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7 février 2022 1 07 /02 /février /2022 07:54

     Suite d'une série d'articles. Voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2022/02/la-gauche-la-plus-bete-du-monde-3.html

 

     Jean - Luc Mélenchon est, donc, candidat pour la troisième fois. Est-ce qu'il a une chance de rééditer l'exploit de Mitterrand et de Chirac qui l'emportèrent à leur troisième essai ? Encore faudrait-il qu'il soit qualifié pour le second tour ce qui ne semble pas acquis. Ses partisans nous bombardent de sondages qui laissent entendre qu'il a des chances de l'être s'il obtient 2% supplémentaires. Il suffirait donc que le candidat communiste, Fabien Roussel, retire sa candidature créditée, selon eux, de 2%, pour que l'ancien socialiste affronte Macron au tour final. On joue sur deux tableaux : la pression envers le "vote utile" et la stigmatisation des "traîtres" communistes qui ne se présentent que pour bloquer Mélenchon. Cependant, d'autres sondages, évoqués par des concurrents ou par des journalistes qui semblent bien informés, le situent autour de 10% donc loin de la qualification. De toute façon, même si Mélenchon sautait le premier obstacle, on voit mal avec quelles alliances il pourrait multiplier son score par 3 ou 4 pour espérer l'emporter. 

 

     Reconnaissons à Mélenchon que lui et ses partisans mènent campagne. Pas encore de réunion publique à Sablé mais une à La Flèche, d'autres à Angers et au Mans, un meeting à Nantes puis un autre à Tours. On a trouvé un tract (pour les jeunes ! ) sur le pare brise de notre voiture, à l'hôpital du Bailleul et on a vu des affiches sur les murs.  Alors que les autres candidats de gauche sont aux abonnés absents. Autres atouts : il demeure un bon orateur (sans doute le meilleur actuellement) et un bon débatteur ; il possède un programme solide à défaut d'être enthousiasmant ; il attire de nouveaux soutiens. 

 

     Pour 2022, on ne dit plus  "La France Insoumise" (quelle formule horrible) mais "L'Union Populaire" (parfois transformée en "Action Populaire") que ses partisans définissent comme l'union du peuple autour du programme "L'Avenir en Commun" (et de la personne de Mélenchon). Ce changement de nom se veut un élargissement, par rapport à la campagne de 2017, dans deux directions : un programme qui s'adresse nettement plus aux classes populaires qu'en 2017 (il y a, également, besoin de couper l'herbe sous le pied de Fabien Roussel) et une chasse (assez efficace pour le moment) à des soutiens extérieurs. Lors du premier meeting, à Paris, fin 2021, le candidat a dévoilé le "Parlement de l'Union Populaire". Contrairement à ce que l'on pourrait imaginer, il n'est pas composé de membres élus par la base mais d'un groupe coopté composé pour moitié de membres de la L.F.I. et pour moitié de personnalités non issues de la France Insoumise. On laissera de côté les acteurs, écrivains, artistes, responsables d'O.N.G. - fort respectables mais sans beaucoup de troupes - pour s'intéresser aux résultats les plus intéressants de la pèche : des militants de partis écologistes et du parti Communiste. Sur ce dernier point, il a fait fort : un député communiste, une députée apparentée, deux présidents de Conseil Régional, anciens députés apparentés au PCF et quelques maires communistes. Le but est de "plumer la volaille" communiste et de jeter le trouble dans les rangs de son ancien allié. Ceci dit, on ne sait pas trop à quoi servira le dit "Parlement".

 

     Ce que cherche à démontrer Mélenchon est que la gauche c'est lui et lui seul. Point à la ligne. Tous les autres partis et candidats de gauche sont de droite (ex Taubira ou Jadot) ou des "social -traîtres" (formule prisée par ses "fans" et qui fleure bon des restes staliniens) ou bien ils sont à mettre dans les poubelles de l'Histoire (le P.C.F. , Poutou et Arthaud). Bref, l'Union Populaire, encore plus que L.F.I. est le creuset unique de toutes les traditions de la gauche : les sociaux-démocrates de gauche avec le Parti de Gauche, les écologistes, les autogestionnaires et alternatifs, les communistes, les trotskistes. Sur ce dernier point, on constatera que les "lambertistes" historiques du P.O.I. soutiennent Mélenchon ainsi qu'une tendance du N.P.A. et qu'il y a plus qu'une similitude entre le projet lambertiste d'un parti ouvrier unique regroupant plusieurs courants du monde ouvrier (incarné par le P.O.I.) et le projet mélenchoniste (retour aux sources ?) : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2016/11/les-modeles-de-jean-luc-melenchon.html. Et, par conséquent on voit ressurgir la tactique "classe contre classe" en vigueur dans le IIIème Internationale stalinienne de la fin des années 1920 jusqu'à ce que la prise de pouvoir par Hitler entraîne un virage à 180°.

 

     On a quand même l'impression que la troisième campagne Mélenchon a du mal à "accrocher". Il y a moins de monde pour les réunions et les meetings et même si les militants se donnent à fond, on se rend bien compte qu'ils sont assez peu nombreux. Quant aux responsables associatifs et syndicaux, ils ne s'engagent pas plus pour Mélenchon que, d'ailleurs, pour d'autres candidats. 

