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4 février 2022 5 04 /02 /février /2022 11:44

    Suite des deux articles précédents :  https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2022/02/la-gauche-la-plus-bete-du-monde-2.html

 

     Pour les élections d'avril 2022, il y a, actuellement, au moins, 7 candidats déclarés à gauche : Christiane Taubira (ancienne Garde des Sceaux de Hollande qui fut, également, candidate en 2002) ; Anne Hidalgo (maire de Paris, candidate du PS) ; Yannick Jadot (député européen, candidat du Pôle Écologiste, éphémère candidat en 2017 avant de se retirer au profit de Benoît Hamon dont les amis le soutiennent actuellement) ; Fabien Roussel (député du Nord, candidat du P.C.F.) ; Jean-Luc Mélenchon (député des Bouches du Rhône, candidat en 2012 et 2017, candidat de l'Union Populaire) ; Nathalie Arthaud (candidate de Lutte Ouvrière déjà présente en 2012 et 2017) ; Philippe Poutou (conseiller d'opposition à Bordeaux, candidat du N.P.A. déjà présent en 2017). Cela fait beaucoup d'autant que les sondages ne laissent pas présager un résultat total supérieur à 28 ou 30%. Cependant, la situation n'est pas totalement figée car un candidat surprise peut surgir incitant des candidats déclarés à s'effacer et, aussi, parce qu'il est possible que certains ne récoltent pas leurs 500 parrainages. 

 

     Commençons par celui qui semble le moins mal placé : Jean-Luc Mélenchon. 

 

     Ses partisans se lamentent  sur les "réseaux sociaux" : "notre candidat n'est pas certain d'obtenir les 500 signatures". Je l'ai écrit sur ma page facebook et je récidive : ceci n'est pas crédible et si par hasard c'était vrai, cela démontrerait une inquiétante absence de professionnalisme. Si les 250 000 sympathisants revendiqués ne sont pas capables de ratisser le pays pour convaincre 500 personnes, c'est à désespérer. Il est vrai que Mélenchon a habitué ses troupes à ce que les parrainages arrivent tout seuls dans l'escarcelle grâce au soutien du P.C.F. Cette fois-ci ce parti a décidé de faire cavalier seul et garde précieusement ses signataires (il en a environ 800) : il ne va pas déshabiller Fabien pour habiller Jean-Luc et on le comprend. D'ailleurs, aller quémander des paraphes aux élus communistes c'est faire aveu de faiblesse. Ou alors, c'est du cynisme pur et simple : plumer la volaille communiste jusqu'à l'os comme il a commencé à le faire en débauchant plusieurs députés communistes ou apparentés ainsi que plusieurs maires. 

 

     Mélenchon a un long passé de militant politique ; c'est son seul métier depuis plus de 45 ans. Il est devenu un très bon professionnel d'autant qu'il a été à bonne école : le lambertisme (voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2017/11/lambertistes.html). De ce point de vue, il domine les autres candidats de gauche par ses qualités oratoires. Comme il est candidat pour la troisième fois, il sait mener les campagnes et éviter la plupart des embûches.  Après avoir milité à l'O.C.I. lambertiste pendant plusieurs années, il adhère au P.S. dont il devient rapidement permanent ; il y apprend toutes les ficelles du "métier". Grâce à la proportionnelle, il devient sénateur en 1986. Il sera ministre en 2002. Puis, après 32 ans passés chez les socialistes, il le quitte non sans avoir construit un mini-appareil : P.R.S. Il va s'appuyer sur ce noyau de militants aguerris et sur le soutien d'un autre courant du P.S., vite marginalisé (Forces Militantes), pour lancer un nouveau parti : le Parti de Gauche. Celui-ci attire rapidement des milliers d'adhérents venus d'horizons divers (dont une députée écologiste dont on n'entend plus parler). Ensuite, il constitue, avec le P.C.F. et une scission du N.P.A. de Besancenot, le "Front de Gauche" qui sera bientôt rejoint par plusieurs organisations (certaines partiront ensuite). Le FdG obtient un score honnête aux Européennes de 2009 ce qui permet l'élection de Mélenchon et lui fournit un base de lancement pour la présidentielle de 2012. 

