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18 mars 2019 1 18 /03 /mars /2019 22:26

     Véronique Jacquier, journaliste, est venue récemment à Sablé pour dédicacer son livre "L'homme qui ne voulait pas être président" consacré à François Fillon.

 

     Ce n'est pas le premier livre consacré à l'ancien Maire de Sablé. Ce sera sans doute le dernier car, depuis son échec, le châtelain de Beaucé a quitté la politique et n'intéresse donc plus la presse. Mme Jacquier suit donc les traces d'auteurs (Christine Kelly, Fabienne Ausserre, Mathieu Goar...) qui pensaient avoir tout compris sur le personnage. Précisons tout de suite que je laisse de côté les livres écrits à charge par d'anciens collaborateurs quelques temps après la défaite qui sont dans la même veine mais dont les auteurs ont l'avantage d'avoir côtoyé quotidiennement le personnage. On se demande, d'ailleurs, quel était l'intérêt pour l'éditorialiste varoise d'écrire ce livre après les enquêtes parues à la télévision et dans la presse (voir http://gerard.fretelliere.over-blog.com/2018/02/retour-sur-l-echec-de-francois-fillon.html et http://gerard.fretelliere.over-blog.com/2019/02/sarkozy-fillon-match-nul.html). Cela sent le réchauffé à moins que certains ne craignent un retour du Sarthois pour "sauver la droite". 

 

     Elle explique aux journalistes qui l'interrogent qu'elle a été "fillonniste" et qu'elle appréciait son programme. Mais, manifestement, d'après tout ce dont on a pu entendre parler, il ne s'agit pas, dans son livre, de livrer une analyse politique approfondie. Ce qui aurait pu combler un vide tant on réduit souvent la ligne politique de Fillon à la caricature du bourgeois catholique conservateur (voir : http://gerard.fretelliere.over-blog.com/2016/11/catholiques-integristes-fillonnistes.html) alors que l'ancien Premier Ministre campait, surtout, lors de la campagne présidentielle, sur une ligne ultra réactionnaire qui lui aliénait une partie de la droite et le centre (voir :  http://gerard.fretelliere.over-blog.com/2016/09/fillon-a-droite-toute.html). Ce dont Macron a profité. Je pense, d'ailleurs, que s'il n'y avait pas eu les révélations sur les emplois de son épouse, il aurait été au second tour mais qu'il n'aurait, sans doute pas gagné contre le jeune loup qui a servi Hollande.

 

     Je n'ai pas lu le livre et je ne compte pas me ruiner pour une production qui ne semble pas présenter beaucoup d'intérêt car fondée principalement sur des anecdotes. J'aurais sans doute peut-être eu un avis différent si l'oeuvre avait été rédigée par une personne connaissant bien la Sarthe et qui avait suivi le parcours politique de l'ancien Premier Ministre pendant des décennies. Ce qui n'est pas le cas de Mme Jacquier pas plus que celui des autres journalistes cités. 

 

     Dans "Challenges" du 20 janvier 2019, on trouve cet extrait sidérant qui disqualifie les propos ultérieurs (et la compétence de l'auteur de l'article) : Autre anecdote ferroviaire révélatrice des pratiques de "l'ancien monde": en 2007, François Fillon fait détourner la ligne à grande vitesse des Pays de la Loire pour qu'elle passe par son fief de Sablé-sur-Sarthe, contre toute logique financière. "En octobre 2007, il signe le décret qui déclare la LGV Bretagne-Pays de la Loire projet d'utilité publique. La LGV s'arrêtera à Sablé-sur-Sarthe moyennant une virgule de trois kilomètres six cents à 36 millions d'euros. La ville de 12.000 habitants devient une gare de transit interrégionale. La liaison a été inaugurée le 2 juillet 2017." . C'est moi qui souligne. Je veux bien admettre (à regret) que l'autrice et le journaliste des "Challenges" ne lisent pas mon blog ; ils auraient tout compris (voir http://gerard.fretelliere.over-blog.com/article-virgule-de-sable-les-points-sur-les-i-86135754.html). En effet, les TGV desservent Sablé depuis 1989 et non depuis 2017. La nouvelle LGV sert surtout la Bretagne. Et si la ligne fait un coude vers Sablé, c'est parce que la SNCF en a profité pour faire gagner 8 minutes à la desserte de Nantes, Angers et...Sablé. Donc elle a fait, ainsi, des économies. Quant à la virgule, elle a été suggérée par la FNAUT et non pas imposée par l'ancien Maire. Par contre, il est vrai que notre gare devient un carrefour et on ne peut que s'en féliciter.

 

     On trouve également une allusion aux W.E. sarthois coûteux du Premier Ministre Fillon. Le problème n'étant pas, comme on le croit, que le titulaire du poste prenne l'hélicoptère, l'avion et la voiture pour se rendre dans sa maison de campagne. Car il n'a pas le choix sinon il se serait comporté comme il le faisait quand il était simple ministre : il prenait le T.G.V. (je l'ai vu à plusieurs reprises avant le train de 19 h). Mais c'est impossible pour des questions de sécurité. Ce qui est critiquable est qu'il aille en Sarthe quasiment toutes les fin de semaine.

