Knivskjellodden

     Littéralement : "pointe du couteau" (mais il s'agit du coquillage  et non de l'outil contendant ; néanmoins, une vue aérienne montre une forte ressemblance de cette pointe avec le couteau de chasseur). C'est le point le plus septentrional d'Europe si on ne tient pas compte du Svalbard (archipel norvégien situé à plusieurs centaines de kilomètres du nord de la Norvège). 

La balise qui précise que ce point est le plus septentrional d'Europe.

     Alors que les touristes se précipitent vers le Cap Nord (environ 30 euros par personne pour y rentrer en voiture !) où il n'y a quasiment rien à voir si ce n'est la hauteur de la falaise (307 m. ce qui est pas mal mais moins haut que le Cap Ouest  - "Vestkapp - où nous étions rendus l'an dernier : 497 m.) ou bien le soleil de minuit quand le cap n'est pas pris dans la brume - ce qui était le cas le jour où nous nous trouvions à l'extrême nord de l'Europe - nous avons donc décidé d'aller 1611m. plus au nord. 

On voit le cap Nord au fond et on n'a pas vraiment l'impression d'être beaucoup plus au nord ! Il est vrai que cette pointe est quasiment au niveau de la mer.

Une autre vue du Cap Nord, depuis le sentier, quelques kilomètres avant l'arrivée à la pointe.

     Mais pourquoi si peu de touristes vont-ils au Knivskjellodden ? Tout simplement parce qu'il n'y a pas de route pour s'y rendre. Seulement un sentier de quasiment 9 km (soit 18 A.R.) si on dépasse un peu la borne et que l'on va jusqu'à un petit phare. 

cf : http://ut.no/tur/2.1783/ (la présentation de l'itinéraire dans une traduction française hasardeuse !)

     Ceci dit, le sentier est bien balisé par des T rouges et des cairns et il est assez marchand. Il n'est même pas utile d'utiliser des bottes comme le conseille le site norvégien mais, par contre, il faut de bonnes chaussures de marche et des vêtements chauds car la température n'est pas caniculaire (+6° ce jour-là !) et quand le vent souffle, ça doit "décoiffer". On met un peu plus de temps au retour car il faut racheter 300 m. de dénivellation.

     Et pour marquer le coup, non seulement, nous avons demandé à d'autres randonneurs de réaliser une photo de famille mais nous avons, également, rempli le carnet qui se trouve, dans une sorte de boîte aux lettres, au bout de toute randonnée et sur lequel tout un chacun inscrit son nom (il n'y a rien à gagner !)

Pas un arbre à l'horizon : c'est la toundra herbacée parsemée de ci de là de quelques fleurs que l'on trouve aussi dans les Alpes à haute altitude.

En cours de route, on surplombe un petit lac au-dessus duquel s'accroche un névé (à un peu plus de 300 m. d'altitude)

     Magnifique balade que l'on peut faire 24 heures sur 24 en été (du moins jusqu'au 30 juillet). La preuve : nous sommes rentrés à 22h30 et, malgré le brouillard, on trouvait encore facilement le chemin grâce aux cairns. 

     Puisque nous parlons de "plus septentrional d'Europe", nous avons dormi dans le village qui peut se targuer de ce qualificatif : Skarsvåg. Village de pêcheurs, peuplé d'environ 250 habitants, doté des équipements d'un village banal : une école, une église, un restaurant, un motel et des campings. 

     L'été, des Sames (nom officiel des Lapons) migrent, avec leurs rennes, depuis la région de Karasjok (environ 200 km. plus au sud, dans la Laponie forestière) jusqu'aux bords de mer. Ce dimanche, la messe en l'église luthérienne du village était destinée aux Sames (avec des chants en same). Il y avait surtout des femmes dans leur tenue traditionnelle très colorée. 

Les rennes paissent en liberté. On peut les voir au-dessus du village voire dans les rues de celui-ci.

     De l'autre côté de la pointe qui protège le village, on a une vue différente du Cap Nord. 

En avant du cap, on voit la corne ("Horn") qui a donné son nom à la baie (Hornvika) à partir de laquelle on peut escalader le Cap Nord

    J'étais déjà allé sur l'île du Cap Nord en 1980 en me rendant jusqu'au fameux cap. Cette année, j'ai découvert une autre facette de ce lieu mythique d'une sauvage beauté. 

     Autre différence : J'étais arrivé, le matin, en bateau, au port de Honningsvåg (la petite ville au sud de l'île) en ayant quitté Tromsø la veille au soir par l'Express Côtier ("Hurtigruten") et , au retour, j'avais quitté l'île de Magerøya en ferry pour retrouver le continent à Kåfjord. Cette fois-ci, l'aller-retour vers l'île fut fait en voiture en empruntant deux tunnels : le premier, long d'environ 7 km. (inauguré en 1999) plongeant jusqu'à 270 m. sous le détroit ; le second (environ 4km.) avant d'arriver à Honningsvåg. Heureuse surprise : les tunnels ayant été amortis sont désormais gratuits.