La CFDT ne donnera pas officiellement de consigne de vote pour les Présidentielles (du moins au 1er tour). C'est la moindre des choses si on veut respecter l'indépendance syndicale.
La Confédération fait une exception - qui n'est pas nécessairement critiquable - en dénonçant le Front National et en appelant à ne pas voter pour Marine Le Pen.
Cependant, des signes montrent pour qui balance le coeur de la CFDT.
Il suffit, tout d'abord, de rappeler que, depuis les "Assises du Socialisme" de 1974, la CFDT est liée au Parti Socialiste. Certes, pendant plusieurs années, il a encore été possible à un militant syndical adhérent d'un autre parti d'obtenir des responsabilités importantes dans l'organisation. C'est ainsi qu'on trouvait des militants du PSU, des Verts et, même du PCF, à la tête de syndicats, d'Unions locales voire départementales et même de Fédération (l'une des plus emblématiques fut dirigée par un militant PCF jusqu'au début des années 1980). C'est fini : comme me l'expliquait une personne de ma famille qui dirigea une Union Départementale, il est devenu impossible d'avoir une responsabilité de ce niveau sans être membre ou sympathisant du PS.
Cette année, la CFDT est devant un cruel dilemme car 2 candidats pourraient lui plaire. En toute logique, ce devrait être Benoît Hamon, candidat officiel du PS, mais celui-ci a été opposé à la loi El Khomri que la CFDT a soutenue. Par contre, Macron, bien que n'étant pas le candidat socialiste, a les faveurs de nombreux socialistes et a l'avantage d'avoir soutenu la dite "loi Travail". Comme, par ailleurs, Nicole Notat, la très droitière ancienne dirigeante de la CFDT, soutient Macron, on peut deviner ce que vont voter les "notables" de la Confédération sans toutefois le proclamer.
Curieusement, la CFDT n'étrille pas Fillon malgré son programme ultra-réactionnaire. Peut-être que la négociation en coulisse avec des collaborateurs du candidat LR aura permis d'obtenir quelques garanties.
Par contre, haro sur le Mélenchon ! Prenant prétexte d'une déclaration d'un sous-fifre du candidat, Laurent Berger a employé le mot "totalitaire" au sujet de "l'Insoumis". Bref, il le met quasiment dans le même sac que Le Pen. C'est ce que l'on appelle avoir le sens de la nuance. Cette violente attaque peut s'expliquer par la peur que nombre d'adhérents ne soient pas attirés par les mêmes sirènes que le direction. On attend avec intérêt les réactions internes.