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25 avril 2017 2 25 /04 /avril /2017 17:18

     Les grands "vainqueurs" de ce premier tour, ce sont les sondages. Sachant que la marge d'erreur est d'environ 1,5 points en plus ou en moins, il était évident, a posteriori, que 4 candidats pouvaient se qualifier comme cela fut annoncé dans les toutes dernières semaines. On constate que les pronostics réalisés par les instituts de sondage les plus sérieux se sont révélés très proches du résultat hormis la sous-estimation de Dupont-Aignan et la surestimation de Hamon. Seule erreur de diagnostic : il y a eu moins d'abstentions que prévu alors même que la refonte des cartes électorales a accru le nombre de non votants.

 

     L'autre vainqueur est, sans conteste, Macron qui, s'il ne fait pas l'idiot en croyant que c'est gagné, sera le plus jeune Président de la République (juste devant Louis Napoléon Bonaparte qui n'est pas un exemple encourageant car il a abattu la République pour devenir Empereur). Non seulement il vire en tête mais c'et son parcours qui est stupéfiant. N'ayant jamais été élu et n'ayant pas un profil populaire, il a fait son trou sur la base de "l'extrême centre". Ce que Bayrou avait tenté en 2007, il le réalise (avec, d'ailleurs, le soutien de Bayrou). Il est vrai qu'il a été fortement aidé par 3 éléments : 

          - L'espace béant que lui ont laissé Fillon et Hamon

          - La volonté de nombreux électeurs de barrer la route à Le Pen

          - Le soutien des médias

 

     Mais qui est Macron ? Un nouveau Justin Trudeau ou Barack Obama ? Un nouveau Giscard ? Un nouveau Blair ? Ou bien un nouveau Poher ? Sans doute un peu de tout cela. Il est trop tôt pour le dire mais, dans une certaine mesure, il est la revanche de Hollande dont il a été, faut-il le rappeler, un collaborateur et un ministre. 

 

     Une certitude : le vote Macron est un vote urbain. Quasiment l'exact décalque du vote le Pen (voir http://gerard.fretelliere.over-blog.com/2017/04/les-resultats-a-sable.html) et c'est un vote de l'individualisme. 

 

     Le Pen est qualifiée. Elle aurait donc pu être éliminée ce que j'avais pensé au vu des résultats des cantonales partielles. Certes, elle progresse encore en voix mais le FN recule par rapport aux élections départementales et régionales.

 

     Une carte parue dans "le Monde" montre une immense tache noire qui semble recouvrir toute la partie nord et est de la France ainsi que le littoral du Languedoc Roussillon et la vallée de la Garonne avec comme exception principale la Région Parisienne. Cela signifie que ses points forts se situent dans la région méditerranéenne et dans la moitié de la France qui était autrefois la plus industrialisée. Cependant, il s'agit d'une sorte d'illusion d'optique car le vote pour le FN est nettement moins urbain que les autres (au centre de Paris, ses scores sont groupusculaires et, de plus, en baisse) ; beaucoup de communes ont mis le FN en première place mais leur poids démographique est dérisoire par rapport aux grandes agglomérations où elle est distancée souvent nettement. 

 

     Fillon est battu. J'ai été très souvent interrogé par la presse à son sujet. Juste quelques remarques. A commencer par le fait que si les "affaires" lui ont sans doute coûté la qualification, il n'en reste pas moins que son positionnement très droitier et ses nombreuses bévues expliquent qu'il soit nettement en dessous du score de Sarkozy et des premières prévisions. Parti grandissime favori, il a été attaqué de toute part et n'a pas su surmonter les obstacles ou identifier les dangers (Macron et Dupont-Aignan). Si la droite classique veut survivre, elle ne devra faire aucune concession au FN qui veut sa mort. 

 

     Mélenchon, a contrario, a réalisé la meilleure campagne. En fin de parcours, il est apparu comme "le vote utile à gauche". Je ne reviendrai pas sur ses choix stratégiques et organisationnels qui ont pu lui coûter la qualification (voir mes articles à ce sujet). Je note seulement que les raisons du succès et de l'échec au pied du podium de Mélenchon sont tous les deux  à chercher en lui-même. 

