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3 février 2022 4 03 /02 /février /2022 11:15

     Suite de l'article : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2022/01/la-gauche-la-plus-bete-du-monde-1.html

 

     Commençons par une petite rétrospective : les résultats des candidats de gauche au premier et au second tour.

     On constate que la gauche n'a été majoritaire au premier tour qu'une seule fois : en 1981.  Si on inclut Brice Lalonde, candidat écologiste, elle atteignait 50,70% ; Mitterrand, candidat du Parti Socialiste obtenait, à lui seul, 25,85% ; le deuxième à gauche était la candidat du Parti Communiste, Georges Marchais, avec 15,35% ; le reste étant apporté par 4 autres candidats. Le gain entre les deux tours sera faible en points de pourcentage (+1,06) et Mitterrand sera le premier Président de la République issu de la gauche. 

 

     Le reste du temps, elle était minoritaire au premier tour mais dépassait souvent les 40% : 47,27% en 1974 ; 49,11% en 1988 ; 40,56% en 1995 ; 42,89% en 2002 ; 43,75% en 2012. La victoire ne sera obtenue que deux fois : 1995 (Mitterrand étant Président sortant) et 2012 (Hollande récupère la majorité de l'électorat centriste de Bayrou qui avait appelé à voter pour le candidat socialiste). Inversement, elle sera absente au second tour en 2002 du fait du faible score du meilleur candidat de gauche, Lionel Jospin, plombé par une mauvaise campagne et la multiplication des candidatures dont celles de Chevènement et Taubira qui lui feront directement concurrence.

 

     Il faudrait ajouter deux cas particuliers de remontée spectaculaire entre les deux tours. En 2007 : la gauche ne fait que 36,44% mais la candidate socialiste, Ségolène Royal, obtient 46,94% au second tour (+ 10,5%) ; la moitié provenant des électeurs centristes de Bayrou qui avait fait un malheur au premier tour). En 1965, la gauche était à 32,87% au premier tour mais Mitterrand passera à 44,80% au second (+12 points environ) du fait de reports importants venant du candidat centriste (Lecanuet) et de l'appel du candidat d'extrême-droite en faveur de Mitterrand. 

 

     Dans deux autres élections, la gauche a été à la fois, très faible au premier tour et absente au second. En 1969, elle ne fait que 30,95%  ; cette fois-là, le candidat socialiste est dans les profondeurs avec 5,01% et c'est le candidat communiste, Jacques Duclos, qui est le meilleur à gauche avec 21,27%. Le second qualifié du second tour est le candidat centriste, Alain Poher, qui a rallié une partie conséquente de l'électorat socialiste dès le premier tour. En 2017, le scénario est assez proche. Non seulement, la gauche obtient son plus mauvais score (27,67%) mais, comme en 1969, le candidat socialiste, Hervé Hamon, ayant sombré (6,36%), le meilleur candidat de gauche est un ancien socialiste, soutenu par le PCF, Jean-Luc Mélenchon (19,58%) et il y a un candidat centriste, Emmanuel Macron, qui récupère plus de la moitié des électeurs de Hollande en 2012. Il s'agit donc de l'inverse du cas précédent : quand le candidat de gauche le mieux placé est communiste ou soutenu par le PCF et que les socialistes sont dans les choux, nombre d'électeurs socialistes préfèrent voter centriste dès le premier tour. 

 

     Quand la gauche est rassemblée dès le premier tour autour d'un "candidat unique" soutenu par les socialistes, les communistes, les radicaux et le PSU, il existe une forte dynamique mais elle est insuffisante pour gagner. En 1965, Mitterrand n'avait aucune chance mais il n'a pas démérité. En 1974, la victoire semblait à portée de voix mais la gauche avait fait son plein dès le premier tour et le gain entre les deux tours a été très faible (moins de 2 points). J'ai toujours pensé que l'absence de candidature Piaget est la cause de l'échec : il aurait obtenu les quelques points de pourcentage qui auraient sans doute permis de créer une dynamique plus forte encore. 

 

     Le reste du temps, il y avait un fort pluralisme à gauche. Et, si on divise la gauche en deux blocs : le bloc que l'on pourrait appeler "modéré" composé des socialistes, des radicaux et des écologistes (le cas Chevènement est très particulier) et un bloc "révolutionnaire" composé du PCF, des trotskistes et de candidats "alternatifs", les évolutions sont intéressantes. En 1969, le premier est quasiment groupusculaire alors que le second frôle les 26%. En 1981, le bloc "modéré" domine nettement mais le second dépasse les 18%. Le rapport des forces est du même type en 1995 alors qu'en 1988, le premier "bloc" écrasait la concurrence du fait de la personnalité de Mitterrand. En 2002, le rapport des forces était plus équilibré mais il y avait une double originalité : le faible score socialiste et la prédominance trotskiste (avec, cependant 3 candidats) dans le camp "révolutionnaire" : autour de 10% ! En 2007, le camp "modéré" représente plus des 2/3. Ce sera encore plus net en 2012. Cependant, le camp "révolutionnaire" sera dominé par le "Front de Gauche", alliant le PCF avec un dissident PS (Mélenchon) et d'autres forces alors que les trotskistes sont laminés. Ces derniers seront tout autant laminés en 2017 et Mélenchon profitera de l'effondrement socialiste pour s'approcher du second tour comme l'avait fait le PCF en 1969. 

 

Une grande partie de ces évolutions provient du "vote utile". Il intervient de façon variée. En 1969, le candidat centriste est apparu comme le seul à même de pouvoir mettre à bas le pouvoir gaulliste ; en 2017, il semblait être le seul pouvant éviter un quinquennat de la droite dure ou de l'extrême-droite. En 1969 aussi bien qu'en 2017, les électeurs socialistes ont délaissé le candidat de leur parti soit pour le centre, soit pour une gauche plus affirmée car le candidat présenté ou soutenu par le PCF a réalisé un bon score. Le vote utile peut donc se faire vers la droite ou vers la gauche. Les autres fois, le vote utile a surtout profité aux socialistes. La seule fois où il n'y a eu de vote utile pour personne est 2002 et Jospin a été éliminé. 

 

     A suivre. 

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Présentation

  • : Le blog de Gérard FRETELLIERE
  • : Sabolien depuis plus de 40 ans. Conseiller municipal d'opposition de 1989 à 2008 puis de nouveau de 2016 à 2020. Ancien responsable syndical. Militant associatif (écologie, défense des demandeurs d'emploi, aide à l'intégration des étrangers). Je circule en ville à vélo ou à pied. Géographe de profession, je suis passionné de voyages et de jardinage. J'ai créé ce blog en 2011.
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