 

     La campagne de 2012 était une campagne réellement unitaire qui a attiré nombre de militants "non encartés", qui a permis beaucoup de débats et qui drainait les foules (au total, plus que la campagne Hollande). Le score final (11,10%) a pu paraître décevant mais je ne suis pas du tout de cet avis. En effet, le vote utile pour Hollande, afin de se débarrasser de Sarkozy, a joué à plein et obtenir un tel résultat quand on rame à contre-courant est plus que méritoire surtout si on compare avec le pourcentage obtenu par Marie-George Buffet, la candidate du P.C.F. en 2007 (1,93%). Une des raisons de cette percée réside dans le laminage des candidats trotskistes et Verts mais cela n'explique pas tout ; il s'est surtout agi du réveil du vote communiste très net si on examine la carte électorale. 

 

      Dans la période qui a suivi, beaucoup de chances ont été gâchées. Mélenchon a eu une fâcheuse tendance à faire cavalier seul et le P.C.F., en réaction, s'est crispé sur son appareil alors qu'il y avait un boulevard qui s'ouvrait au fur et à mesure que Hollande dérivait vers la droite. On avait un curieux attelage entre un parti ayant encore un socle d'élus et de militants associatifs et syndicaux mais peu audible au niveau national et un tribun dont la base était plus que légère ; les autres partis ne pouvant que faire de la figuration ou encourager à l'union. 

 

     Dès 2016, Mélenchon annonce la couleur : il sera candidat que ça plaise ou non au P.C.F. qui, pourtant, l'avait hissé sur le pavois. Voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2016/02/on-n-est-pas-couche.html et  https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2016/09/au-sujet-de-la-candidature-melenchon.html. Pour se faire, il effectue un large virage : d'une part, il donne un tournant nationaliste et populiste à sa campagne mais, également, une forte tonalité écologiste (ce qui est un peu contradictoire) ; d'autre part, il constitue un mouvement uniquement tourné vers la campagne électorale de son chef, La France Insoumise, qui se révèlera une "machine électorale" efficace totalement dévouée au chef. Le P.C.F. mis devant le fait accompli vote, pour la seconde fois, la soutien à Mélenchon, non sans réticence car il apparaît de plus en plus évident que J.-L. M. veut la mort de son allié qui lui permet quand même d'obtenir ses 500 parrainages. Le résultat final sera spectaculaire : avec 19,58% il vire, très nettement, en tête de la gauche et approche du meilleur score communiste (Duclos en 1969 avec 21,27%) mais cela ne suffit pas pour qu'il se qualifie pour le second tour. Cette progression s'explique, à la fois par le maintien d'une bonne partie des électeurs (surtout d'origine communiste) de 2012 et l'apport d'électeurs socialistes et écologistes (ces derniers étant privés de candidats). Mais cela n'a pas suffi car si le candidat de la F.I. a connu une progression spectaculaire des intentions de vote en février - mars, aux dépens du candidat P.S. on a noté un plafonnement à la toute fin de la campagne lié, soit à l'inquiétude de voir Fillon affronter Le Pen au second tour (d'où le vote utile pour Macron), soit à la faiblesse des signaux unitaires envoyés en direction des socialistes, des écologistes et, surtout, de ses alliés communistes. Sans oublier que sa campagne s'adressait plus aux classes moyennes qu'aux classes populaires. Voir la soixantaine d'articles sur le sujet : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/tag/presidentielles%202017/. On y parle beaucoup de Fillon mais je vous signale quand même, en particulier, cet article : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2016/11/les-modeles-de-jean-luc-melenchon.html

 

