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31 juillet 2017 1 31 /07 /juillet /2017 21:21

     J'avais visité quelques pays communistes avant 1989 : Cuba, la Roumanie, le Vietnam, la Chine + une incursion en Tchécoslovaquie. J'ai découvert, un nombre assez important d'ex pays communistes depuis la chute du "Mur de Berlin", entre 1991 et 2014 : Allemagne de l'Est, Tchéquie (et une incursion en Slovaquie), Hongrie, Pologne, Slovénie et Croatie. Ce qui permet d'acquérir une assez grande variété d'expériences concernant ce système et son évolution sur une période de plus de 40 ans. Mais je ne connaissais pas encore le pays où le communisme avait été instauré si on exclut une escale à l'aéroport de Moscou. Juste la vue depuis un train finlandais, à environ 500 mètres, d'un poste frontière soviétique et, donc, le fameux "rideau de fer", muraille apparemment absurde puisque sa fonction n'était pas de bloquer les "invasions" mais d'empêcher ses habitants de quitter le "paradis sur terre". 

 

     Cette année, j'ai comblé cette lacune en me rendant dans 2 pays nés de l'éclatement de l'URSS : des pays "baltes". 

 

     Que sont les pays dits baltes ? Il y en a 3 : le premier par ordre alphabétique est également le plus petit, le moins peuplé et le plus au nord  et ainsi de suite par ordre croissant et en allant vers le sud. Il s'agit donc de l'Estonie, de la Lettonie et de la Lituanie.

     Ces pays on de nombreux points communs : ils sont peu étendus et peu peuplés, ils se situent en bordure de la mer Baltique, ils ont appartenu à l'Empire Russe pendant environ 1 siècle et demi ; ils ont été indépendants entre les 2 guerres, ils ont été annexés par l'URSS au début de la seconde avant d'être occupés par les Allemands jusqu'en 1944, ils ont retrouvé leur indépendance au moment de l'éclatement de l'URSS, ils font partie de l'Union Européenne, de l'OTAN et de la zone euro. 

     Il y a, cependant, des différences notables. La plus visible concerne la langue : alors que le letton et le lituanien sont des langues dites baltes, branche des langues indo-européennes (comme le français, l'allemand, le russe, l'iranien ou l'hindi), l'estonien est une langue totalement différente, proche du finlandais et du same (ou lapon) de la famille des langues finno-ougriennes. Par ailleurs, si ces 3 pays ont été évangélisés très tardivement, ils l'ont été de façon différente : la Lituanie a adopté le catholicisme et s'est alliée à la Pologne pour former pendant des siècles l'un des États les plus puissants d'Europe ; les deux autres n'ont pas eu d'existence propre avant le XXème et ont longtemps subi la domination allemande, suédoise voire danoise ce qui se traduit par maints signes dont la prédominance de la religion luthérienne. Une dernière différence concerne la place des russophones  : ils sont fort nombreux en Lettonie et Estonie ; nettement moins en Lituanie. Ceci dit, pour un esprit non averti, il est souvent difficile de distinguer les russophones des autres même quand ils parlent car les langues baltes sont assez proches des langues slaves.

Découverte de l'ex-URSS
La carte est en anglais mais elle est plus précise.

La carte est en anglais mais elle est plus précise.

     J'ai donc passé 8 jours en Lituanie et en Lettonie : d'abord de Vilnius à Riga (en passant par Kaunas, la "colline des croix", Siauliai, Klaipeda, la péninsule de Neringa, puis toute la côte : Palanga, Liepaja, Kuldiga, Ventspils, Kolka, Jurmala) ensuite un aller-retour Riga - Cesis en passant par Sigulda pour finir par rentrer à Vilnius en passant par les châteaux lettons (Mezotne, Rundale, Bauska) et l'ancienne capitale lituanienne de Kernavé. Nous ne sommes pas allés en Estonie : d'une part parce l'un d'entre nous connaissait déjà Tallinn ; d'autre part, parce que nous ne voulions pas "bâcler" le voyage par de trop longues étapes. Parcours effectué en voiture. Les routes principales sont de bonne qualité (sauf exceptions) mais le réseau secondaire (surtout en Lettonie) est quasi exclusivement constitué de routes non asphaltées. Les rues et places des villes sont également assez correctes à condition de ne pas trop s'éloigner des axes principaux.

