Sablé : la fin du "miracle"

     Article écrit pour un journal militant sarthois "Gauche Progressiste" 

Beaucoup de nos lecteurs ont sans doute participé à une des manifestations qui ont eu lieu à Sablé, depuis quelques mois.

Notre camarade Gérard Frétellière a été élu conseiller municipal d'opposition à Sablé en 1989. Après avoir été très actif dans la constitution de la liste de gauche en 2001, il a été réélu en compagnie de deux socialistes et d'un communiste. Depuis deux ans, beaucoup de choses ont changé dans la ville. Gérard fait le point sur ces "tournants.

François Fillon n'est plus maire de Sablé. Il était touché par la loi contre le cumul des mandats. Il a utilisé une faille de la législation pour se faire élire conseiller municipal à Solesmes puis Président de la Communauté de Communes, ce qui lui a permis de conserver la réalité du pouvoir au niveau local. Pour le remplacer à Sablé, il a choisi Pierre Touchard, un ancien adjoint. Celui ci, sous ses airs patelins à la Raffarin, applique une stricte politique de droite. La capacité de dialogue et le sens de l'humour ne sont pas ses qualités premières.

L'intercommunalité se renforce. François Fillon a fait adopter, en 2002, par la communauté de commune (ex-district) un “Plan stratégique” qui propose un très important transfert de compétences aux dépens des communes. Or, le conseil de la communauté de communes n'est pas élu directement par les habitants mais est composé de délégués de chacune des communes qui en font partie ; elle n'est pas non plus représentative des tendances politiques car la gauche sabolienne n' a qu'un représentant. Dans le même temps, se mettait en place le "Pays Vallée de la Sarthe", dont les membres sont désignées par les communautés de communes, donc de façon encore moins démocratique. Ce "Pays" va avoir de plus en plus de pouvoirs. Le président est ...François Fillon. Les décisions essentielles s'éloignent donc de plus en plus du citoyen et le "notable" local se constitue un "fief".

Plusieurs entreprises ont été ou sont en difficulté. Mauvaise gestion, difficultés de la sous-traitance ou de l'électronique, crises cycliques dans certaines branches de l'agroalimentaire, logique de multinationale ou volonté de certains actionnaires de faire le maximum de bénéfices en se délocalisant... Quelles que soient les explications, le résultat ce sont des licenciements depuis un an et des menaces sur l'emploi dans d'autres entreprises. Les syndicats ont réagi ; une manifestation a eu lieu en février 2003. Je suis intervenu à plusieurs reprises au conseil municipal. L'adjoint chargé des affaires économiques prétend que pour un emploi perdu un autre se crée. Pour moi, les salariés ne sont pas des pions ; il faut, quand même, prendre en compte la détresse de personnes qui étaient dans ces entreprises depuis de longues années et à qui on ne propose ensuite que des emplois moins payés ou moins qualifiés.

Les finances de la ville vont mal. Dans les années 80, le maire nous proposait de "raser gratis". Plein de travaux étaient annoncés, des dépenses somptuaires étaient engagées (des trottoirs pavés sur des kilomètres !) sans qu'il y ait de hausse des taux d'imposition. Tout ceci, soit-disant, grâce au "miracle économique sabolien". Résultat : la ville a beaucoup emprunté sans constituer d'épargne suffisante. L'endettement a augmenté au-delà du raisonnable jusqu'au début des années 90, ce qui a réduit les marges de manœuvre. Il a suffi que les règles concernant la taxe professionnelle changent récemment pour que les ressources baissent. Conséquence : en 2002 et 2003, les taux d'imposition ont augmenté à Sablé (soit une augmentation de 4,5% cette année). La situation aurait pu être pire mais la nouvelle piscine, qui coûtera, au minimum, 6 Millions d’euros, sera financée par l’intercommunalité, dont les impôts augmentent également.

Cela ne suffira pas encore ; il faudra faire des “économies” ; bref : se serrer la ceinture. Par exemple : les crédits consacrés aux subventions, aux fournitures scolaires ou aux classes transplantées n'augmentent pas ce qui signifie qu'en tenant compte de l'inflation, ils baissent en valeur réelle. Pas beaucoup de nouveaux investissements en prévision. Quant à la déviation ou à la rénovation des équipements culturels, ils attendront que la ville ait reconstitué son épargne. Et le maire de préciser que c’est un “tournant” par rapport à la période précédente ; avec le prédécesseur en question, Sablé aurait-elle vécu au-dessus de ses moyens ? L'austérité est au programme pour longtemps. Ce sont les Saboliens qui feront les frais de cette mauvaise politique.

.

Gérard FRÉTELLIÈRE

Conseiller Municipal de Sablé

Important : pour juger sur pièces et connaître les interventions de l'élu progressiste, ne vous contentez pas de la lecture de la presse. Consultez le compte-rendu du conseil municipal sur le site Internet de la ville de Sablé : www.sable-sur -sarthe.com.