     Pour les législatives qui ont suivi, la logique politique aurait été d'élargir la base électorale par exemple en soutenant des militants écologistes ou socialistes critiques de Hollande et, en plus, bien évidemment, s'assurer les bonnes grâces de ses alliés. C'est ce qu'a fait Macron en attirant des élus de droite (juppéistes et sarkozystes) et en réservant des circonscriptions au MODEM de Bayrou. Mélenchon a fait tout le contraire en posant des conditions inacceptables à ses alliés communistes et en refusant toute ouverture. Face à cet ultimatum, le P.C.F. n'a pas cédé même s'il a fait quelques concessions qui se sont révélées encore insuffisantes pour le chef qui voulait que tout le monde s'incline devant lui.  Ce dernier a présenté des candidats contre plusieurs sortants communistes et - à quelques exceptions près - il a croisé le fer avec le P.C.F. dans des circonscriptions que celui-ci espérait récupérer du fait de l'effondrement socialiste. L.F.I. a connu quelques échecs (soit le P.C.F. l'a emporté comme André  Chassaigne ; soit le P.C.F. et L.F.I. se sont neutralisés mutuellement ; soit, dans quelques rares cas, les militants ont imposé l'union) mais le mouvement mélenchoniste a réussi quand même à faire élire des membres de la garde rapprochée de JLM parachutés dans la "banlieue rouge". En définitive, le groupe LFI n'a eu que 17 élus répartis en 3 groupes : les fidèles de la première heure, les novices élus par la vague mélenchoniste et 3 électrons libres dont 2 étaient soutenus par le P.C.F. et un autre vient de La Réunion. Bien loin de la centaine de députés annoncés ! Encore bravo ! D'autant que le P.C.F. a pu sauver son groupe. Comment qualifier cet épisode ? Orgueil, mépris, arrogance, cynisme ? En tout cas : impardonnable et, surtout, stupide car on n'humilie pas ses alliés impunément. 

 

     A la différence du Parti de Gauche, Mélenchon n'a pas voulu, cette fois-ci, organiser ses centaines de milliers de partisans en un parti mais en une structure pyramidale très particulière, "gazeuse" comme le dit le chef qui est l'alpha et l'oméga à la fois du groupe parlementaire et de L.F.I. (voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2017/11/n-est-pas-un-congres.html). Qui déplaît au dirigeant suprême est viré immédiatement ; pour les autres, pas de discussion possible : on se soumet ou on se démet. Fidèle au vieux principe léniniste "le parti se renforce en s'épurant", Mélenchon et ses amis pensent qu'il y aura toujours du sang neuf pour remplacer les départs. Ce qui n'est pas faux mais jusqu'à un certain point : si les "fans" se comptent en centaines de milliers (il suffit de cliquer), les militants ne sont que quelques dizaines de milliers. Et, surtout, quand Mélenchon n'est pas candidat, les résultats sont calamiteux : 6,31% aux Européennes quand les écologistes dépassent les 13% et que le PS fait quasiment jeu égal ; un nombre ridicule de maires L.F.I élus en 2020 alors que le PS se maintient assez bien et que les écologistes cartonnent ; scores très décevants aux départementales et aux régionales... 

 

     Pendant ce temps, une révolution a eu lieu au P.C.F. : la direction sortante dirigée par Pierre Laurent, un apparatchik couleur de muraille, est battue au Congrès au profit d'une ligne d'indépendance qui amène Fabien Roussel, député du Nord, au pouvoir. Les ponts sont rompus avec Mélenchon. Le premier acte n'est pas brillant : malgré une bonne campagne, la liste communiste qui n'obtient que 2,49% aux Européennes. D'un autre côté, c'est toujours ça après un pilonnage mélenchoniste en faveur du "vote utile". Pour les Municipales de 2020, le P.C.F. prône l'union à gauche tandis que les mélenchonistes promeuvent des "listes citoyennes" ; si les premiers sauvent les meubles (avec, quand même, des pertes significatives au profit de la droite ou du P.S.), les autres font chou blanc démontrant leur très mauvaise implantation locale. Puis le P.C.F. lance le débat interne au sujet de la Présidentielle et, en mai 2021, Fabien Roussel est choisi comme candidat par plus de 80% des adhérents ayant voté.

 

     Quant à Mélenchon, il utilise un processus référendaire. Dès la fin de l'année 2020, il annonce sa candidature ; celle-ci est ratifiée par une "Assemblée Représentative" de la France Insoumise puis soumise à ratification sur une plate-forme spécifique où il suffit de cliquer "Nous Sommes Pour".  Ce qui permet d'atteindre 185 000 voix en quelques jours. 

 

     A suivre...

 

 

 

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Présentation

  • : Le blog de Gérard FRETELLIERE
  • : Sabolien depuis plus de 40 ans. Conseiller municipal d'opposition de 1989 à 2008 puis de nouveau de 2016 à 2020. Ancien responsable syndical. Militant associatif (écologie, défense des demandeurs d'emploi, aide à l'intégration des étrangers). Je circule en ville à vélo ou à pied. Géographe de profession, je suis passionné de voyages et de jardinage. J'ai créé ce blog en 2011.
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