Le poste frontière a été transformé en café puis abandonné.

Le poste frontière a été transformé en café puis abandonné.

Découverte de l'ex-URSS

     Première impression : des paysages monotones car l'essentiel des 2 pays visités est constitué de bas plateaux. L'est est plus vallonné mais nous n'y avons fait qu'une incursion d'une journée en visitant la vallée de la Gauja en Lettonie. Le patrimoine architectural est sans commune mesure avec celui de la France ou de l'italie ; les côtes sont constituées de dunes ou de petites falaises sans grand intérêt. On trouve quelques stations balnéaires assez chics attirant une clientèle locale ou venant des pays voisins : Jurmala, Palanga, Nida.

 

     La population est assez peu dense : 45 habitants au km2 en Lituanie, 31 en Lettonie. Comme la population est très urbanisée, la densité rurale est inférieure à 20 en Lituanie et à peine supérieure à 10 en Lettonie. Ce qui donne une impression de "vide" qui surprend un habitant des Pays de la Loire. Cette faible densité s'explique par divers facteurs géographiques : un climat continental avec des hivers froids, des sols assez pauvres (ce qui explique l'importance des forêts) mais, également, par des raisons historiques et économiques. 

 

   La première occupation soviétique fut courte (juin 1940 - juin 1941) mais brutale. Dès l'installation du régime soviétique, une part significative de la population a été persécutée (déportations, exécutions, spoliations...) sous les prétextes les plus divers. 

     Dès juin 1941, les Allemands occupent ces pays et y exterminent les juifs particulièrement nombreux en Lituanie et en moins grand nombre en Lettonie et Estonie. Des Baltes participant activement aux massacres et aux déportations alors que d'autres s'engageaient dans des unités de "partisans". 

     La reconquête soviétique fut tout aussi brutale : massacre des "Germano-baltes" qui n'avaient pas pu quitter ces pays à temps, nouvelle épuration, expulsion de nombreux Polonais... Les combats ravagent ces pays. 

          Les pays baltes vont perdre encore des habitants : nouvelles persécutions, nouvelles fuites, combats contre les guerillas qui dureront jusqu'à la mort de Staline. De façon significative, l'immeuble hébergeant autrefois le KGB a été transformé en musée censé relater les horreurs de l'occupation (je n'ai pas visité) ; ce qui surprend plus  est que ce lieu est dénommé "musée du génocide" (ce terme, en France, a une autre connotation). 

     De 1940 à 1953, la Lituanie aurait perdu 30% de sa population d'avant-guerre. 

     Pour "compenser" ce déficit démographique, les Soviétiques vont envoyer des centaines de milliers de russophones s'installer dans ces pays (surtout en Lettonie et Estonie). 

     Depuis le retour de l'indépendance, en 1991, une partie des russophones est partie et on assiste, également à des migrations économiques. En particulier les Lituaniens qui partent vers les pays scandinaves. Ajoutés à une natalité faible, tous ces phénomènes entraînent une crise démographique.

 

     Aujourd'hui, la présence juive est réduite à sa plus simple expression : Dans des villes comme Kaunas/Kovno ou Vilnius/Wilno (la "Jérusalem de l'est"), les Juifs représentaient, à la fin du XIXème, au moins le quart de la population avec leurs lieux de culte, leurs lieux culturels ou sociaux ; il ne reste qu'une synagogue à Vilnius (en travaux), une seule à Kaunas et une seule à Riga. On trouve également quelques musées ou une clinique juive (à Riga). Et c'est à peu près tout !