 

     Mélenchon est aidé dans cette tentative hégémonique par l'incapacité de ses concurrents de gauche à faire émerger une candidature concurrente crédible. Une candidature proposant une autre voie mais laissant la porte ouverte à l'alliance de toute la gauche au second tour. 

 

     Le Parti Socialiste triomphant en 2012 a totalement éclaté depuis. Beaucoup de cadres ont rejoint Macron ; Hamon a créé son propre mouvement qui, finalement, s'est allié avec les Verts de même qu'une députée ex-P.S. ; Montebourg a quitté la politique pour y revenir en tant que candidat puis renoncer ;  d'autres fractions sont partis sur la gauche en constituant de petits partis : GDS très réservée vis à vis de Mélenchon et GRS qui s'est alliée avec Mélenchon pour les Européennes avant de rallier Montebourg et ??? La ligne officielle du parti en la personne d'Olivier Faure est contestée par Le Foll, bras droit de Hollande, qui est en quasi dissidence, et par certains de ses anciens partisans. La candidate, Anne Hidalgo, a de mauvaises relations avec tout le monde ou presque et sa campagne est totalement ratée.

 

     Les écologistes n'avaient pas de candidat en 2017, Jadot s'étant retiré au profit de Hamon. Ils n'ont pu faire élire aucun député. Néanmoins, ils ont, encore une fois, profité des Européennes pour rebondir spectaculairement (le double de la liste mélenchoniste). Puis ils ont su manoeuvrer pour prendre la tête de listes d'union plus ou moins large qui leur ont permis de s'emparer de plusieurs grandes villes. Spectaculaire résurrection ! Ils semblaient promis à un avenir rayonnant d'autant qu'ils ont pu mobiliser 120 000 participants à leur "primaire". Cependant, leur candidat, Jadot, ne semble pas décoller. Ses amis ne font pas campagne et, de plus, il est plombé par le score spectaculaire obtenu au second tour, par Sandrine Rousseau, caricature de l'intellectuelle coupée des réalités.

 

     Le Parti Communiste se lance dans un quitte ou double périlleux. Soit Fabien Roussel fait un bide et, de plus, il empêche Mélenchon d'accéder au second tour. Soit il fait mieux que Marie-George Buffet voire mieux que Hidalgo et redonne des couleurs au P.C.F. surtout si Mélenchon ne dépasse pas les 10%. Ils font un triple pari. Primo : que les électeurs veulent de nouvelles têtes (avec un candidat plus chaleureux, moins vindicatif, plus près du peuple). Secundo :  que l'électorat populaire peut se mobiliser si on s'adresse à lui par des propositions liées à ses difficultés quotidiennes. Tertio :  de toute façon, la gauche n'a strictement aucune chance aux Présidentielles. Tout ceci n'est pas faux. Pour la suite, ils proposent un pacte d'unité pour les Législatives afin d'éviter que la gauche ne soit purement et simplement rayée de la carte. Là aussi, ça semble être de bon sens. Par contre, les communistes sont encore bien peu présents sur le terrain. Roussel a trouvé son "couloir" : il se démarque de Mélenchon par un style plus souriant et il joue à fond la carte de l'élu de province en phase avec les préoccupations de l'électorat populaire et il met l'écologie au second plan et va même jusqu'à défendre le nucléaire.

 

     La majorité des électeurs de gauche se désespère de cette division alors même que ses analyses rencontrent un large écho dans la population. Cruelle conséquence du régime de la Vème République qui oblige à trouver l'homme providentiel (qui peut, également être une femme). Diverses initiatives ont fleuri dont la plus aboutie fut "La Primaire Populaire". Il y aurait beaucoup à dire sur les ambiguïtés de l'initiative (candidats inscrits contre leur gré ou bien écartés, comme Roussel ; déclarations inquiétantes, entrisme des amis de Taubira..) mais le nombre très élevé de participants en dit long sur la volonté de dépasser les clivages qui apparaissent à beaucoup comme des querelles d'égo ou des replis partidaires. Il y a là des bases pour construire une gauche nouvelle mais, dans l'immédiat, cela a servi de rampe de lancement à Christiane Taubira qui semble servir de roue de secours aux socialistes en perdition ou défendre des intérêts personnels. Encore faudrait-il qu'elle ait un programme et qu'elle fasse campagne autrement qu'avec des poèmes. 

 

     Comme on ne tire pas sur une ambulance, je ne parlerai pas des deux candidatures trotskistes dont l'intérêt politique est nul. Eux pourraient utilement s'engager aux côtés de Mélenchon ; si celui-ci en veut ce qui est loin d'être assuré. 

 

     A suivre. peut-être !!!

 

     

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Présentation

  • : Le blog de Gérard FRETELLIERE
  • : Sabolien depuis plus de 40 ans. Conseiller municipal d'opposition de 1989 à 2008 puis de nouveau de 2016 à 2020. Ancien responsable syndical. Militant associatif (écologie, défense des demandeurs d'emploi, aide à l'intégration des étrangers). Je circule en ville à vélo ou à pied. Géographe de profession, je suis passionné de voyages et de jardinage. J'ai créé ce blog en 2011.
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