 

     Si on analyse les résultats, on constate que Mélenchon, comme Macron mais dans une moindre mesure, a un électorat urbain et banlieusard (plus de 47% à Gennevilliers) voire péri-urbain. Cependant, il fait un malheur dans des zones rurales isolées comme les Cévennes et la Haute Ariège. En fait, il récupère l'électorat PCF parti vers le PS et une partie significative de l'électorat socialiste. Par contre, il ne grignote l'électorat FN que de façon marginale comme le montre son incapacité à prendre le dessus sur Le Pen dans les anciens bassins miniers du Nord et de l'Est. 

 

     Signalons pour mémoire les progrès sensibles de Dupont-Aignan qui frôle les 5% et a probablement servi d'exutoire à un électorat Fillon déçu. 

 

     Le score de Hamon est calamiteux. Cependant, il ne touche pas le fond comme Defferre en 1969 (en partie parce que si Macron obtient quasiment le même résultat que Poher, Mélenchon est en dessous de celui de Duclos au même moment). Le candidat PS a eu le courage de relever le gant mais il n'était manifestement pas prêt ; non seulement pour encaisser toutes les trahisons mais, également, pour convaincre (ses interventions à la télé ont été fort médiocres alors même que son programme était intéressant). 

 

     Pour mémoire, je signalerai que le score des frères ennemis du trotskysme est encore plus mauvais que celui de 2012. Leur choix est simple : ou bien s'intégrer dans la dynamique Mélenchon ; ou bien fusionner pour éviter le ridicule; ou bien disparaître. 

 

     Les commentateurs ont glosé sur le total catastrophique obtenu par ce qu'ils appellent "les partis de gouvernement" (LR + UDI et PS + PRG + EELV). C'est un fait majeur car l'addition Hamon + Fillon est de 26,5% très, très loin de 2012 ou 2007 etc... Je ne pense pas que cet effondrement sera durable. On constatera sans doute un rebond aux législatives. Il n'empêche que ces 2 piliers de la Vème sont fort fissurés.

 

     Un militant de gauche ne peut se réjouir des résultats car le total des 4 candidats tourne autour de 27%. le pire score jamais enregistré. Certains argueront du fait que nombre de socialistes ont rejoint Macron. Certes mais peut-on dire de ce dernier qu'il est un homme de gauche alors qu'il se situe au centre (centre gauche en étant généreux). Alors que la droite + extrême droite se situe à 47%. Donc : pas de triomphalisme.

 

     On est frappé par la ressemblance, à gauche, avec les résultats de 1969 : le PCF à plus de 21% ; le total Defferre - Rocard à 9% ; le candidat trotskyste à 1%. On remarque cependant que le total dépasse les 31% donc est meilleur qu'en 2017. Mais la similitude ne s'arrête pas là car il y avait le candidat centriste, Poher, à plus de 23% grâce à un vote socialiste massif en sa faveur (nuance : Poher était un notable vieillissant alors que Macron est jeune à tous points de vue). La différence majeure par rapport à 1969 se situe à droite : Pompidou obtenait près de 45% des voix à lui tout seul. On mesure le recul de la droite "classique" qui se trouve 20 points en-dessous. Car la droite, qui à l'époque gaullo-pompidolienne avait su rassembler un électorat populaire, l'a laissé filer vers le FN. Chirac en 1995 et Sarkozy en 2007 ont pu capter une partie de ces électeurs. Fillon a totalement échoué se repliant sur les personnes âgées et les conservateurs. 

 

     La Vème République est morte le 23 avril. Espérons que le dernier coup ne sera pas porté par Le Pen. Ce serait terrible ! Cependant, même si comparaison n'est pas raison, on est frappé de la ressemblance avec la IVème République. Elle était doublement attaquée : d'une part par le gaullisme du RPF et par le Parti Communiste. La solution fut la "3ème force" : alliance instable entre les socialistes en perte de vitesse constante, les radicaux connaissant le même sort, la droite non gaulliste et, enfin, le MRP, parti catholique où l'aile gauche fut rapidement marginalisée. Faut-il rappeler que Bayrou est issu du Centre Démocrate, dernier avatar du MRP. Revanche posthume ?

 

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  • : Le blog de Gérard FRETELLIERE
  • : Sabolien depuis plus de 40 ans. Conseiller municipal d'opposition de 1989 à 2008 puis de nouveau de 2016 à 2020. Ancien responsable syndical. Militant associatif (écologie, défense des demandeurs d'emploi, aide à l'intégration des étrangers). Je circule en ville à vélo ou à pied. Géographe de profession, je suis passionné de voyages et de jardinage. J'ai créé ce blog en 2011.
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