonté d'unité des sympathisants de gauche. 

     En 2017, LREM avait fait un cadeau à Le Foll, le candidat socialiste d'alors (devenu, ensuite, maire du Mans) en ne présentant pas de candidat contre lui. Ce n'était donc pas le cas cette année et, logiquement, on constate un  recul des voix de gauche. C'est très net en pourcentage : 38,58% contre 50,51% en 2017 et en ce qui concerne les voix : le total des candidats de gauche (NUPÉS + PS + LO) est de 13 864 voix en 2022 (respectivement : 7 878 ; 5 574 et 412) contre 18 254 avec 5 candidats en 2017 (dont 10 954 à Le Foll pour le PS et un total de 6960 pour les candidatures séparées LFI, EE-LV et PCF ; LO n'ayant que 340 voix). Bref : - 4 390 voix à gauche. Il est vrai que , le total des candidats de gauche à la présidentielle était très décevant : 28,97% et 17 028 voix. On a quand même une augmentation du pourcentage par rapport à la Présidentielle à l'inverse du candidat macronien et de celui du RN (et de l'extrême-droite). Ce qui montre que la gauche a su mobiliser des électeurs qui avaient déserté pour Macron aux présidentielles. 

 

     La troisième surprise fut la 5ème place d'un des deux finalistes de 2017, Emmanuel Franco de L.R. Cela montre le recul de l'influence de la droite "classique" coincée entre la nouvelle droite macronienne et l'extrême-droite. En 2017, il obtenait 10 005 voix (22,15%) malgré plusieurs candidatures de droite concurrentes dont celle du maire de La Suze (un peu plus de 5%) ; 5 ans après il n'en n'a plus que 4 261 (11,83%). Il est vrai qu'en 2017, malgré l'affaire Fillons-Joulaud, la droite avait encore de beaux restes et bénéficiait, à la fois de l'absence de candidat LREM et du recul du RN après les présidentielles. 

 

     Par contre, pas de surprise avec la qualification du candidat du R.N. Le Pen était en tête au premier tour de la Présidentielle de 2022 dans la circonscription avec 16 469 voix (28,02%). Le candidat de Malherbe ne retrouve que 7 672 voix (21,30%) ; il perd plus de la moitié de son électorat et baisse en points de pourcentage ; sans doute au profit de Franco. Les deux autres candidats d'extrême droite reculent dans les mêmes proportions ce qui fait que le total d'extrême-droite qui était très élevé aux présidentielles (35,34% avec plus de 20 000 voix) baisse très nettement : perte de plus de la moitié de l'électorat et baisse de près de 10 points en pourcentage avec 25,98% donc très nettement derrière le total de gauche. Néanmoins, la dégringolade est moindre qu'en 2017 quand la candidate aux législatives du R.N. n'avait obtenu que 12,96% et que le reste de l'extrême-droite était dans les choux. 

     Une remarque s'impose à ce stade : les électorats de droite et d'extrême-droite ne sont pas étanches. Aux présidentielles, un grand nombre d'électeurs L.R. a voté Le Pen ou Zemmour ; et, inversement (mais dans une moindre proportion) au premier tour des législatives puis ont effectué un voyage encore inverse, vers le candidat RN au second tour. La "digue" est totalement rompue. 

 

     Le second tour était donc totalement inédit.

 

      La candidate NUPÉS virait en tête avec une courte avance (206 voix). Ce qui était un exploit comme on l'a vu antérieurement. Elle devait pouvoir compter sur les réserves de la candidate PS alors que les réserves du candidat RN à l'extrême-droite étaient plus minces. Situation dangereuse dite "syndrome Luby" : il y a quelques décennies, ce maire communiste d'Allonnes virait en tête aux cantonales et pouvait escompter sur un potentiel de gauche de plus de 57% ; tout le monde étant convaincu que ce serait une partie de plaisir au second tour, l'électorat s'est démobilisé et Luby fut vaincu. Élise Leboucher obtient 14 891 voix le 19 juin soit quasiment 7 000 voix de plus qu'au premier tour mais à peine plus de 1 000 voix supplémentaires par rapport au total de la gauche : les électeurs macroniens n'ont pratiqué le "front républicain" que de façon minoritaire ; comme des électeurs de Tolmont ont refusé de choisir la gauche, on peut estimer que de 80 à 85% des électeurs de Le Floch-Imad ont voté blanc ou nul ou se sont abstenus. 

 

     Inversement, le candidat RN a connu un bond entre les deux tours. Il gagne plus de voix que sa concurrente car, non seulement, il fait quasiment le plein à l'extrême-droite (le cas de Chevillé dont l'ancien maire est passé chez Zemmour mais où la gauche est en tête le 19 juin, pose question) mais récupère bien au-delà. Le total des voix de l'extrême-droite était de 9 357 ; il passe à 14 803. Il gagne donc 5 446 voix par rapport à ce "matelas". Comme Franco avait 4 261 voix qui ne sont sans doute pas tous reportés sur de Malherbe, on peut penser qu'il a récupéré une part considérable du candidat divers, Barbet (1 232 voix) voire des voix obtenues par le candidat animaliste (430 voix) et de nouveaux électeurs et, sans doute (horresco referens) de macroniens. En tout cas, il a fait le plein de toutes les voix de droite sans exception. Cette "dédiabolisation" du lepénisme est totalement inédite. 

 

     La répartition géographique des suffrages est particulièrement éclairante (voir la carte). Le RN écrase la concurrence dans toute la partie ouest de la circonscription (anciens cantons de Sablé, Loué, Brûlon et Malicorne) qui ont une forte tradition de droite. Il existe très peu d'exceptions surtout situées dans le nord-ouest et à Asnières, commune résolument à gauche. Et ceci, même si, le ou la maire est de gauche et a fait campagne pour la gauche (je pense à Arthezé tout particulièrement). Inversement, les anciens cantons de La Suze, Allonnes et la partie mancelle de la circonscription ont voté à gauche (exception : Étival dont le maire est Franco). Ce qui a sauvé la gauche, c'est Le Mans avec plus de 68%. Le fait que la candidate y soit assez bien connue explique en partie ce succès mais il faut, également, prendre en compte le fait que la mobilisation y est plus facile. 

 

     A suivre...

 

 

 

 

     

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  • : Le blog de Gérard FRETELLIERE
  • : Sabolien depuis plus de 40 ans. Conseiller municipal d'opposition de 1989 à 2008 puis de nouveau de 2016 à 2020. Ancien responsable syndical. Militant associatif (écologie, défense des demandeurs d'emploi, aide à l'intégration des étrangers). Je circule en ville à vélo ou à pied. Géographe de profession, je suis passionné de voyages et de jardinage. J'ai créé ce blog en 2011.
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