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18 mai 2022 3 18 /05 /mai /2022 14:56

     Dans une tribune, publié par "Le Monde" le 12 mai 2022, 9 universitaires étudient les divergences et convergences entre les partis de gauche ayant constitué la "Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale" (NUPES). Évoquant les différences et les clivages qui existent entre les structures partisanes, on y trouve cette allusion aux "droits des minorités ethniques et religieuses". Qu'est-ce à dire ? 

 

     On peut penser qu'ils évoquent la situation d'autres pays où existe un racisme institutionnalisé (discrimination, ségrégation, apartheid) ou d'autres pays où ceux qui ne pratiquent pas la religion officielle ont moins de droits (à moins que ce ne soit une allusion à la lutte anti-religieuse qui prévaut encore dans les pays archéo-communiste). Très bien mais tout le monde à gauche étant pour la liberté de conscience, la laïcité, l'égalité des droits et contre le racisme, on ne voit pas sur quoi pourrait porter le clivage (en fait, il y a bien clivage entre ceux qui s'offusquent de la violation des droits de l'homme partout et en toute circonstance et d'autres qui sont plus arrangeants avec leurs amis politiques). 

 

     Tout porte à penser qu'en fait il parlent de la France et c'est là toute l'ambigüité de la formule. Essayons de comprendre ce qui est sous-entendu. Car pour qu'il y ait "minorité" il faut qu'il y ait une "majorité" et pour qu'on envisage de leur donner des "droits" cela suppose qu'ils en ont moins que la majorité ou qu'on va les favoriser. Reprenons. 

 

          - Les "minorités ethniques" ? Synonyme de "minorités raciales". Dans un certain nombre de pays, on recense la population selon son origine raciale. C'était, évidemment, le cas en Afrique du Sud où le "tri" avait pour but de classer chaque individu dans un groupe racial  et d'établir une hiérarchie des droits entre les différents groupes. C'est le cas, encore actuellement, aux États-Unis même si, de droit, toute ségrégation est interdite depuis une cinquantaine d'années (voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2020/07/au-sujet-du-racisme-aux-etats-unis.html et  https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2017/11/apres-la-mort-de-dennis-banks.html ) ; avec une petite nuance qui concerne le statut des Indiens. Au Canada, les Autochtones sont recensés et ont des droits différents après que leur citoyenneté ait été niée jusqu'à une date récente (voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2015/11/chroniques-canadiennes-10.html). On pourrait multiplier les exemples. 

     

     Rien de tel en France. Ce qui ne signifie pas qu'il n'existe pas des discriminations de fait. Concrètement, il est évident que les Noirs et les personnes d'origine maghrébine (souvent lointaine) doivent subir des formes de racisme de la part de divers secteurs de la population et, même, de la part des forces de l'ordre ou d'autres administrations et institutions. Cette dichotomie entre la loi et la réalité quotidienne est intolérable et nécessite une lutte constante pour l'égalité réelle.

 

     Par contre, il existe des minorités linguistiques dans notre pays. Sauf exceptions, les organisations prétendant les représenter ne souhaitent pas l'indépendance d'une partie de la France mais plus d'autonomie régionale et un usage facilité de leur langue comme c'est le cas dans nombre de pays d'Europe. Sur ce sujet, il y a un clivage net au sein de la gauche comme on l'a vu lors du vote de la "loi Molac". 

 

     - Les minorités religieuses. Dans un nombre non négligeable de pays, il existe une religion officielle et, le plus souvent, ses adeptes ont des droits supérieurs aux croyants d'autres religions qui sont plus ou moins tolérés ; quant aux athées, ils bannis. Inversement, dans d'autres pays, plus rares, il existe une idéologie d'État "marxiste-léniniste" : la religion y est plus ou moins acceptée mais les croyants sont des citoyens de seconde zone. Rien de tel en France : en effet, la Constitution est très claire (idem pour le loi de 1905) : elle affirme avec force la liberté de conscience (donc la liberté religieuse) composante essentielle de la laïcité (https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2020/10/qu-est-ce-que-la-laicite.html). Parler de "minorités religieuses" n'a aucun sens car cela supposerait qu'il y ait une majorité religieuse reconnue qui aurait des droits supérieurs ce qui serait en contradiction avec une autre composante de la laïcité : "la loi ne reconnaît...aucun culte"

 

     Ceci dit, à quoi peut bien faire allusion la notion de "minorités religieuses" pour la France ? On suppose que, dans l'esprit des auteurs de la tribune, il y a une allusion aux adeptes de religions différentes de celle qui fut longtemps dominante (la religion catholique). Il s'agirait donc des croyants protestants, orthodoxes, chrétiens orientaux, juifs, hindous, sikhs, bouddhistes et musulmans. En fait, on peut penser que ce texte fait allusion à ces derniers. 

 

     Il est de bon ton, dans certains milieux de gauche de considérer qu'il existe une "islamophobie" et que, par conséquent, les musulmans sont victimes de discriminations du seul fait qu'ils sont musulmans. Il s'agit d'un sujet hautement inflammable sur lequel je me suis souvent exprimé (voir par exemple et en allant lire les textes en liens : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2019/09/islamophobie.html et https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2014/10/les-alternatifs-et-les-religions.html). Ce qui est certain ,c'est qu'il existe des semeurs de haine (dont Z...... ; voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2021/12/z.html) qui veulent purement et simplement chasser les musulmans de France et que des racistes s'attaquent à des musulmans ou à des lieux de culte musulmans. Il est également vrai que certains, à gauche, voudraient limiter l'expression de la foi musulmane. Enfin, la loi sur le "séparatisme" a été considéré par un des principaux dirigeants de gauche comme une loi "anti-musulmane" alors qu'il s'agit, plutôt, d'une loi de contrôle des religions et de la liberté d'association en général comme je l'ai montré dans plusieurs articles (voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2021/12/anniversaire-de-la-loi-de-1905.html ). 

 

     Conclusion : ce n'est pas parce que certains souhaitent un traitement particulier, des droits exceptionnels, en vertu de la couleur de leu peau ou de leur religion qu'il faut glisser sur cette pente. Il faut, au contraire, favoriser l'exercice de toutes les libertés reconnues dans la Constitution et les lois de la République et accorder l'égalité réelle en combattant toute discrimination de droit ou de fait. 

 

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Présentation

  • : Le blog de Gérard FRETELLIERE
  • : Sabolien depuis plus de 40 ans. Conseiller municipal d'opposition de 1989 à 2008 puis de nouveau de 2016 à 2020. Ancien responsable syndical. Militant associatif (écologie, défense des demandeurs d'emploi, aide à l'intégration des étrangers). Je circule en ville à vélo ou à pied. Géographe de profession, je suis passionné de voyages et de jardinage. J'ai créé ce blog en 2011.
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