 

     Comme tant d'autres, Mme Jacquier - selon les articles parus au sujet de son livre - insiste sur le rapport particulier de Fillon à l'argent. Qui ne semble "particulier" que parce que le candidat avait tenté de se présenter comme un homme irréprochable, sans casseroles et modeste ; à la différence de ses adversaires. On sait ce qu'il en était. Qu'il profite de ses amis ou de ses fonctions pour se payer des vacances de luxe, rien d'original : on peut penser à Chirac (toujours logé aux frais d'un milliardaire libanais) ou à Sarkozy (parti aux vacances aux E.U. sans rien débourser) et d'autres qui profitent des "châteaux" de la République. Les "grands" de ce monde (et pas seulement les hommes politiques) pensent que tout leur est dû sans avoir à rien payer. Et, comme le candidat malheureux, sont même radins si on en croit une anecdote (mais il se dit que Mitterrand n'avait jamais d'argent pour régler les notes).

 

     Ce qui surprend également est l'idée que l'ancien candidat n'aurait fait de la politique que pour gagner de l'argent. Alors que c'est plutôt l'inverse : c'est un homme qui n'a pas eu d'autre métier jusqu'à l'été 2017 et  qui, somme toute, était un bon professionnel. Cependant, il s'est vite rendu compte que la politique ne lui permettait pas de satisfaire ses goûts de luxe. D'où ... Chacun sait la suite.    

 

     Par contre, l'auteur touche juste en décrivant le caractère secret, "misanthrope" de Fillon. Elle le décrit comme fuyant les journalistes ce qui n'est pas faux mais peut-être souhaitait-il se donner de la hauteur bien qu'il ait sacrifié à une émission assez "people" avec l'animatrice de "L'amour est dans le pré". De toute façon, à Sablé, on ne le rencontrait jamais circuler à pied dans les rues comme si il voulait garder une certaine distance. 

 

     Fallait-il déballer les rumeurs sur la vie privée de François Fillon ? Apparemment, une certaine presse de caniveau s'apprêtait à dévoiler des photos "compromettantes". Comme elles n'ont pas été publiées, quel intérêt d'en parler si ce n'est pour ajouter les détails "croustillants" nécessaires pour réussir un "bon" livre de révélations. Je trouve cela déplorable ; que cela touche Fillon, Hollande ou d'autres. Même si les imbéciles disent "on ne doit rien cacher". Mais si ! Justement.

 

     Quand il était jeune, Fillon ne pensait certainement pas qu'il serait un jour candidat à l'élection présidentielle avec de fortes chances de gagner. D'ailleurs, il ne songeait pas spécialement à la politique. C'est la politique qui l'a rattrapé en la personne de Joël Le Theule. Celui-ci qui fut, en son temps, le benjamin de l'Assemblée Nationale, semblait promis à un brillant avenir du fait de son travail et de ses qualités d'homme d'État. Malheureusement, il disparut à 50 ans. Fillon fut choisi, très jeune, pour représenter une sorte de réincarnation du défunt Maire de Sablé. Contrairement à ce que pensent les journalistes "parisiens", il connaissait ses dossiers. Certes, il ne marchait pas dans sa ville (comme le fit Jarry) et n'était pas "un gars de chez nous" comme l'était "Joël" mais il avait du flair et savait saisir les occasions. Il grimpa marche par marche les escaliers du pouvoir et se persuada qu'il n'était pas le plus mauvais ; au contraire. Il alla même plus loin que son mentor en devenant Premier Ministre. Cependant, il était assez seul dans ce milieu qui s'apparente parfois au "milieu". Il était souvent méprisé et il le rendait bien. A une exception près : Philippe Séguin, son second modèle qui, lui aussi, ne put atteindre le pouvoir suprême. Il y a donc, sans doute, dans ses ambitions une forme de revanche et d'hommage posthume à ces deux hommes.

   

     Terminons par le titre. On ne trouvera personne à Sablé pour imaginer que l'ancien maire ne voulait pas être Président de la République. Mme Jacquier, dans un entretien avec "Les Nouvelles" du 14 mars 2019, nuance son propos : il n'aurait pas été prêt à tout pour gagner. Ce qui est vrai en partie. Effectivement, il a fait preuve, encore une fois, d'amateurisme (voir : http://gerard.fretelliere.over-blog.com/article-amateurisme-125003785.html) voire de dilettantisme. Mais c'est parce qu'il était trop sûr de lui. Sarkozy fut dans le même cas. Et, d'ailleurs, tous les hauts dirigeants ont tendance à perdre le sens des réalités. Macron en fait une nouvelle démonstration. Raison de plus pour supprimer l'élection du Président de la République au suffrage universel et à réduire ses pouvoirs au même niveau que ceux de la reine d'Angleterre. 

 

     Pour en savoir plus, tapez "Fillon" sur le moteur de recherches de mon blog et vous pourrez lire des dizaines et des dizaines d'articles de grande qualité consacrés au personnage. Et tout cela gratuitement.

 

     

 

     

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  • : Le blog de Gérard FRETELLIERE
  • : Sabolien depuis plus de 40 ans. Conseiller municipal d'opposition de 1989 à 2008 puis de nouveau de 2016 à 2020. Ancien responsable syndical. Militant associatif (écologie, défense des demandeurs d'emploi, aide à l'intégration des étrangers). Je circule en ville à vélo ou à pied. Géographe de profession, je suis passionné de voyages et de jardinage. J'ai créé ce blog en 2011.
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