 

     La présence polonaise dans la région de Vilnius (il y a cent ans, ils représentaient 50% de la population de la ville et une forte minorité dans la région) est peu perceptible pour un non initié si ce n'est par les plaques en l'honneur d'Adomas Mickievicius alias Adam Mickiewicz, grand poète polonais qui vécut à Vilnius (il était né dans la Biélorussie actuelle et mourut à Istamboul)

 

     L'influence allemande se remarque dans l'architecture des maisons anciennes encore debout ou reconstruites (comme à Riga et, dans une moindre mesure à Klaipeda (ex Memel qui fut allemande du XIIIème au XXème), Ventspils... On rencontre fréquemment des châteaux germaniques en Lettonie et la langue lettone utilise des mots allemands (ex : ja pour dire oui comme en allemand et en slovène) voire des inscriptions anciennes en allemand comme à Juodkrante (ex Schwartzort) mais les seuls Allemands rencontrés sont des touristes.     

     

 

Cathédrale luthérienne de Riga (ville fondée en 1201 par un évêque allemand)

Cathédrale luthérienne de Riga (ville fondée en 1201 par un évêque allemand)

Au coeur de la vieille ville de Riga, maisons de style très germanique.

Au coeur de la vieille ville de Riga, maisons de style très germanique.

     L'influence soviétique, par contre, est assez nette même si je n'ai pas d'élément de comparaison. On trouve ça et là des traces de kolkhozes mais il faut un oeil exercé. Plus facile : les ruines des "complexes industriels" devenus obsolètes. Et impossible de manquer ce monument soviétique typique à Riga. 

Quasi réplique du Palais de la Culture de Varsovie

Quasi réplique du Palais de la Culture de Varsovie

      Ce qui m'a le plus frappé, c'est l'urbanisme soviétique. Sauf exceptions (Vilnius, Kaunas et, en grande partie, Riga), les centre villes historiques font peine à voir. En effet, on y trouve quelques bâtiments anciens, parfois en ruine, parfois restaurés, et beaucoup de terrains vagues quelquefois transformés en parcs comme si l'on avait laissé ces quartiers à l'abandon pendant 70 ans sans même effacer les ravages de la guerre. Inversement, les Soviétiques ont construit des villes nouvelles au tracé géométrique avec de grandes avenues bordées d'immeubles sans âme dont beaucoup sont très dégradés. Cette déliquescence de zones anciennes se remarque de façon hallucinante dans le "faubourg de Moscou" à Riga. Les seuls autres lieux où j'ai déjà observé ce phénomène sont Palerme et, un peu, Catane.

Tout le quartier est à l'avenant. Remarquer la taille des arbres qui ont poussé à la place des ruines.

Tout le quartier est à l'avenant. Remarquer la taille des arbres qui ont poussé à la place des ruines.

     Par contre, les transports en commun sont assez développés. Si les liaisons ferroviaires laissent à désirer, il y a un arrêt de bus dans chaque hameau (y compris le long des autoroutes) ; dans les grandes villes, on trouve des tramways

Liepaja (Lettonie) un jour férié.

Liepaja (Lettonie) un jour férié.

     Quant à la personnalité propre de ces pays, on la découvre par l'usage unique de la langue nationale dans tout le pays  (y compris à Riga où les russophones sont majoritaires), par l'excellent état des lieux de culte voire l'affirmation de la foi (réaction classique après des persécutions religieuses surtout contre les catholiques), par l'importance des maisons en bois (y compris en plein centre ville) et par un style de vie assez paisible (sauf sur les routes !). Voire par le caractère "païen" de la fête du 24 juin.

La "colline des croix" en Lituanie

La "colline des croix" en Lituanie

A Riga, à 1 km du centre.

A Riga, à 1 km du centre.

A Klaipeda.

A Klaipeda.

       Aperçu subjectif et un peu court mais pas trop inexact, j'espère.

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  • : Le blog de Gérard FRETELLIERE
  • : Sabolien depuis plus de 40 ans. Conseiller municipal d'opposition de 1989 à 2008 puis de nouveau de 2016 à 2020. Ancien responsable syndical. Militant associatif (écologie, défense des demandeurs d'emploi, aide à l'intégration des étrangers). Je circule en ville à vélo ou à pied. Géographe de profession, je suis passionné de voyages et de jardinage. J'ai créé ce blog en 2011.
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