Suite d'un compte-rendu de voyage à Malte (voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2022/04/periple-dans-une-ancienne-colonie-anglaise-4.html et https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2022/04/periple-dans-une-ancienne-colonie-anglaise-3.html).
La République de Malte est le plus petit État de l'Union Européenne et, également le moins peuplé. Néanmoins, désormais, il y a plus de 515 000 habitants dans l'archipel ce qui donne une densité moyenne de 1630 habitants au km², la plus forte de l'U.E. Si la France avait la même densité, nous serions 1 milliard de Français !!!
Si on compare les deux îles, Gozo a une densité de 470 environ et Malte dépasse les 1900. La petite île a donc un aspect nettement plus rural et sa capitale, Victoria/Ir Rabat n'a que 7 000 habitants. Inversement, l'île de Malte est beaucoup plus urbanisée. Certes, la capitale ne compte que 6 700 habitants (la moins peuplée des capitales de l'U.E.) mais elle est au centre d'une vaste agglomération regroupant près de 280 000 habitants (la commune la plus peuplée étant Birkirkara).
Le pourcentage d'étrangers est de plus en plus important (sans doute plus de 15%). Il semble que peu d'entre eux soient maghrébins malgré la proximité géographique et linguistique. On rencontre des originaires d'Afrique subsaharienne, du subcontinent indien, d'Asie du Sud-Est et d'Europe (surtout des Britanniques). Peu d'entre eux doivent parler le maltais mais l'anglais est compris par beaucoup de Maltais (et par les touristes) ce qui facilite les possibilités d'intégration. D'ailleurs, à l'aéroport, on ne trouve quasiment aucune inscription en maltais (alors que l'irlandais y est systématiquement utilisé en République d'Irlande). Il paraît que l'italien est compris par un tiers des Maltais ce qui n'est pas étonnant car elle a été langue officielle jusqu'au milieu des années 1930.
Pendant longtemps, l'archipel avait été une terre d'émigration. D'une part vers l'Empire britannique, d'autre part vers l'Italie ou l'Afrique du Nord. C'est en partie pour cette dernière raison que l'on rencontre en France des personnes ayant un patronyme maltais : Edgard Pisani, Gérald Darmanin, la famille Fenech, un aïeul de Marine Le Pen.
Les Maltais sont très catholiques et l'archevêque de Malte joue un grand rôle. Nous étions dans le pays à la fin du "ramadan" ("randan" en maltais), c'est à dire du carême, donc pendant la semaine sainte. Le mercredi saint, il y avait eu une procession de pénitents dans la petite ville d'Il Birgu où nous logions. Le lendemain soir, office dans quasiment toutes les églises. Le vendredi, encore des cérémonies dans les églises qui étaient presque toutes ouvertes (donc visitables gratuitement) et richement décorées. Partout des prêtres nombreux ainsi que des auxiliaires en tout genre (salariés ou bénévoles ? ). En ville, on vendait des gâteaux en forme de couronne souvent garnis de fruits confits. Des croix étaient érigées un peu partout et illuminées. Plus étonnant, des expositions ("wirja") d'oeuvres représentant la Cène ou la Passion. Le vendredi saint est jour férié et les Maltais sortent endimanchés ce jour-là ainsi que le jour de Pâques. Il faudrait y ajouter les fanfares ("bandas") jouant dans toutes les villes à partir de leurs locaux souvent luxueux.
Les messes sont dites en maltais et un auditeur attentif entend souvent évoquer "Alla" (sans h) car les catholiques maltais emploient ce mot qui signifie Dieu en arabe et dans cette langue dérivée de l'arabe. Je précise que les chrétiens de langue arabe (des nomades vivant aux marges des Empires romain et perse) priaient Allah avant la naissance de Mahomet (voir aussi : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2016/02/quand-les-chretiens-de-sable-invoquent-allah.html et https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2015/09/chretiens-d-orient.html). A Malte, on prie "mulej Gesu" ou "sultana Marija". Et si vous entendez "Alla hi akbar", ne pensez pas qu'il s'agit d'un musulman car cela veut dire "Dieu est grand" en maltais.
Peu de temps avant notre visite (le 26 mars 2022), avaient eu lieu les élections législatives selon un scrutin de type proportionnel. Heureux Maltais qui n'ont pas d'élection présidentielle (le Président ou la Présidente est élu par les députés). Cette année, l'abstention a atteint des sommets (15% contre 8% en 2017). Deux partis se partagent bon an mal an 96 à 98% des voix : le Partit Laburista (Parti Travailliste) et le Partit Nazzjonalista (Parti Nationaliste). Pour le moment, c'est le premier qui est au pouvoir. Ces deux partis ont des permanences dans la plupart des communes (où on peut boire un coup et manger) ; les journaux en maltais sont d'une part, In Nazzjon, quotidien du parti nationaliste et l'Orrizont, quotidien des syndicats liés plus ou moins organiquement au parti travailliste.